MIMÉTISME / MIME / MIMESIS
MIMÉTISME. (du grec "mimeisthai", «imiter »). 1° Capacité qu'ont certaines espèces animales de se confondre avec le milieu environnant, en en imitant les formes ou la couleur. Le mimétisme du caméléon.
2° Tendance humaine à reproduire machinalement (ou sciemment) les gestes, les comportements, le langage d'autrui. Le mimétisme conduit en particulier à imiter le groupe, à rejoindre le troupeau, à suivre les modes, à adopter les idées dominantes, à reproduire ce qui se dit ou ce qui se fait de façon irréfléchie, simplement parce que ça se dit et ça se fait. Cette tendance s'oppose au désir de se singulariser, de se distinguer d'autrui, d'être «soi-même ». On peut noter que les publicités flattent souvent la tendance mimétique pour créer des comportements d'achat collectifs, non sans procurer aux acheteurs potentiels l'illusion de la distinction en leur promettant des produits « personnalisés ».
Sur le plan philosophique, on peut renvoyer à la thèse de l'essayiste contemporain René Girard sur la « rivalité mimétique ». Celui-ci fait de la tendance mimétique une composante essentielle du désir humain : on désire toujours ce que désire autrui. Par exemple, dans le conflit oedipien, R. Girard met en question l'analyse freudienne : ce n'est parce que le père et le fils désirent le même objet (la femme) qu'ils deviennent rivaux, c'est parce que le fils tend à imiter le père (à entrer en rivalité mimétique) qu'il se prend à désirer le même objet (la mère). Sur la pensée complexe de R. Girard, on peut renvoyer à son ouvrage majeur "La Violence et le Sacré".
MIME nom masc. - 1. Acteur dont le jeu consiste exclusivement en gestes et en attitudes sans aucun recours à la parole.
2. Type de spectacle pratiqué par un acteur du style défini ci-dessus.
ETYM. : du grec mimos = « mime » à travers le latin mimus.
L’art du mime remonte à l’Antiquité. En Grèce, puis à Rome, les mimes interprétaient de très courtes pièces où la musique et la danse jouaient un rôle très important et qui, comme dans notre théâtre de boulevard, traitaient, de manière comique et licencieuse, de l’adultère et de la vie familiale.
La tradition se maintint sous des formes variables tout au long du Moyen Âge et connut un véritable renouveau dans l’Italie du XVIe siècle dans le cadre de la commedia dell’arte.
Il y a une tradition française du mime dont le grand représentant est aujourd’hui le mime Marceau et qui se trouve magnifiquement illustrée dans le grand film de Marcel Carné avec Jean-Louis Barrault, Les Enfants du paradis.
MIMESIS nom fém. - Représentation de la réalité par l’art. ÉTYM. : du grec et se rattachant au verbe mimeisthai = « imiter ».
L’idée comme le mot nous viennent de l’œuvre d’Aristote qui affirmait, dans sa Poétique, que la tragédie, et de manière plus générale l’art, représentait le monde réel. Une telle conception si elle reste classique et assez largement acceptée a été au cœur de nombreux et complexes débats théoriques. Elle a notamment été refusée par tous ceux qui pensent que l’art jouit d’une autonomie véritable par rapport à une réalité qu’il ne se contente pas de copier servilement. Pascal souligne le paradoxe de la mimésis, puisque nous admirons l’imitation de choses alors que les choses qui ont servi de modèles nous laisseraient indifférents.
Quand Stendhal parle d’un roman comme d’« un miroir qu’on promène le long du chemin », on peut penser qu’il admet l’idée de l’art comme mimésis. Pourtant, pour lui, comme pour Oscar Wilde, l’art n’est pas figuration, mais transfiguration du réel.
—► Réalisme