Morgan, Lewis H. (1818-1881).
A la différence de McLennan et des autres théoriciens de la même époque, cet homme d’affaires de New York alla visiter les « Sauvages » sur le terrain, les Indiens Iroquois en particulier. En conséquence, il y a à côté de ses théories si ardemment contestées un certain nombre de faits solides qui font défaut aux spéculations de ses contemporains. Ses théories relèvent de l’évolutionnisme du xixe siècle et s’attachent spécialement à reconstituer l’histoire de la famille, du mariage, de la propriété et de l’État à travers les âges et pour l’ensemble de l’humanité. Il popularisa la séquence des trois stades — sauvagerie, barbarie et civilisation — qui sont censés marquer les progrès de l’humanité. A cette fin il s’appuya sur les données de la Grèce antique aussi bien que sur celle des aborigènes australiens dans une entreprise comparatiste de grande envergure. Ce sont Marx et Engels qui, par leur lecture d’Ancient society de Morgan, devaient contribuer d’abord à sa célébrité, le marxisme officiel dans le monde entier et les institutions étatiques en U. R. S. S. faisant ensuite de lui l’un des pères fondateurs de la « science nouvelle ». Pour l’ethnologue, sa gloire repose avant tout sur sa monographie des Iroquois, une des meilleures de son temps, et sur son étude des systèmes de parenté où se déploient une extrême sagacité et une intuition prophétique des principaux problèmes dont allait se saisir plus tard notre discipline.