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MONNIER Henri Bonaventure

MONNIER Henri Bonaventure. Écrivain et peintre français. Né à Paris le 6 juin 1799 (et non le 8 juin 1805, comme le prétendait l’humoriste, dans l’intention de se rajeunir), mort dans cette ville le 3 janvier 1877. Fils d’un employé de ministère, il fit des études assez bâclées et, dès l’âge de seize ans, entra dans une étude de notaire. Il n’y resta guère, car sa belle écriture lui valut un emploi de surnuméraire au ministère de la Justice; le temps qu’il passa au service de l’État fut d’ailleurs loin d’être perdu pour lui, puisque son expérience de fonctionnaire lui inspira un de ses premiers albums de lithographies coloriées, Les Mœurs administratives (lo28). Monnier, en effet, après avoir fréquenté les ateliers de Gros et de Girodet, démissionna du ministère et fit ses débuts artistiques en peignant des vignettes pour des libraires. Son illustration des Chansons de Béranger attira l’attention sur lui et il eut alors la sagesse de comprendre que son naturel sarcastique le disposait au dessin satirique mieux qu’à la grande peinture. En 1829 parut un nouvel album, sur Les Grisettes, et, la même année, avec un vaudeville intitulé Les Mendiants, Monnier faisait ses premières armes d’auteur dramatique sur la scène des Variétés. Il ne suffisait d’ailleurs pas à ce passionné de théâtre d’écrire des pièces, il voulait aussi être comédien et, le 5 juillet 1831, il montait sur les planches du Vaudeville. Dès lors, il interpréta lui-même la plupart de ses œuvres dramatiques, presque toutes écrites en collaboration, et dont la meilleure est sans nul doute Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme (1853). Mais, à cette époque, le personnage de M. Prudhomme, illustration immortelle du bourgeois solennel et satisfait de l’ère romantique, existait depuis déjà plus de vingt ans : il avait fait sa première apparition dans les Scènes populaires dessinées à la plume (1830). Les Mémoires de Monsieur Joseph Prudhomme lui donneront, en 1857, sa figure définitive. Avec cette création, Henri Monnier prenait une place de premier rang dans la longue lignée, très française, de la satire bourgeoise qui va de Furetière et de Boileau à Flaubert, au Léon Bloy de l'Exégèse des lieux communs et, dans notre époque, à Marcel Aymé. Monnier a d’ailleurs complété son tableau flegmatique et, au fond, particulièrement amer de la bourgeoisie de son temps par de nombreux autres volumes: Scènes de la ville et de la campagne (1841), Physiologie des bourgeois (texte et dessins, 1841), La Religion des imbéciles, nouvelles scènes populaires (1862), Paris et la province (186o), etc. Comme peintre, son activité a été également considérable, puisqu’on ne lui doit pas moins de sept cents lithographies coloriées, certaines recueillies en albums : Les Quartiers de Paris, Les Boutiques de Paris, Le Voyage en diligence, etc. Ajoutons qu’Henri Monnier a été mis en scène par Balzac, dans Les Employés ou la femme supérieure (1837), sous le nom de Bixiou.


♦ « C’est une des originalités les plus tranchées de ce temps; il a poursuivi et atteint dans Part la vérité absolue... Ce n’est plus de la comédie, c’est de la sténographie. » Théophile Gautier. ♦ « Comédien, il était exact et froid; écrivain, vétilleux; artiste, il avait trouvé moyen de faire du chic d’après nature... Il n’a jamais connu le grand art... Monnier, c’est la froideur, la limpidité du miroir, d’un miroir qui ne pense pas et qui se contente de réfléchir les passants. » Baudelaire.