MONTAIGNE (Michel Eyquem, seigneur de)
MONTAIGNE (Michel Eyquem, seigneur de). Écrivain français (1533-1592), auteur des célèbres Essais, dans lesquels il se décrit, s’analyse, recherchant en même temps les propriétés, attitudes, conduites de l'humaine nature. Il a souligné l’insuffisance du dogmatisme («Que sais-je ?» est sa formule chère) ; ses idées pédagogiques sont opposées à celles de Rabelais, mais on réduit souvent sa théorie que «tête bien faite» vaut mieux que «tête bien pleine» à une simple critique de l’acquisition des connaissances, oubliant l’immense culture de Montaigne, intégrée avec art à ses Essais (en réalité, il condamne un savoir «livresque», mal compris, rabâché inintelligemment). Il fut conseiller au Parlement de Bordeaux et maire de cette ville ; voyagea en Allemagne et en Italie.
Écrivain français né au château de Montaigne (Dordogne) en 1533, mort à Bordeaux en 1592, Michel Eyquem de Montaigne est pourvu d'une charge de magistrat au parlement de Bordeaux, où il se lie d'amitié avec Étienne de La Boétie. La mort de La Boétie (1563) et celle de son père (1568) le déterminent à quitter ses fonctions. Après un long voyage en Allemagne, en Suisse et en Italie (1580-1581), il se retire sur ses terres pour y compléter des réflexions commencées dès 1572, ses futurs Essais. Jusqu'à sa mort, il ne cesse d'enrichir cet ouvrage où, se peignant lui-même, il peint l'humanité car « chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition ». Observateur des contradictions humaines, il aboutit à un scepticisme qui est resté attaché à son nom. Sa tolérance lui vaut la condamnation de ses œuvres par le Saint-Siège. Ses dernières aimées sont troublées par les guerres de Religion : il tente en vain de se faire le médiateur entre les deux partis mais ne s'attire que leur vindicte. Maire de Bordeaux de 1581 à 1585, Charles IX l'élève au rang de chevalier de l'ordre de Saint-Michel.
Écrivain et humaniste français. La philosophie est, selon lui, l'art de se connaître pour apprendre à « bien vivre » et « bien mourir ».
♦ Dans ses Essais (publiés de 1580 à 1588), son objet est de se peindre lui-même : « Le monde regarde toujours vis-à-vis ; moi je renverse ma vue au-dedans... Je me roule en moi-même. » Or, comme le remarquera notamment Voltaire, en se peignant, il peint la nature humaine et ses contradictions, en particulier dans le domaine du savoir. D'où une attitude sceptique, qui prendra l'allure d'un réquisitoire dans le Livre II (Apologie de Raymond Sebond), mais qui n'a d’autre but que de lutter contre les dogmatismes en prêchant la tolérance. La faiblesse de l'homme, due en particulier aux illusions produites par les sens, l'imagination ou les passions, l'incite à adopter un scepticisme tempéré, traditionnellement résumé dans la question : « Que sais-je ? » Sa sagesse, dont il emprunte les éléments à l’humanisme grec (sa méditation s'appuie le plus souvent sur un jeu de citations extraites des textes antiques), consiste à suivre les conseils de la nature pour « savoir jouir loyalement de soi-même », en choisissant d’une part des plaisirs modérés (épicurisme) et d'autre part en sachant supporter la souffrance et la mort (stoïcisme). Conforme à la nature sera également l'éducation qu'il préconise, une éducation qui, au lieu de viser l'acquisition de la science pour elle-même, doit s'occuper de former le jugement (en particulier moral - ce qui vaudra à Montaigne d'être classé par Kant au rang des partisans de l’hétéronomie) et de fortifier le corps, selon un schéma qui sera partiellement repris par Rousseau.
♦ Jugé sévèrement par ceux (comme Pascal) qui se font de l'homme une conception plus tragique, Montaigne sera en revanche le maître des rationalistes qui, des Encyclopédistes aux « humanistes » du XXe siècle, louent en lui le symbole de la libre réflexion.
MONTAIGNE, Michel Eyquem de (château de Montaigne, auj. commune de Saint-Michel-de-Montaigne, 1533-id., 1592). Écrivain français. Auteur des Essais, rédigés alors que la France était ravagée par les guerres de Religion, Montaigne élabora, avec une grande indépendance, une morale faite de sagesse prudente, inspirée par la tolérance et le bon sens. Très controversé au XVIIe siècle notamment par Pascal et Malebranche, il suscita l'admiration de Voltaire et de Diderot. Conseiller à la Cour des aides de Périgueux, puis au parlement de Bordeaux où il se lia d'amitié avec Étienne de La Boétie, Montaigne vendit sa charge (1570) pour se consacrer à la rédaction des Essais dont la première édition parut en 1580 mais qui fut enrichie jusqu'à sa mort. Parallèlement à son activité d'écrivain, Montaigne fut un homme politique. Élu maire de Bordeaux (1581-1585), il parvint à protéger la ville des ravages provoqués par les guerres de Religion en écartant les armées de la Ligue catholique, tenta en vain de rapprocher le futur Henri IV du gouverneur de Guyenne rallié à Henri III et il accompagna ce dernier, obligé de s'enfuir de Paris après la journée des Barricades (1588), dans sa retraite de Chartres puis de Rouen.