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Montesquieu: modération et harmonie

Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant en procédant à son étude ordonnée.

Pour règle générale, toutes les fois qu'on verra tout le monde tranquille dans un État qui se donne le nom de république, on peut être assuré que la liberté n'y est pas. Ce qu'on appelle union dans un corps politique, est une chose très équivoque : la vraie est une union d'harmonie, qui fait que toutes les parties, quelque opposées qu'elles nous paraissent, concourent au bien général de la société ; comme des dissonances, dans la musique, concourent à l'accord total. Il peut y avoir de l'union clans un État où on ne croit voir que du trouble ; c'est-à-dire une harmonie d'où résulte le bonheur, qui seul est la vraie paix. Il en est comme des parties de cet univers, éternellement liées par l'action des unes, et la réaction des autres. Mais, dans l'accord du despotisme (...), c'est-à-dire de tout gouvernement qui n'est pas modéré, il y a toujours une division réelle. Le laboureur, l'homme de guerre, le négociant, le magistrat, le noble, ne sont joints que parce que les uns oppriment les autres sans résistance : et, si l'on y voit de l'union, ce ne sont pas des citoyens qui sont unis, mais des corps morts ensevelis les uns après les autres. MONTESQUIEU.

Parties du programme abordées : — L'État. — La justice. — Le bonheur. — La liberté.

Analyse du sujet : La liberté ne réside pas dans la tranquillité apparente de l'État qui est souvent le masque cachant la mort sociale des citoyens. Elle consiste au contraire dans la conciliation des mouvements divers qui animent le corps politique.

Conseils pratiques : Ce texte est très clair et repose sur une opposition entre l'accord illusoire qui règne dans les despotismes (mais qui masque la désagrégation du corps social) et l'union véritable conçue comme harmonie conciliatrice. Il faudra éviter d'introduire artificiellement toutes ses connaissances sur Montesquieu.

Bibliographie :

Difficulté du sujet : **

Nature du sujet : Classique.




♦ « Sa conversation était légère, agréable et instructive, par le grand nombre d’hommes et de peuples qu’il avait connus; elle était coupée comme son style, pleine de sel et de saillies, sans amertume et sans satire. » D’Alembert. ♦ « Un génie mâle et rapide. » Voltaire. ♦ « Ses vertus ont fait honneur à la nature humaine, et ses écrits à la législation. » Lord Chesterfield. ♦ « Vous composez avec le préjugé comme un jeune homme, entrant dans le monde, en use avec les vieilles femmes qui ont encore des prétentions, et auprès desquelles il ne veut qu’être poli et paraître bien élevé. Mais aussi ne les flattez-vous pas trop ? » Helvétius. ♦ « Fait pour diriger l’opinion publique, non pour s’y asservir, il attaqua les ridicules à la mode et les préjugés destructeurs... Montesquieu respecta toujours les opinions qui assurent le repos de la société, et n’attaqua jamais que les préjugés funestes. Mais pour en purger la terre, il ne prit point le ton dogmatique d’un réformateur; il eut recours à cette satire délicate, dont les atteintes, pour être moins violentes, n’en sont que plus sûres. C’est ainsi qu’il ébranla les auteurs de la superstition. » Marat. ♦ «Montesquieu reste le maître préféré des esprits réfléchis, qui ont, comme lui-même, le goût de la modération joint au goût du progrès; l’amour du bien public et l’aversion de toute injustice, même particulière; la haine des abus et le respect des droits acquis; l’horreur du désordre et la passion de la liberté. » Petit de Julleville. ♦ «Montesquieu n’écrit pas pour nous, qu’il ne prévoyait pas si primitifs. Il aime l’éllipse, et, dans nombre de ses maximes, il calcule sa phrase, la renoue finement à elle-même, il prévoit des esprits un peu plus déliés que les nôtres; il leur offre les plaisirs de l’intelligence élégante et leur prête ce qu’il leur faut pour en jouir. » Paul Valéry.

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