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MERCIER Louis Sébastien

MERCIER Louis Sébastien. Ecrivain français. Né à Paris, le 6 juillet 1740, mort à Paris, le 25 avril 1814. Mercier fut toute sa vie ce que l’on peut appeler un homme de lettres — il s’appelait lui-même « le premier Livrier de France » —, il écrivait pour vivre et cherchait sa voie dans toutes les directions où il avait des chances de plaire. Débutant par des poèmes, avec les Héroïdes, et des pièces de théâtre, L’Habitant de la Guadeloupe, Jean Hennuyer, L’Indigent, La Brouette du vinaigrier, Le Déserteur, qui furent plus tard réunies dans son Théâtre (1778-1784) et dont les deux dernières, jouées à la Comédie Italienne, eurent un certain succès et plurent à la reine Marie-Antoinette qui en pensionna l’auteur, il se fit théoricien du théâtre dans son Essai sur l’art dramatique (1773) qui fit du bruit à l’époque et où il prend vivement à partie les poètes classiques responsables, selon lui, de la stagnation poétique de son temps. Dans son Essai, il définissait quelques-uns des caractères qui seront ceux du théâtre romantique, comme remèdes à la situation présente du théâtre. En 1770, Mercier publia l'An 2240, rêve s’il en fut jamais, roman d’anticipation politique qui ne manque point de perspicacité. Mais l'œuvre par laquelle il se fit apprécier et qui lui valut de passer à la postérité est son Tableau de Paris qui compte douze volumes publiés de 1781 à 1788 et fut suivi, passé la tourmente révolutionnaire, du Nouveau Paris (1799-1800). Le Tableau proposait plus d’une réforme imposée par le bon sens. Le succès en fut considérable et les audaces de l’auteur lui valurent des poursuites auxquelles il n’échappa qu’en se réfugiant en Suisse où il acheva cette œuvre. La Révolution ramena Mercier à Paris où il ne tarda pas à jouer un certain rôle politique avec le journal de tendance libérale modérée, les Annales patriotiques, qu’il rédigea avec Carra. Mercier fit ensuite une brillante carrière. Elu député de la Seine-et-Oise à la Convention, il passa, sous le Directoire, au conseil des Cinq-Cents, fut membre de l’institut et professeur d’histoire aux Ecoles Centrales dès leur fondation. Mais, même sous l’Empire, Mercier resta républicain. Il devait publier encore de nombreux ouvrages parmi lesquels on peut retenir sa Néologie ou vocabulaire des mots nouveaux ou à renouveler (1801), tentative intéressante mais menée sans méthode et sans science, la Satire contre Racine et Boileau (1808), une traduction de la Pucelle d’Orléans de Schiller sous le titre de Jeanne d’Arc, etc. Au théâtre, il fit jouer en 1795 Timon d’Athènes. S’il est difficile de voir en Mercier un véritable écrivain, on doit lui reconnaître les talents d’un journaliste, singulièrement représentatif d’une époque de fermentation intellectuelle et de bouleversements sociaux.
♦ « Continuez à faire des ouvrages qui nous rendent meilleurs, qui redressent nos têtes tantôt frivoles, tantôt fausses et méchantes et qui exercent nos amis à la sensibilité qui conduit toujours à la bienfaisance, et soyez sûr d'être toujours heureux vous-même par l'utile emploi de votre temps et de vos talents. » Diderot, lettre à Mercier.
♦ « Il ne manque ni de perçant dans l'observation, ni de nerf dans le style mais ce n'est qu'un La Bruyère de bas étage. » Barbey d’Aurevilly.