Méthode (815 ?-884) ; missionnaire des Slaves.

Méthode (815 ?-884) ; missionnaire des Slaves. Des deux frères et compagnons de route Constantin-Cyrille et M., originaires de Thessalonique (Salonique), le premier, de douze ans environ le plus jeune, est la figure intellectuellement dominante, mais le second, l'aîné, pérennise, par une lutte opiniâtre, l'oeuvre de son frère, mort précocement. Après la ruine d'un protecteur haut placé (856), les deux frères se retirent dans un monastère d'Asie Mineure, l'Olympe de Bithynie. Cependant, peu après leur retour d'une mission auprès des Khazars (860-861), une nouvelle tâche leur est dévolue : répondant à une requête du prince de Moravie Ratislav, l'empereur Michel III envoie en Moravie les deux frères qui, du fait de leur origine macédonienne, connaissent les langues slaves, afin d'agrandir la chrétienté. Selon la légende, c'est peu avant leur départ pour la Moravie qu'en l'an 863, Constantin invente une écriture fondée sur l'alphabet grec (plutôt attribuable aux disciples de M.) et rédige les premières traductions des textes religieux dans une langue littéraire, le sla-von, qu'il a élaborée à partir du dialecte macédonien local. Dans leur nouveau champ d'action, les deux frères se trouvent pris dans les forces contraires qui s'exercent sur la scène politique. La demande de Ratislav à l'empereur est motivée par le désir de se gagner un allié contre la coalition conclue entre ses voisins, Francs et Bulgares, et par celui de soustraire son pays à l'influence de l'Église franco-bavaroise qui a initié l'évangélisation ; l'empereur Michel, quant à lui, y voit une occasion de contrarier les efforts de l'Église franque et du pape Nicolas Ier auprès des Bulgares. On peut présumer qu'une fois sur place, les deux frères comprennent vite qu'il est impossible de l'emporter contre les évêques bavarois sans un solide appui de la papauté : dès 866, ils se rendent à Rome. Après la maladie et la mort de Constantin dans un monastère romain (où il est entré en religion sous le nom de Cyrille), M. parvient à un accord avec le pape Hadrien IL Celui-ci approuve la liturgie dans la langue du peuple, pratiquée par les deux frères selon l'usage de l'Église d'Orient, mais qui choque l'Occident latin. En 869, c'est en qualité de légat du pape que M. se fait envoyer en 869 auprès des Slaves du Danube ; il est élevé à la dignité d'archevêque de Pannonie, avec pour centre l'église de Sirmium (Sremska Mitrovica, à l'ouest de Belgrade). Mais il ne peut se rendre en Moravie, en proie aux dissensions intestines, et se voit emprisonner par les évêques bavarois, qui ne jugent pas la présence du légat de Rome plus désirable que jadis celle de l'envoyé de Byzance. Libéré sur l'intervention du pape après deux années de détention en Bavière, M. peut retourner en Moravie, que lui ouvre un nouveau changement politique. Il est à Rome en 879 (le pape Jean VIII lui interdit d'abord de célébrer la liturgie en langue slave, puis un nouveau compromis s'élabore), à Constantinople en 881-882 ; mais il réside surtout, jusqu'à sa mort (6 avr. 884), en Moravie, où il poursuit la traduction de la Bible en slavon. Immédiatement après sa mort, l'opposition à la présence byzantine en Occident l'emporte à Rome : les disciples de M. sont chassés de Moravie avec l'accord du pape et une véritable Église latine, subordonnée à Rome, est instaurée dans le pays. Une partie des disciples de Méthode se tourne alors vers la Bulgarie, qui vient précisément d'être christianisée et rattachée à l'Église byzantine ; ils réussissent à y créer un nouveau lieu de culte en langue slave, d'où progressera l'alphabet cyrillique.