Méthode Kan-Ban
La méthode du Kan-Ban, en matière de gestion de production, constitue l'innovation organisationnelle majeure de la deuxième moitié du siècle. Son inventeur est Ohno, directeur chez Toyota, au Japon. Le principe appliqué est le suivant : le travailleur du poste de travail aval s'alimente en pièces au poste de travail amont quand il en a besoin. Dès lors, le lancement de la fabrication au poste amont ne se fait que pour réalimenter le magasin en pièces vendues. L'extension de l'utilisation des Kan-Ban (« affiches » en japonais) eut des conséquences nombreuses, mais deux essentielles : - la nouvelle méthode a permis de décentraliser au moins une partie des tâches d'ordonnancement ; - elle a permis d'intégrer les tâches de contrôle de la qualité des produits aux tâches de fabrication elles-mêmes. Le Kan-Ban est une révolution dans les techniques d'ordonnancement et d'optimisation du lancement des fabrications. La mise en fabrication se fait de l'aval vers l'amont, en partant des commandes adressées à l'usine et des produits déjà vendus. La méthode établit, parallèlement au déroulement des flux réels de la production, un flux d'information inversé qui va de l'aval vers l'amont. (Le principe du « zéro stock » est concrétisé.) La circulation de l'information est réalisée au moyen de « boîtes » sur lesquelles sont apposées des affiches (kan-ban) où sont inscrites les « commandes ». Rien de technologique n'intervient ici, c'est une innovation organisationnelle. Cette nouvelle méthode met en uvre des principes de dé-spécialisation non seulement du travail ouvrier, mais plus globalement encore du « travail général » d'entreprise, et procède par polyvalence et pluri-spécialisation des opérateurs. Elle est antitaylorienne. Le Kan-Ban contribue à instaurer au sein de l'atelier la constitution d'une fonction générale de fabrication dont la caractéristique centrale est qu'elle réagrège des tâches qui, selon les recommandations tayloriennes, sont soigneusement et systématiquement séparées. On assiste à une réintroduction des tâches de contrôle-qualité au sein des postes de fabrication et à une ré-agrégation des tâches de programmation aux tâches de fabrication.