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MERSENNE Le Père Marin

MERSENNE Le Père Marin. Philosophe et mathématicien français. Né à Soultière près d’Oizé (Sarthe) le 8 septembre 1588, mort à Paris le 1er septembre 1648. D’origine modeste, il fit ses premières études au Mans, chez les Pères de l'Oratoire, puis passa chez les jésuites du fameux collège de La Flèche. Il y demeura probablement jusqu’en 1610, et y fit la connaissance de Descartes avec lequel il se lia d’une amitié que le temps ne devait jamais démentir. En 1611, renonçant au brillant avenir et à la fortune que lui promettaient sa culture et ses dons, il entra dans l’ordre des Minimes et alla accomplir son noviciat à Meaux, d’où il revint à Paris pour y suivre des cours de théologie et d’hébreu. Ses supérieurs l’envoyèrent ensuite professer la philosophie à Nevers, et il occupa cette charge jusqu’en 1620, date à laquelle il vint s’installer à Paris, au couvent de l’Annonciade. Ses premiers ouvrages marient la théologie à la polémique; il y fustige tout ce qui n’est pas orthodoxe à coup d’invectives particulièrement violentes et incisives, et fait preuve d’une rare intolérance qui étonne dans la mesure où il devait, par la suite, se montrer très accueillant à toutes les idées de la science nouvelle. Citons parmi ces œuvres du début : Questions très célèbres sur la Genèse [1623]; L’Impiété des déistes athées et libertins, renversée et confondue (1624) et La Vérité des sciences contre les sceptiques et les pyrrhoniens (1625). Il prit la défense de Descartes, obligé de s’exiler en Hollande, avec une telle ardeur qu’on lui donna le surnom de « résident de M. Descartes à Paris » ; c’est qu’il était intransigeant dans son amitié comme dans sa foi. La deuxième partie de sa vie fut surtout consacrée aux sciences : mathématiques, physique et astronomie. Il a développé, avant Newton, la théorie du télescope a réflexion et fait des expériences personnelles sur la résistance des solides, l’écoulement des liquides et la vibration des corps. La réputation de Mersenne fut immense en Europe durant le XVIIe siècle, mais c’est beaucoup plus parce qu’il fut au carrefour des relations des plus grands savants de son temps qui correspondaient par son intermédiaire, que pour ses propres découvertes. On le consultait de partout a cause de sa culture et de sa bonté, et il savait non seulement conseiller mais poser les questions propres à faire avancer un problème. Plusieurs voyages en Italie lui permirent d’entrer en contact avec les savants de la péninsule. Il traduisit, en 1644, Les Mécaniques de Galilée, qu’il accompagna de commentaires, et rapporta en 1645 les découvertes de Torricelli sur le vide. Son nom ne survit plus guère que dans la mémoire des lecteurs de Descartes, qui lui adressa une volumineuse correspondance, mais il est longtemps demeuré attaché au traité intitulé : L’Harmonie universelle, contenant la théorie et la pratique de la musique (1636), qui applique à la musique les principes généraux de la mécanique et qui fut bien souvent pillé au cours du siècle suivant. Mersenne traduisit en latin plusieurs traités scientifiques grecs et les réunit, en 1644, sous le titre de : Universae geometricae mixtaeque mathematicae synopsis. On cite encore quelquefois ses : Questions inouïes ou récréations des savants (1634), Questions théologiques, physiques, morales et mathématiques et Harmonicorum libri XII.