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MIRABEAU, Honoré Riquetti, comte de

Homme politique français, d'une famille de la noblesse provençale. Les désordres et les scandales de sa vie privée firent de lui un exclu et l'empêchèrent de jouer le rôle qui semblait fait pour lui : être le chef de la noblesse libérale qui acceptait les réformes indispensables. Il dut vivre de travaux de plume, devenir un agent secret du gouvernement français dont il trahit d'ailleurs la confiance. En 1789, la noblesse refusant de le choisir comme député aux États généraux, il se fit élire par le tiers état dont il devint vite l'un des chefs grâce à son éloquence, sa lucidité politique et son programme. Il préconisait d'instaurer une monarchie constitutionnelle sur le modèle anglais, où le roi garderait des pouvoirs réels face à une Assemblée législative. À partir de mars 1790, il devint le conseiller secret du roi, qui paya ses dettes et lui versa une pension mensuelle. Mais son influence fut toujours limitée, car il était en butte à l'hostilité de Marie-Antoinette. Sa mort soudaine consterna Paris.

Mirabeau, Honoré Gabriel Riquetti, comte de (château de Bignon, Loiret, 1749-Paris 1791) ; homme politique et orateur français.

Tout, chez M., est démesuré : la puissance de sa voix et de ses passions, son cynisme, ses connaissances, même la laideur de ses traits. De tempérament explosif, sanguin, violent, il sut si bien exploiter ses extraordinaires dons intellectuels qu’il devint l’un des écrivains les plus productifs et l’un des orateurs les plus captivants de son temps. Promu lieutenant de cavalerie à dix-huit ans, il mène dans sa jeunesse une vie fort dissolue, à tel point que son père, un des principaux représentants du mouvement physiocratique, ne peut mettre un terme à ces excès qu’en le faisant emprisonner à plusieurs reprises. Il vient à peine d’être relâché lorsque son Essai sur le despotisme, paru en Suisse en 1774, l’amène de nouveau derrière les barreaux. C’est alors qu’il tombe amoureux de la jeune et charmante épouse du commandant de la forteresse, et qu’il s’enfuit avec elle en Hollande où il tente de vivre de sa plume, tandis que la cour de Besançon le condamne à mort par contumace pour rapt et adultère (1777). Extradé, il est emprisonné au château de Vincennes. C’est là qu’il rédige les célèbres Lettres à Sophie, publiées en 1792, ainsi que le non moins célèbre Essai sur les lettres de cachet et les prisons d’État. Après une captivité de trois ans et demi, il est libéré et la condamnation à mort qui pèse sur lui est levée. Une tentative de réconciliation avec sa femme, une riche héritière épousée en 1770, échoue. Il vit alors en déployant une intense activité de publiciste, dénonçant divers abus. Son besoin de changement l’amène à voyager (Angleterre, Hollande). En 1786, il se rend en Prusse, d’où il ramène les matériaux de son ouvrage Sur la monarchie prussienne sous Frédéric le Grand (1787). Lorsqu’il apprend que les États généraux ont été convoqués, il revient en France, cherche d’abord à se faire élire comme député de la noblesse de Provence, puis, ayant essuyé un échec, il se fait élire député du tiers état à Marseille et à Aix à la suite d’une véritable campagne électorale où il remporte un grand succès populaire. Il déploie à l'Assemblée une activité débordante, s’imposant par son talent oratoire. L’ensemble des discours qu’il y a prononcés ne représente pas moins de cinq gros volumes. Auteur de la célèbre apostrophe du 23 juin 1789 : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes », il expose à travers ses harangues un programme inspiré à la fois de Montesquieu et du système anglais qu’il admire beaucoup, prônant la séparation et l’équilibre des pouvoirs. Ce souci d’équilibre l’amène à défendre aussi bien la notion de souveraineté du peuple que celle de prérogative royale, et il réclame pour le pouvoir exécutif le veto absolu, ce qui lui vaut la méfiance des « patriotes ». Le décret déclarant inconciliables le mandat de député et la fonction de ministre (7 nov. 1789) brise son rêve de pouvoir diriger la Révolution selon ses propres conceptions. À partir de mai 1790, M., qui souhaite amener la réconciliation du roi et de la nation, commence à jouer double jeu : devenu le conseiller secret du roi, il empoche les sommes considérables que lui verse la cour, tout en affichant publiquement des tendances antiroyalistes (par exemple en plaidant pour le remplacement de la bannière à fleurs de lys par le drapeau tricolore). Le 29 janvier 1791, il est élu président de l’Assemblée nationale, alors qu’il est déjà condamné par la maladie. Sa mort le 2 avril provoque une émotion générale. L’Assemblée fait d’abord déposer son corps au Panthéon. Mais quand la Convention découvre les relations qu’il a entretenues avec la cour, ses restes sont transportés dans un petit cimetière de banlieue.

Bibliographie : J.-J. Chevallier, Mirabeau : un grand destin manqué, 1947 ; G. Chaussinand-Nogaret, Mirabeau, 1982.

MIRABEAU, Honoré Gabriel Riqueti, comte de (Le Bignon, 1749-Paris, 1791). Homme politique français. Après une jeunesse orageuse, il devint, lors de la Révolution française, l'orateur le plus brillant des États généraux et de l'Assemblée nationale constituante. Aristocrate acquis aux idées de la Révolution, d'intelligence brillante mais aussi de grande ambition, il fut accusé de trahison pour ses relations privilégiées avec la cour mais sa mort prématurée ne permit pas de démêler l'écheveau de son double jeu. Fils d'un gentilhomme de Provence, économiste, Mirabeau alliait à une nature passionnée une laideur marquante, aggravée par une petite vérole mal soignée. Son père, irrité de ses débauches et de ses dépenses excessives, le fit plusieurs fois emprisonner, notamment au château de Vincennes (1777-1780) après l'enlèvement de la jeune épouse du marquis de Monnier. Il y rédigea les célèbres Lettres à Sophie (publiées en 1792), son Essai sur les lettres de cachet et les prisons d'État (1782) mais aussi un ouvrage licencieux, Erotika Biblion. Acquis aux idées nouvelles, Mirabeau fut élu député du Tiers État d'Aix-en-Provence, la noblesse n'ayant pas voulu de lui. Servi par une éloquence extraordinaire, il s'imposa rapidement et devint l'un des grands porte-parole du Tiers. Il s'imposa notamment le 23 juin 1789 lorsqu'il apostropha le marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies à Versailles, par ces mots devenus célèbres : « Allez dire au roi que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes. » Mirabeau participa à la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (août 1789) et contribua à la nationalisation des biens du clergé mais, partisan d'une monarchie constitutionnelle avec un pouvoir royal fort, il ne put imposer l'adoption du veto absolu pour le roi. Introduit à la cour par son ami le comte de La Marck, Mirabeau - qui avait aussi besoin d'éponger ses dettes - reçut de Louis XVI des subventions pour protéger à la tribune de l'Assemblée les intérêts royaux tout en défendant, à l'occasion, les intérêts de la Révolution. Porté par la droite à la présidence de l'Assemblée, Mirabeau mourut brusquement, gardant presque intacte sa popularité. Son corps, d'abord déposé à l'église Sainte-Geneviève, transformée en Panthéon pour la sépulture des grands hommes, fut ensuite enlevé après les preuves, découvertes dans l'armoire de fer des Tuileries, de ses liaisons avec la famille royale. On a publié ses oeuvres oratoires et la Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck.

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