MINOS, MINOTAURE, MNÉMOSYNE, MONÉTA, MORPHÉE
- MINOS. Fils de Zeus et d’Europe, Minos succéda à Astérion sur le trône de Crète. Dès le commencement de son règne, il s’attira la vengeance et la colère de Poséidon en refusant de lui sacrifier un taureau. Pasiphaé, l’épouse du roi, s’éprit de l’animal et enfanta un monstre, le Minotaure. Minos délaissa cette femme impie et se livra sans retenue à d’innombrables aventures amoureuses; on dit, à ce propos, que pour se venger des infidélités répétées de son mari Pasiphaé jeta un sort sur la couche du roi, d’où sortirent des scorpions et des serpents qui tuèrent toutes les maîtresses de Minos. Son règne fut marqué principalement par l’assassinat d’un de ses fils, Androgée. Afin de ne pas laisser le meurtre impuni, Minos fit la guerre aux Athéniens, et il exigea d'eux un tribut annuel de sept jeunes gens et de sept jeunes filles, qui étaient livrés au Minotaure et dévorés. Thésée réussit à s'introduire dans le Labyrinthe et à tuer le monstre. Puis il enleva Ariane, l'une des filles du roi, qui l'avait aidé dans son entreprise. Dès lors les malheurs accablèrent Minos. Il apprit en effet que Dédale avait sans doute favorisé les amours monstrueuses de Pasiphaé et le fit jeter en prison, mais l'architecte réussit à s'évader. Le roi leva donc une armée et se mit à sa poursuite. Parvenu en Sicile chez le roi Cocalos, il fut jeté traîtreusement dans une bassine d'eau bouillante. Malgré sa tragique existence, Minos passait, dans l'Antiquité, pour un roi sage et un législateur remarquable. On disait aussi qu'il conversait fréquemment avec Zeus dans une grotte sacrée et qu'il tirait de ses dialogues avec le dieu les meilleurs enseignements pour la conduite des affaires de ses États. Aussi, en raison de son esprit d'équité, il siégea aux côtés de son frère Rhadamanthe et d'Eaque au tribunal des Enfers.
- MINOTAURE. Monstre hideux, au corps d'homme et à la tête de taureau, le Minotaure naquit de l'amour irrésistible et contre nature de la reine de Crète Pasiphaé pour un taureau blanc que le roi Minos, son époux, avait refusé de sacrifier à Poséidon. Epouvanté par cette naissance, le roi voulut en cacher la nouvelle à ses sujets, et il fit construire par Dédale un palais aux nombreux couloirs, aux salles enchevêtrées, qui se croisaient sans cesse, et il ordonna qu'on y enfermât le Minotaure. On nourrissait ce monstre de chair humaine, fournie en particulier par le tribut annuel de sept jeunes gens et de sept jeunes filles d'Athènes. Thésée, avec le concours d'Ariane, tua le Minotaure.
- MINYAS. Petit-fils de Poséidon, Minyas émigra de Thessalie en Béotie, où il fonda la cité d'Orchomène et régna sur le peuple des Minyens, dont descendait un certain nombre d'Argonautes. Bientôt, les Minyens étendirent leur domination sur Iolcos, en Thessalie. Minyas était un roi fort riche, l'un des premiers souverains qui aient ordonné la construction d'un «Trésor». Sa postérité est célèbre; ses filles, les Minyades, Alcithoé, Leucippé et Arsippé, refusèrent de se joindre au cortège de Dionysos; irrité, le dieu les frappa de folie, avant de les changer en chauves-souris. Minyas eut de nombreux autres enfants qui furent célèbres : une de ses filles devint la mère de Tityos et une autre, Clyméné, fut l'épouse de Phylacos et la grand-mère de Jason. Quant à son fils Orchoménos, il lui succéda sur le trône de la cité d'Orchomène, riche ville de Béotie.
- MNÉMOSYNE. Fille d’Ouranos et de Gaia, cette Titanide enfanta les neuf Muses, après avoir accueilli Zeus neuf nuits de suite auprès d’elle. Elle est avant tout la personnification de la Mémoire. Les Anciens l’ont représentée sous les traits d’une femme qui tient une de ses oreilles avec sa main droite. MOIRES. Assimilées par les Romains aux Parques, les Moires sont trois sœurs : Clotho, Lachésis et Atropos. Filles de Zeus et de Thémis, voire de la Nuit, elles ne constituaient, primitivement, qu’une seule divinité. Leur apparition dans le culte grec est aussi ancienne que le début de la religion et des mythes. Elles demeurent dans un palais voisin de l’Olympe. Elles veillent au déroulement de la vie de chaque homme. Clotho file, et sa quenouille, qui tourne, symbolise le cours de l’existence. Lachésis dispense le sort réservé à chacun. Quant à Atropos, elle tranche, sans jamais se laisser fléchir, le fil de la vie.
- MOLOSSOS. Après la prise de Troie, Andromaque échut comme captive à Néoptolème et lui donna plusieurs fils, dont Molossos. Ce nouveau-né fut exposé par sa mère, mais bientôt recueilli et reconnu par son père, qui, entre-temps, avait épousé Hermione. Celle-ci, dont le mariage était resté stérile, persécuta Andromaque et Molossos, et elle s’apprêtait même à les égorger sur l’autel de Thétis quand Pélée réussit à les sauver. Thétis ordonna alors à Andromaque et à Molossos de partir pour l’Épire, où Andromaque épousa Hélénos, le roi du pays, auquel succéda, peu après, Molossos, donnant son nom au peuple des Molosses.
- MOMOS. Personnification de la critique et des sarcasmes et inséparable compagnon de Comos, dieu des Festins, Momos était adorée depuis la plus haute Antiquité, puisque 'Hésiode la mentionne et la fait naître de la Nuit. Elle est l’héroïne de plusieurs légendes, dont la plus célèbre la montre raillant l’être humain formé par Vulcain, qui n’avait pas laissé à la poitrine de sa créature une petite ouverture afin qu’on pût y lire ses pensées secrètes.
- MONÉTA. Au moment du partage du monde par les dieux, Junon reçut l’Empire des richesses. Lui attribuant le surnom de Moneta et I ’office de protéger les transactions commerciales, les Romains lui élevèrent un temple où l’on frappait les monnaies. montagnes. Le sommet des hautes montagnes était en général le lieu où demeurait la divinité. Par extension et par assimilation, les Anciens finirent par adorer la montagne elle-même à l'égal d'une divinité. Cette coutume, d’origine sémitique et phénicienne, se développa principalement dans les pays d’Asie Mineure et du Proche-Orient, colonisés par les Grecs. On cite, à ce propos, le mont Argée, en Cappadoce, qui orne les monnaies sous les traits de Zeus el parfois d’Apollon. Dans sa Théogonie, Hésiode cite un certain nombre de montagnes comme des lieux sacrés et divinisés, et, parmi celles-ci, l’Olympe, demeure des dieux, et l’lda, lieu de naissance de Zeus. Ces montagnes furent bientôt personnifiées. Elles devinrent semblables à des déesses ou à des 'nymphes (le mont Taygète), ou à des héros, comme le Cithéron, qui, dans la légende, prend l’apparence d’un roi de Platées. Tel aussi le mont Atlas, le Géant, qui, métamorphosé en pierre, unit le Ciel et la Terre. Enfin, il ne faut pas négliger les montagnes sanctifiées par l’oracle d’un dieu (le mont Parnasse).
- MOPSOS. 1 ° Fils d’Ampyx et de la nymphe Chloris, ce Lapithe, l’un des plus célèbres devins de la mythologie grecque, mit ses dons au service des Argonautes et des chasseurs du sanglier de Calydon. En Libye, il fut piqué par un serpent, né du sang qui avait coulé de la tête tranchée de Méduse; il mourut en quelques instants. Les Argonautes S’enterrèrent avec tous les honneurs funèbres. 2° On connaît un autre Mopsos, fils d’Apollon et de Mantô, la fille de Tirésias. Son père adoptif fut l’Argien Rha-cios. Fondateur de Colophon, Mopsos entra dans cette ville en compétition avec un autre devin, Calchas, de retour de Troie. Par deux fois, Mopsos eut raison de la science de son concurrent, qui, de honte, se tua. Après cette victoire, Mopsos et Amphilocos, qui avait lui aussi des dons de prophétie, fondèrent la ville de Mallos, en Cilicie. Resté un moment seul souverain, Mopsos vit revenir Amphilocos, qui réclama sa part du royaume. Un combat singulier s’engagea entre les deux héros et se termina par la mort de l’un et de l’autre.
- MORPHÉE. L’un des nombreux fils d’Hypnos, Morphée est un dieu ailé qui parcourt sans cesse la Terre et touche les mortels d’une fleur de pavot pour les endormir; de plus, il suscite les songes en prenant l’apparence des êtres humains : c’est à ce titre qu’il intervient dans les légendes, en particulier dans celle d’Alcyoné, à qui il apparaît sous les traits de son époux Céyx, noyé au cours d’un naufrage.
- MORT. Dans les religions des Grecs et des Romains, la mort est rarement personnifiée. Certes, on connaît Perséphone et Hadès, qui règnent sur le territoire des morts; mais ni l’un ni l’autre, malgré leur caractère farouche et implacable, ne s’identifient réellement avec la mort. Même le dieu Thanatos n’est pas celui qui est la mort, mais celui qui donne la mort. En fait, la mort, dans l’esprit des Anciens, est une idée abstraite, le sentiment de l’inconnu. On connaît ses serviteurs, Apollon, Artémis et leurs flèches empoisonnées; mais de la mort même, il n’y a point d’images, point de représentations allégoriques. Le culte si minutieux des morts chez les Grecs et chez les Romains, sous forme d’offrandes, est un hommage nécessaire rendu aux âmes qui ont franchi les limites du connu et qui sont ainsi entrées en communication directe avec les divinités; cependant ce culte n’est pas l’expression d’une vénération craintive envers une divinité qui aurait pour nom la Mort.