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Moderato cantabile Marguerite DURAS, 1958, Éditions de Minuit

• Ce bref roman est caractéristique des thèmes et de la technique de Marguerite Duras. • Comme tous les vendredis, Anne Desbaresdes conduit son fils chez son professeur de piano, près du port. L'enfant peine sur sa partition, et la leçon s'écoule dans l'ennui quand un cri de femme retentit. En repartant, Anne Desbaresdes apprend qu'on a tué quelqu'un, et, dans l'arrière-salle d'un café, elle aperçoit, étendue par terre, une femme ensanglantée qu'un homme étreint. Obsédée par cette image, elle revient dans ce café le lendemain pour en savoir plus ; elle boit plusieurs verres de vin, interroge un homme. On parle d'un crime passionnel. La voilà ivre, et l'inconnu prononce son nom : Vous êtes Madame Desbaresdes. La femme du directeur d'Import-Export et des Fonderies de la Côte. Lui-même s'appelle Chauvin et se trouve être un ouvrier licencié par son mari. Il lui promet de s'informer sur l'affaire. Alors, au mépris des convenances, elle revient chaque soir, attirée par cette humble morte qui a vécu une grande passion ; elle parle de son propre ennui, elle boit trop de vin, et surtout elle écoute Chauvin décrire ou inventer l'histoire de cet amour qui s'est terminé par un assassinat. Ce qui se passe entre eux semble devoir finir de la même façon, mais lors d'une dernière rencontre, après un baiser, ils décident de ne plus se revoir : On va donc s'en tenir là où nous sommes, dit Chauvin. Il ajoute : Ça doit arriver parfois. • Qu'a voulu montrer l'auteur? Sans doute que l'existence est vide, que la communication entre les êtres est impossible, qu'ils cherchent vainement l'amour. Mais toute son application consiste à réduire son récit à des notations dépouillées faisant une large place aux dialogues, sans aucun des commentaires de l'analyse psychologique traditionnelle.

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