MENSONGE
MENSONGE
♦ Acte par lequel un locuteur déforme ou dissimule volontairement ce qu’il sait être la vérité, le mensonge met enjeu ce que la linguistique repère comme fonction appellative du langage, en cherchant à provoquer chez l’auditeur des sentiments ou une adhésion que le locuteur ne partage pas. Outre la condamnation morale dont il est en général l’objet, le mensonge pose le problème philosophique du rapport du langage à la vérité. Platon y comprend une perversion métaphysique, qui, contrairement à ce qu’avait affirmé Parménide, mélange l’être et le néant.
♦ En généralisant le terme, on peut l’appliquer à tout effort de dissimulation, pour paraître ce qu’on n’est pas (et réciproquement). C’est dans cette optique que Rousseau en fait le symbole de la société de son époque et que s’énonce en particulier sa condamnation du théâtre comme officialisation du mensonge. On notera que, depuis le Paradoxe sur le comédien de Diderot, la réflexion sur ce que doit être le jeu de l’acteur théâtral oscille entre une thèse exigeant qu’il se distingue de son personnage et maîtrise donc son « mensonge » (au XXe siècle : la « distanciation » de Brecht) et la thèse contraire qui demande la coïncidence la plus étroite possible entre la personne de l’acteur et ce qu’il interprète (Artaud).
mensonge, altération consciente de la vérité.
Le jeune enfant, qui distingue mal le réel de l’imaginaire, altère la vérité mais ne ment pas. Lorsqu’il fabule ou embellit la réalité, il ne fait que céder à une tendance normale, qui ne mérite pas la sévérité des éducateurs : l’enfant transforme son passé dans le sens de ses besoins. Le vrai mensonge apparaît vers six ou sept ans. Il constitue, presque toujours, une conduite élusive, généralement destinée à éviter une réprimande. Chez certains sujets déséquilibrés, le mensonge peut avoir un caractère malin (dénonciation calomnieuse, abus de confiance, etc.).
Mensonge Du latin mentiri, « foire des mensonges » (dérivé de mens, « esprit »). Assertion délibérément contraire à ce que le sujet pense être la vérité. • C'est en effet l'intention de tromper qui distingue le mensonge de l'erreur. Il n'y a mensonge que lorsqu'on ne croit pas soi-même ce qu'on dit à autrui. • Pour Kant, le mensonge est contraire au devoir, qui nous commande d'être véridique (ou honnête) dans toutes nos déclarations, quelle que soit l'importance du dommage qui peut en résulter pour autrui ou pour nous-mêmes. • Inventé par Eubulide de Mégare (VIe siècle avant J.-C.), le paradoxe dit « du menteur » peut s'énoncer ainsi : « Ce que je dis est faux » - formule qui aboutit nécessairement à une contradiction, qu'on la suppose vraie ou fausse. MENSONGE (n. m.) 1. — Assertion qui indique un fait auquel le locuteur ne croit pas, ou exprime une opinion qui n’est pas la sienne ; par ext., assertion contraire à la vérité. 2. —Menteur (paradoxe du —) : argument sceptique contre la raison et paradoxe logique (auquel la théorie des types donne une solution) : Epiménide le Crétois dit que les Crétois sont menteurs, donc il ment, mais alors les Crétois ne sont pas menteurs, donc il ne ment pas, mais alors il ment, etc.
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