Métamorphose, MÉTANIRE, MÉTIS, MILÉTOS, MINERVE
- Métamorphose. Signe de la présence des dieux, la métamorphose apparaît dans la mythologie comme la péripétie essentielle ou la conclusion d’une légende. Ceux qui en sont l’objet échappent ainsi soit aux poursuites amoureuses des dieux ou des hommes, soit au courroux d’ennemis mortels ou immortels. Ils peuvent emprunter toutes les formes possibles, animales, végétales et même minérales. Ainsi, Daphné, sur le point d’être rejointe par Apollon, qui l’aimait, se changea en laurier. De même, la nymphe Aréthuse, pour laquelle le dieu-fleuve Alphée éprouvait une profonde passion, fut transformée en fontaine, grâce au concours d’Artémis. Il arrive aussi que les dieux, pour mieux tromper celles qu’ils veulent séduire, ou pour déjouer leur ruse, empruntent des formes animales: c’est sous I’apparence d'un taureau que Zeus enlève Europe, et sous celle d’un cygne qu’il s’unit à Léda changée en oie. Parfois, la métamorphose est l’expression brutale et sans appel de la colère et de la punition des dieux: leurs victimes sont le plus souvent métamorphosées en statue, et condamnées ainsi à l’immobilité pour l’éternité. Il arrive aussi que la métamorphose est un don des dieux, la récompense d’une louable action. Le plus bel exemple est celui de Philémon et de Baucis, changés tous deux en arbres pour avoir accordé l’hospitalité à Jupiter et à Mercure. La métamorphose peut être aussi parfois le signe de la pitié des dieux: les Héliades, filles du Soleil, inconsolables de la mort de leur frère Phaéton, furent changées en peupliers. Changer de forme, changer d’essence est sans doute aux yeux des mortels la plus haute expression de la puissance des divinités, car si I’immortalité des dieux n’est pas toujours perçue par l’âme humaine, la métamorphose, en revanche, est un prodige presque toujours visible, et même palpable.
- MÉTANIRE. Fille d’Amphictyon et épouse du roi d’Éleusis Céléos, Métanire accorda dans sa cité l’hospitalité à Déméter et la prit à son service. Une nuit, par ses cris d’effroi, elle fut la cause involontaire de la mort de son fils Démophon, que la déesse reconnaissante voulait, par le feu, rendre immortel : surprise, Déméter lâcha l’enfant dans le foyer. Pour apaiser les pleurs de la reine, Déméter lui promit qu’elle donnerait le jour à un fils, Triptolème, auquel la déesse accorda les dons les plus merveilleux.
- MÉTIOCHÉ. Fille d’Orion et sœur de Ménippé, Métioché fut comme cette dernière métamorphosée en astre, et prit le nom de Coronide.
- MÉTIS. Personnification de la Prudence, fille d’Océan et de Téthys, Mêtis fut la première femme de Zeus. Magicienne, elle lui offrit une potion magique qui, bue par Cronos, obligea le Titan à restituer ses enfants. Le premier enfant qu’eurent les deux époux fut une fille; mais un oracle de Gaia révéla que le prochain fils qui lui naîtrait chasserait Zeus de l’Olympe. Zeus avala alors Mêtis, mais il fut saisi aussitôt d’un violent mal de tête. Pour le soulager, sur les conseils d’Hermès, Héphaïstos lui troua la tempe, d’où sortit Athéna armée et casquée.
- MIDAS. Ce roi de Phrygie est surtout entré dans la légende populaire pour ses oreilles d’âne. En effet, un jour qu’il parcourait les bois, il parvint au mont Tmolos, où Apollon et Marsyas se mesuraient pour savoir lequel des deux était le meilleur musicien. Choisi comme arbitre, Midas eut la malheureuse et stupide idée de déclarer Marsyas vainqueur. Apollon, irrité, lui octroya aussitôt une paire d’oreilles d’âne. Honteux, le roi les cacha sous un bonnet phrygien. Son barbier fut le seul à connaître son secret, jusqu’au jour où, incapable de garder plus longtemps le silence, il creusa un trou dans la terre, en approcha sa bouche et cria : « Le roi Midas a des oreilles d’âne! » Au même endroit poussèrent des roseaux, qui, en bruissant, répétaient sans cesse cette phrase impertinente. Bientôt, elle courut par tout le royaume, et l’on se moqua du roi.
Cette légende, tardive, rapportée par Ovide, fait suite à une autre légende qui prouve derechef l’irréflexion de Midas. Silène accompagnait le cortège de Dionysos et des Satyres, lorsqu’il s’égara. Découvert endormi par des habitants de la Phrygie, il fut conduit, enchaîné, à Midas, qui s’empressa de le libérer et de le remettre à Dionysos. Celui-ci, pour récompenser le roi obligeant, lui accorda le choix d’une faveur. Midas, dans sa sottise, demanda que tout ce qu’il toucherait se changeât en or. Exaucé, il s’aperçut incontinent que tous les aliments qu’il portait à sa bouche devenaient des lingots d’or et que toute boisson se convertissait en flots de métal précieux. Risquant de mourir de soif et d’inanition, il supplia Dionysos de dissiper l’enchantement. Celui-ci, heureux d’avoir donné à Midas une leçon profitable, exigea simplement de lui qu’il se purifiât dans le Pactole. Ce fleuve, depuis lors, roule des pépites d’or.
- MILÉTOS. Une des versions de la légende, rapportée par Ovide, dit de Milétos qu’il était le fils d’Apollon et de Déioné. Chassé par Minos de Crète, il gagna la Carie et y fonda une cité et un royaume, Milet. Une autre tradition en fait le fils d’une fille de Minos. Il fut abandonné et élevé par des bergers. Minos le découvrit, et, amoureux de lui, voulut lui faire violence, ignorant les liens de parenté qui l’unissaient à cet adolescent. Sur les conseils de son oncle Sarpédon, Milétos s’enfuit, aborda sur la côte d’Asie Mineure et fonda Milet.
- MILON de Crotone. Comme Gygès et tant d’autres héros, Milon de Crotone appartient moins à la mythologie qu’à la tradition des légendes populaires. Il fut, vers la fin du Ve siècle av. J.-C., un des plus grands athlètes de toute la Grèce. Vainqueur dans tous les jeux Olympiques et Pythiques pendant plusieurs années, il se livra également à des exploits inattendus, dont plusieurs égalent ceux d’Héraclès. Il porta dans ses bras un bœuf vivant, parcourant dans toute sa longueur le stade d’OIympie. Non content d’avoir ainsi affirmé sa supériorité sur ses concurrents, il tua l’animal à coups de poing et le dévora tout entier dans l’espace d’une seule journée. Mais il finit par trop présumer de ses forces. Un jour qu’il avait entrepris d’abattre un chêne en le fendant par le milieu, ses mains restèrent coincées entre les deux parties de l’arbre qui s’étaient rejointes, et Milon, immobilisé définitivement, fut dévoré par les loups.
- MINERVE. Cette très ancienne divinité romaine, d’origine étrusque, était associée à Junon et à Jupiter au sein de la triade capitolienne, à Rome. Elle représentait la pensée élevée, les lettres, les arts et la musique, la sagesse et l’intelligence, toutes images allégoriques dont on trouve maints exemples dans la religion romaine. Elle se confondit avec l’Athéna des Grecs, et il fut très vite impossible de distinguer les caractères proprement romains de ses attributs.
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- Louis Riel1844-1889Il paya de sa vie son dévouement à la cause des Canadiens français et des métis de l'Ouest duCanada -- tous gens de sa race, puisqu'il était lui-même issu de sang irlandais, indien etfrançais.