MERE Antoine Gombaud, chevalier de. Ecrivain français
MERE Antoine Gombaud, chevalier de. Ecrivain français. Né à la fin du mois de mars ou au début d’avril 1607 dans le Poitou, mort en son domaine de Baussay, en Poitou, le 29 décembre 1684. La vie de ce curieux personnage, célèbre surtout par sa brève amitié avec Pascal, a été longtemps très mal connue. On le confondait en effet avec un autre chevalier de Méré, Georges Brossin, son contemporain. Mais, depuis les travaux de M. Charles-H. Boudhors, qui a donné en 1930 l’édition complète de ses œuvres, cette confusion est définitivement dissipée et, quoique la biographie d’Antoine Gombaud de Méré comporte encore d’assez vastes zones d’ombre, des faits essentiels en peuvent être fixés désormais avec certitude. Fils d’un gentilhomme, ancien ligueur et compagnon du duc de Guise, il perdit son père a l’âge de douze ans et grandit dans une famille frappée par certains désordres, de nature imprécise. De sa dixième à sa vingtième annee, il fit sans doute ses études chez les jésuites de Poitiers. On sait que, vers 1628, il fit proposer ses services au cardinal de Richelieu, qui les refusa. Etabli à Paris, Méré se mêla alors à la vie mondaine ; par son frère, M. de Plassac, il fut présenté à Balzac et à Ménage, et devint l’ami de ce dernier, lequel fut probablement son introducteur chez la duchesse de Lesdiguières en 1644. Il est certain que Méré fréquenta également chez Mme de Rambouillet, chez la comtesse de Maure et la duchesse de Sablé; on croit que Ménage lui fit connaître Mme de La Fayette et Mme de Sévigné. Méré était joueur, et peut-être gagnait-il un peu trop souvent, puisqu’il a pris la peine de proclamer qu’il n’avait jamais été « ni emprunteur, ni escroc, ni pipeur ». C’est lui, en tout cas, par ses questions, qui donna à Pascal la première idée de ses recherches sur le calcul des paris. Il avait rencontré Pascal au cours d’un voyage en Poitou, en 1652 ou 1653, dans le carrosse du duc de Roannez et les deux hommes se revirent plusieurs fois jusqu’en 1658, ce qui n’a pas empêché Méré de juger assez etroitement son interlocuteur, dont il écrivit plus tard que « c’estoit un grand mathématicien, qui ne sçavoit que cela ». Homme à la mode, qui se flattait d’enseigner l’art de plaire, le chevalier de Méré ne connut qu’une célébrité parisienne, et d’assez brève durée. A partir de 1660, son ami Balzac étant mort en 1654, Mme de Lesdiguières en 1656 et Pascal s’étant éloigné à partir de 1658, il demeura assez seul et séjourna de plus en plus dans son domaine du Poitou. En 1669, if fit paraître Les Conversations de M. de C. et de C. de M. et en 1682 deux tomes de ses Lettres. Mais son œuvre comporte encore de nombreux écrits tels que les discours De la justesse (1671), Des agréments (1676), De l’esprit (1677), De la conversation (1677), etc. ♦ « C’était un homme de beaucoup d’esprit qui avait fait des livres qui ne lui faisaient guère honneur. » Dangeau. ♦ « ... le chevalier de Méré et son chien de style, et la ridicule critique qu’il fait, en collet-monté, d’un esprit libre, badin et charmant comme Voiture. » Mme de Sévigné. ♦ «Le chevalier de Méré est tout à fait un écrivain. Son style a de la manière; mais entre les styles maniérés d’alors, c’est un des plus distingués, des plus marqués au coin de la propriété et de la justesse des choses. » Sainte-Beuve.