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MITHRIDATE

MITHRIDATE Nom porté par les rois de Pont, en Asie Mineure. Le plus connu d'entre eux fut Mithridate VI, Eupator (132-63 avant J. C.) qui prit la tête d'un soulèvement et menaça l'hégémonie de Rome. D'un naturel méfiant, ce potentat s'était habitué aux poisons en en absorbant des doses infimes tous les jours (d'où l'expression: «se mithridatiser»). Il réussit si bien son expérience, que trahi par son fils Pharnace, et voulant se donner la mort, il ne put s'empoisonner et dut demander à un soldat de le tuer.

Mithridate Ier Arsace V, dit le Grand ; roi de Parthie [v. 171-138 av. J.-C.].

Lorsque Antiochos III de Syrie tente, avec sa grande expédition de conquêtes en Iran, de restaurer l’éclat de la puissance séleucide, le jeune royaume parthe (voir à Arsace) reconnaît sa souveraineté. Peu après, cependant, le roi M., véritable fondateur de la puissance parthe, rompt dès son avènement (170) le lien de vassalité imposé par Antiochos III. Puis, après que la défaite (190) infligée par les Romains à Antiochos eut favorisé la naissance de petits Etats indépendants en Iran, il s’empare de parties importantes de l’ancien Empire séleucide sans que l’on puisse établir une chronologie assurée. Entre 160 et 140 environ, il prend à l’ouest les provinces de la Médie (148 ?), de l’Elam, de la Perside, de la Babylonie et de l’Assyrie. À l’est, avec l’aide des Saka (Scythes d’Asie centrale) qui arrivent, chassés du Turkestan chinois, il occupe des parties du royaume qu’Eucratidès avait conquis sur Démétrios II, à l’exception de la Bactriane elle-même, où règne le fils d’Eucratidès. L’Iran presque entier est désormais parthe : M. prend alors le titre achéménide de Grand-Roi des Rois. Il peut alors se tourner vers l’ouest : début 141 des documents sont dotés de son nom en Babylonie ; l’Empire parthe a donc débordé du plateau iranien et mordu sur le bas pays. Devant cette invasion parthe, les populations font appel au Séleucide Démétrios II dont la contre-offensive commence brillamment. Mais en 140/139, M. fait prisonnier Démétrios II à qui il donne une résidence en Hyrcanie, et dont il fait son gendre, gardant ainsi la possibilité de le faire réapparaître si un autre Séleucide envahissait son royaume. Peu après (139/138), M. meurt. La tradition (très pauvre, importance des sources chinoises) le représente comme un souverain courageux, compétent et populaire. Il laisse derrière lui un royaume qui égale par son extension celui des Achéménides, sans toutefois dépasser de beaucoup à l’ouest le Tigre. Ce royaume sera consolidé, fixé dans ses frontières et organisé sur le plan intérieur (organisation de type « féodal ») par Mithridate II Arsace VIII (123-88 ?), neveu du roi. Après de graves crises provoquées par les attaques des Saka à l’est, qui s’installent en Arachosie, mais qu’il réussit à contenir, Mithridate II non seulement restaure l’autorité parthe sur les régions occidentales de son empire mais entreprend des conquêtes: en 113, les Parthes sont à Doura-Europos et bientôt toute la Mésopotamie est devenue parthe ; en 97 (?) le roi d’Arménie devient leur vassal, et c’est comme client que Tigrane est installé sur le trône d’Arménie en 95. Mais son indépendance d’esprit provoqua les premiers contacts entre Parthes et Romains (entrevue -en 92 - de Sylla et d’un ambassadeur parthe) pour contrer l'Arménien. Sous ses successeurs, les deux fronts de cette Parthie, en passe de devenir Empire universel, seront menacés par deux dangers : à l’est, surgiront les peuples de cavaliers touranes, à l’ouest Rome, le nouvel adversaire. L’importance de ce pays réside dans son rôle de médiateur et de protecteur : il apporte à l’Occident les biens culturels et les matières premières de l’Orient et de la Chine. Et par la lutte de ses rois contre les peuples nomades d’Asie, il constitue pendant des siècles une sorte de bouclier de l’Occident. Gardien de l’héritage perse et hellénistique, il finira par être transformé une dernière fois en une civilisation iranienne tout à fait originale avec l’empire des Sassanides.

Bibliographie : E. Will, Histoire politique du monde hellénistique, t. II, Nancy, 1982.

Mithridate VI Eupatôr (v. 132-63 av. J.-C.) ; roi du Pont.

Les débuts de cet héritier du trône du royaume du Pont (région située sur la côte sud-est de la mer Noire qui, après les luttes des diadoques de la première moitié du IIIe siècle, devient royaume autonome) sont presque légendaires. Ayant douze ans à la mort de son père (120), ne supportant pas de partager le pouvoir avec sa mère et son frère, M. aurait fui la cour et mené - pendant sept ans - une vie sauvage dans les montagnes. Il en revient, les assassine tous deux : son règne personnel commence alors (v. 112). Aussitôt, profitant d’un appel à l’aide des Grecs de Crimée, il annexe les riches territoires (blé, argent, réserve de soldats) autour de la Crimée (« Royaumes du Chersonèse et du Bosphore »), dont Panticapée devient le chef-lieu et où il est salué comme le libérateur de la pression exercée par les nomades des steppes. Puis il se tourne vers l’est, le long des côtes de la mer Noire, s’empare de la Petite Arménie et de la Colchide, organisant la première comme un réduit stratégique. Ainsi M. a-t-il formé les bases économiques et stratégiques d’une grande politique en Asie Mineure, politique qui se heurtera aux ambitions romaines dont les provinces d’Asie (Pergame) et de Cilicie constituent le point d’appui et les rois clients, les leviers. C’est d’ailleurs parce que M. fit expulser le roi de Bithynie et celui de Cappadoce pour mettre à leur place des hommes à lui que la rupture intervient (89-88). Rome a deux armées, celle d’Asie et de Cilicie et une flotte à Byzance. Mithridate dispose d’une supériorité numérique écrasante mais si son réseau d’alliances (Tigrane, roi d’Arménie, est son gendre) demeure théorique, il bénéficie du soutien des populations des pays sous domination romaine. Dans un premier temps, M. l’emporta sur mer et sur terre : toute l’Anatolie occidentale tombe en son pouvoir, les cités l’accueillent en libérateur ; M. s’installe à Éphèse. C’est de là qu’il ordonne le massacre, minutieusement organisé, des Romains résidant en Asie : 80 000, selon la tradition, sont égorgés en une nuit (88) ; le butin est immense : M. dispense l’Asie d’impôts pour cinq ans. Fin 88, M. envahit la Macédoine, pousse en Thessalie ; sa flotte s’empare des îles (sauf Rhodes) et massacre les Italiens à Délos ; en Grèce, les cités se rallient à lui, rétablissent la « démocratie » (Athènes) et s’insurgent contre Rome. Laquelle réagit lentement, en 87 seulement, avec Sylla. Grâce à son talent et à son sang-froid, ce dernier réussit (87-84) à rétablir la situation initiale : la première guerre de Mithridate, sanglante, atroce, marquée de ruines (Athènes), de destructions, de règlements de comptes, compliquée encore par la guerre civile romaine, se termine donc sur le statu quo de 89, à la paix de Dardanos (août 85), paix bâclée, non ratifiée par le Sénat. La remise en ordre de l’Asie par Rome est brutale ; M., pour sa part, n’évacue pas totalement la Cappadoce. Aussi le gouverneur d’Asie, L. Licinius Murena, viole la paix (83), effectue un raid en territoire pontique, raid qu’il renouvelle deux fois, provoquant une riposte de M. En 81, Sylla intervient et arrange une paix : M. restitue la Cappadoce (deuxième guerre contre M.) et se tourne alors contre les peuples du Caucase. Enfin en 74, le testament de Nicomède III de Bithynie qui lègue son royaume à Rome déclenche la troisième guerre (74-62) : M. se déclare pour le fils du défunt, envahit Bithynie et Cappadoce et renforce ses alliances qui embrassent la Méditerranée entière, de Sertorius à Tigrane. Cette guerre aurait conduit, grâce aux brillantes victoires de Lucullus sur le roi (à Cyzique, 73 ; à Cabira, 74) et sur Tigrane d’Arménie (à Tigranocerte, 69 ; sur l’Arsanios, 68), à anéantir la puissance du Pont, si, au cours des luttes pour le pouvoir à l’intérieur de Rome, Lucullus n’avait pas été privé de son commandement, avant d’être remplacé en 66 par Pompée. Cerné près de l’actuelle Karahissar, battu dans la même région, M. s’enfuit au pied du Caucase (66-65) tandis que Tigrane s’humilie devant Pompée et capitule. Malgré la perte de toute l’Asie Mineure, M. essaie, avec une énergie non entamée par l’âge, d’organiser la résistance à partir de la Crimée où il s’est réfugié et d’où il échafaude de nouveaux plans tels que pousser les Barbares du Danube contre l’Italie. Mais il paye alors la cruauté avec laquelle il avait sacrifié la vie de nombreux membres de sa famille. Ecarté en faveur de son fils qui était dévoué à Rome corps et âme, ne pouvant se donner la mort avec du poison (il s’était immunisé), il se fait tuer par l’un de ses gardes dans le château de Panticapée (Kertch). Avec lui disparaît celui que Cicéron qualifia d’ « adversaire le plus acharné de notre empire ». Son vainqueur, Pompée, eut la charge de réorganiser les provinces d’Anatolie.

Bibliographie : T. Reinach, Mithridate Eupatôr, roi du Pont, 1890; E. Will, Histoire politique du monde hellénistique, t. II, Nancy, 1982.




MITHRIDATE (v. 132-63 av. J.-C.). Roi du Pont de 111 à 63 av. J.-C. (nom donné dans l'Antiquité à une région située au nord de l'Asie Mineure bordée par le Pont-Euxin). Il porta le royaume à son apogée et lutta contre la domination romaine en Asie. Mithridate s'engagea d'abord dans une politique de conquêtes puis souleva l'Asie Mineure et les cités grecques contre Rome. Vaincu par Sylla (86 av. J.-C.) puis Pompée (66 av. J.-C.), il tenta vainement de s'empoisonner (il s'était immunisé contre les poisons) et se fit donner la mort par l'un de ses soldats. Le royaume du Pont devint une province romaine.

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