MURET Marc-Antoine
MURET Marc-Antoine. Humaniste français. Né le 12 avril 1526 à Muret (Haute-Vienne); mort à Rome, le 14 juin 1585. Fils d’un jurisconsulte, Muret semble s’être formé tout seul au contact des écrits de l'Antiquité. Toujours est-il qu’à dix-neuf ans (1545), il enseignait déjà en province, à Auch, à Villeneuve-d’Agen, à Poitiers, puis au collège de Guyenne, à Bordeaux (1547), où il eut pour élève Michel de Montaigne alors âgé de quatorze ans. Appelé à Paris, le jeune et déjà célèbre professeur fit des cours au collège de Coqueret où il eut pour auditeurs Joachim Du Bellay et Pierre de Ronsard qui étaient d’ailleurs ses aînés, ainsi que Jean-Antoine de Baïf, et devint en 1551 régent du collège de Boncourt; là il compta au nombre de ses élèves Rémy Belleau, Jean de La Péruse, Etienne Jodelle, Jean de La Taille, Jacques Grévin et Vauquelin de La Fresnaye. Très lié avec Jean Dorât, Muret exerça sur ce petit groupe qu’il initiait à la connaissance de la poésie grecque et surtout celle d’Horace et des Latins, une fécondante influence. II avait publié, en 1553, un petit recueil de poésies légères et sensuelles, les Juvenilia, recueil qui contient également une tragédie latine Julius Caesar, laquelle n’a pas laissé que d’avoir de l’influence sur le théâtre de Jodelle et de Grévin. La même année, il donnait un commentaire sur les Amours de Ronsard qui parut en tête de la seconde édition de cette œuvre — Commentaire sur les « Amours » de Ronsard. Malheureusement, une accusation, probablement fondée, de pratiquer également les mœurs des anciens Grecs mit fin à une si brillante carrière. Chassé de Paris (fin de 1553), puis, pour la même raison de Toulouse (1554), Muret gagna l’Italie et s’installa à Venise, où il professa les humanités et se ha avec les humanistes italiens et l’imprimeur fameux Paul Manuce. C’est chez lui qu’il publia en quatre ans des éditions annotées de Catulle (1554), d’Horace et de Térence (1555), des Catilinaires de Cicéron (1557), de Tibulle et de Properce (1558). Ces ouvrages se ressentent de la hâte avec laquelle ils ont été composés. Au début de 1559, Muret fut appelé à Ferrare par le cardinal Hippolyte II d’Este qui fit de lui son secrétaire et le fit nommer en 1563 professeur de philosophie morale à l’Université de Rome, où il devait enseigner jusqu’en 1584. Là, il choisit comme matière de son enseignement l'Ethique à Nicomaque d’Aristote sur laquelle il publia un intéressant commentaire, ainsi que sur la Rhétorique du même auteur, puis les Pandectes de Justinien. En 1572, Muret reçut du pape le titre envié de citoyen romain et en 1576 entra dans les ordres. C’était alors un personnage considérable. Ses leçons sur les œuvres de Cicéron — il devait publier des commentaires sur le De Finibus et le De Officiis —, sur la République de Platon, sur Sénèque, sur la Politique d’Aristote ainsi que sur les historiens latins étaient fort courues. Poète apprécié, il fit paraître en latin un poème en l’honneur de Notre-Dame de Lorette (1572) et un livre d’hymnes (1575). Il était traité avec déférence par tout ce que la Ville éternelle contenait d’humanistes en résidence ou de passage. On sait qu’il reçut en 1581 la visite de son ancien élève Montaigne. En 1584, Muret se retira; il mourut l’année suivante, laissant ses biens à un neveu qu’il avait fait venir à Rome pour s’y occuper lui-même de son éducation et à qui il dédia en 1578 un plan d’études, l'Institutio puerilis. Outre les très nombreux commentaires dont nous avons signalé au passage les principaux, Muret laissait des Variae lectiones, publiées à Venise en 1559 mais qui connurent de son vivant plusieurs éditions augmentées, et surtout des Discours [Orationes], œuvres inspirées par les circonstances, les leçons d’ouverture de ses cours et des Epîtres qui sont de loin ce qu’il a laissé de mieux.