Databac

Mémoires de SAINT-SIMON, 1829-1830 (posthume), La Pléiade

• Les Mémoires de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, sont la chronique d'une époque et non de la vie de leur auteur. Ils couvrent la fin du règne de Louis XIV et la Régence, de 1694 à 1723, trente années pendant lesquelles Saint-Simon a été mêlé à la vie du monde et de la cour et, sur la fin, aux affaires. Il avait commencé à prendre des notes dès son arrivée à la cour en 1694, à l'âge de dix-neuf ans, mais a travaillé surtout à partir du moment où il l'eut définitivement quittée après son ambassade d'Espagne, en 1722. Dès lors, jusqu'en 1752, il se consacra à la reconstitution du passé à l'aide de ses souvenirs et de documents divers, dont le Journal de Dangeau sur les années 1684-1720. • Du point de vue historique, ces Mémoires sont sujets à caution, car Saint-Simon assouvit ses rancunes. Déçu d'avoir été tenu à l'écart par Louis XIV, il s'est vengé en peignant avec haine les erreurs et les faiblesses du vieux roi trop adulé que Mme de Maintenon entraîne dans la bigoterie. Mais il a des dons de grand artiste. Sa malveillance même fait de lui un observateur et un psychologue pénétrant. S'il manque de hauteur de vue devant les grands événements, il excelle dans les tableaux de la vie de cour (mort du Grand Dauphin), dans les portraits (duchesse de Bourgogne, cardinal Dubois) et dans les historiettes. Son style violent et coloré, tourmenté jusqu'à l'incorrection, donne un relief étonnant à tout ce qu'il peint. • Saint-Simon n'a pas essayé de publier de son vivant les cent soixante-treize cahiers de ses Mémoires Après sa mort, leur publication, qu'on redoutait, fut empêchée, puis négligée. Une première édition à peu près complète, mais édulcorée, fut autorisée par Charles X. Des éditions intégrales et fidèles ont suivi. Saint-Simon a pris place parmi les grands chroniqueurs de la société. Balzac et Proust l'ont admiré et imité.

Liens utiles