Micromégas, histoire philosophique de VOLTAIRE, 1752, Le Livre de poche
Pour cette Histoire philosophique, Voltaire use d'une fiction inspirée à la fois de l'Histoire des états et empires de la Lune de Cyrano de Bergerac (1657), des Entretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle et des Voyages de Gulliver de Swift (1726). Elle lui sert à confronter spirituellement l'homme avec l'infiniment grand, comme fait Pascal (cf. Pensées, XV, Disproportion de l'homme), mais pour en tirer des conclusions bien différentes. Micromégas est un habitant de Sirius, un géant de huit lieues de haut, philosophe en son pays. Banni pour cette raison sous l'accusation d'hérésie, il entreprend un voyage interplanétaire qui lui permet de se lier avec le secrétaire de l'académie des sciences de Saturne (= Fontenelle) et le conduit jusqu'à la Terre avec son nouvel ami. Sur notre globe qui leur parait d'abord inhabité, Micromégas finit par découvrir le bateau de la mission scientifique chargée, en 1737, de mesurer le méridien terrestre. Il entre en conversation avec les petites mites qui s'y trouvent. Impressionné par l'intelligence des hommes qui ont, sur-le-champ, déterminé sa taille, il constate que ces savants, s'ils tombent d'accord dans le domaine des sciences physiques, se querellent dès qu'il s'agit de la nature de l'âme, de la matière ou de l'esprit, c'est-à-dire des problèmes métaphysiques. Pour les éclairer sur le bout des choses, il leur laisse un livre dont les pages se révèlent blanches. La taille de Micromégas et le point de vue de Sirius permettent à Voltaire de nous donner une leçon amusante de relativité et d'ébranler plaisamment notre tendance spontanée à nous enfermer dans l'anthropocentrisme, c'est-à-dire à raisonner sur tout en fonction de l'homme, en expliquant la création par rapport à lui. Il dénonce la métaphysique comme un verbiage dont les philosophes couvrent leur ignorance, mais souligne la dignité et la force que l'homme peut tirer de l'usage de la raison et de l'application de sa pensée aux domaines qui lui sont accessibles. C'est l'acceptation lucide et sereine des limites de la condition humaine.
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