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MESCHINOT Jean

MESCHINOT Jean, sieur des Mortières, dit « Le Banni de Liesse ». Poète français. Né à Nantes entre 1420 et 1422, mort le 12 septembre 1491. Meschinot était gentilhomme et possédait des terres aux environs de Clisson (Loire-Atlantique). Il participa aux campagnes militaires des ducs de Bretagne. En 1488 il était maître d’hôtel de la jeune Anne de Bretagne, alors âgée de onze ans, et mourut avant le mariage de celle-ci avec le roi Charles VIII. Meschinot a écrit en collaboration avec Georges Chastellain, le chroniqueur et poète bourguignon, son aîné d’une quinzaine d’années. Sans doute est-ce sous son influence qu’il a adopté la rhétorique poétique et l’usage intempestif de l’allégorie qui faisaient alors les délices de la cour de Bourgogne, genre qu’il mit à la mode à la cour de Bretagne d’où elle se répandit à la suite du mariage d’Anne de Bretagne, férue de poésie, dans celle de France. On connaît de Meschinot, outre les Lunettes des princes , publié à Nantes en 1493, long poème allégorique et, en partie, autobiographique, qui n’est pas d’ailleurs sans portée politique et qui connut plus de vingt éditions en quarante ans, une Oraison qui se peut dire par huit ou seize vers, tant en rétrogradant que autrement, tellement qu’elle se peut lire en trente-deux manières différentes, et à chacune y aura sens et rime, dont le titre est lui-même assez significatif du genre où Meschinot s’illustra, ainsi que de nombreux rondeaux, ballades et poésies diverses, rassemblés et publiés dans une édition de 1499. Si la vogue de Meschinot fut grande de son vivant, on peut dire que ce poète connut la véritable gloire après sa mort, dans les années 1510-1520, époque à laquelle il fut considéré comme un des maîtres les plus estimables de ceux qu’on appela les grands rhétoriqueurs. Meschinot fut longtemps admiré et non seulement par Jean Lemaire des Belges et Guillaume Crétin, mais par Marot et Etienne Pasquier, avant d’être communément décrié. Il vaut mieux que l’exécrable réputation qui lui fut faite et on trouve dans son œuvre, par-delà le fatras des allitérations et des rimes équivoquées, des pièces d’une fort bonne venue.