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mélodrame / drame

mélodrame
Forme larmoyante du drame.
Commentaire La vogue en remonte à la Révolution et à l'Empire. Le mélodrame ignore les règles classiques. Il cultive en revanche l' excessif, l'inattendu, le fantastique. Il vise surtout à émouvoir un public populaire par les ficelles les plus grosses de la sensiblerie. Un des mélodrames les plus populaires en France fut le Marie Stuart (1800) de Schiller, traduit et adapté en français par Pierre Lebrun en 1820.
Citations Chose étrange ! c’est le mélodrame qui, rompant à la fois les liens du goût et les entraves d’un préjugé déraisonnable [...], a le premier abordé des plages où la tragédie n’avait osé se diriger. (Friedrich von Schiller, Lettres normandes, 1820.) Ce qui fait du mélodrame une basse littérature, c’est l’imbécillité de la forme et des moyens. (Émile Zola, Correspondance, « lettre à Francisque Sarcey », 1er mars 1887.)


MÉLODRAME nom masc. - Genre théâtral caractérisé par le pathétique et par l’outrance.
ÉTYM. : du grec mélos - « chant » et « drame ». À l’origine, le terme désignait une pièce théâtrale accompagnée de musique. Le mot a pris le sens qui est aujourd’hui le sien dans la langue au tout début du XIXe siècle. Le mélodrame se caractérise par la complexité de l’intrigue et le simplisme d’une psychologie où s’opposent les bons et les méchants ; il joue sur le pathétique jusqu’à l’excès et fait appel à la sensiblerie et à la sentimentalité du public : il est un théâtre des bons sentiments. Citons parmi les mélodrames les plus populaires : Les Deux Orphelines (1875) d’Ennery. Le genre a pratiquement disparu des scènes contemporaines. Sans doute parce que les séries télévisées assurent aujourd’hui la fonction dévolue autrefois aux mélodrames.
—> Drame - Pathétique

Drame. Étymologiquement, le terme signifie action, sans préjuger du caractère émotif de cette action, qui peut être comique ou pathétique. Il devient ensuite synonyme d’action horrible, digne de pitié (ex. : le drame des Atrides, c’est la série des malheurs qui a frappé cette famille maudite). Plus tard, avec la naissance du drame bourgeois, le terme sera synonyme, par extension, de genre dramatique. Comme l’action est l’élément majeur de la pièce de théâtre, l’auteur de théâtre est appelé auteur dramatique , ou dramaturge (termes qui ont remplacé celui de « poète dramatique», le terme de poète de l’Antiquité au xixe siècle étant synonyme d’écrivain). Quant à la dramaturgie, c’est l’ensemble des règles de composition qui président à l’écriture d’une pièce de théâtre. Drame bourgeois. Genre dramatique, appelé aussi «genre sérieux» ou « tragédie domestique et bourgeoise », qui naît dans la seconde moitié du XVIIIe siècle avec des auteurs comme Diderot, Beaumarchais et Sébastien Mercier. Théâtre de théoriciens plus que de créateurs de génie, le drame bourgeois est défini par Diderot dans les Entretiens sur Le Fils naturel, en 1757, et dans le Discours sur la poésie dramatique, en 1758, par Beaumarchais dans son Essai sur le genre dramatique sérieux en 1767 et par Sébastien Mercier dans Du Théâtre ou Nouvel Essai sur l'art dramatique, en 1773. C’est un genre mixte auquel Diderot assigne une place médiane entre les deux « genres extrêmes » de la comédie et de la tragédie. Cela ne signifie pas que le drame mélange les genres, mais qu’il leur emprunte des tonalités multiples. Le genre se caractérise essentiellement par trois traits majeurs : — La peinture des « conditions » (des professions) et celle des « relations » (liens de parenté), dictée par un souci réaliste, remplace celle des caractères.

Ex. : Sedaine, en 1765, dans Le Philosophe sans le savoir, étudie un type social, le négociant, comme Sébastien Mercier dans La Brouette du vinaigrier, en 1775. Diderot, dans Le Fils naturel, en 1757, et dans Le Père de famille, en 1758, s’intéresse aux « relations ». — La subordination de la pièce à l’exigence morale (selon laquelle il faut faire triompher la vertu) et le désir de susciter l’émotion rendent souvent les personnages incohérents. Le drame, abusant des péripéties, sombre dans l’invraisemblance : le hasard remplace ici la « nécessité » classique. — L’inscription de la mise en scène dans le texte transforme l’écriture. Les indications scéniques occupent brusquement une place importante. Diderot, conscient de l’impact de la mise en scène, souhaite que les œuvres la contiennent virtuellement. Les auteurs dramatiques se font ainsi costumiers et machinistes. Diderot et Beaumarchais décrivent les habits de leurs personnages avec une minutie extrême. Le vêtement devient un moyen de saisir le personnage et surtout sa « condition ». Le décor crée l’atmosphère intimiste d’une maison bourgeoise. La position des personnages sur le plateau permet de figurer les relations qu’ils entretiennent. Marquer les grands moments du drame par des tableaux, tel est le désir de Diderot, qui a toujours abordé les problèmes de la scène d’un œil de peintre. Beaumarchais note même des «jeux muets » destinés à meubler le temps mort de l’entracte. Drame romantique. Genre dramatique créé au XIXe siècle par les poètes romantiques qui ont, les plus grands du moins, une pratique déjà ancienne de l’écriture poétique lorsqu’ils écrivent pour le théâtre. Les théories du genre ont précédé les réalisations. Ce sont celles de Stendhal (Racine et Shakespeare, 1823-1825), de Hugo («Préface» de Cromwell, 1827), de Vigny (Lettre à Lord *** sur la soirée du 24 octobre 1829). Après le premier drame, Henri III et sa cour, d’Alexandre Dumas père (1829), c’est la création de tous les grands drames de Hugo, Musset, Vigny, de 1830 à 1835, sauf Ruy Blas (1838) et Les Burgraves (1843), plus tardifs. Les romantiques prônent la liberté de l’art; aussi le genre se caractérise-t-il par le refus des règles classiques d’unité de temps et d’unité de lieu. Stendhal définit le drame comme « la tragédie en prose qui dure plusieurs mois et se passe en des lieux divers ». L’unité d’action est « la seule admise [...] parce qu’elle résulte d’un seul fait: l’œil ni l’esprit humain ne sauraient saisir plus d’un ensemble à la fois», comme l’explique Hugo dans la « Préface » de Cromwell. Seul Musset, particulièrement novateur, l’abandonne dans Lorenzaccio. Le mélange des tons reste théorique, comme dans le drame bourgeois. Le drame romantique, réintroduisant le sublime et jouant sur le pathétique, utilise les mêmes ressorts que la tragédie : pitié et crainte. L’histoire, traitée sur un mode épique, constitue pour le drame un réservoir inépuisable d’événements grandioses. Ex. : Hernani offre le tableau de l’Espagne encore à demi féodale, Ruy Blas celui de la décadence de la monarchie espagnole. Tandis que Vigny dans Chatterton en 1835 et Musset dans Lorenzaccio en 1834 conservent la prose, Hugo, afin d’accentuer le sublime, va jusqu’à réintroduire l’alexandrin, abandonné au théâtre depuis le drame bourgeois, dans quelques-uns de ses drames, notamment Hernani, Ruy Blas, Les Burgraves.
Le drame romantique n’entraîna pas, en son temps, l’adhésion du public, qui lui préférait le mélodrame. Drame satyrique. Pièce tragi-comique avec un chœur de satyres, représentée pour clôturer, lors des concours, dans la Grèce antique, les trilogies. On appelait ainsi le cycle de trois tragédies ou de trois comédies présentées successivement dans une même journée à Athènes. Les plus anciennes trilogies étaient des trilogies liées. Ex. : Eschyle présente le drame des Atrides en trois temps : dans Agamemnon, Clytemnestre assassine le roi et Cassandre sa concubine. Dans Les Choéphores, Oreste revient quelques années plus tard pour venger son père et tuer sa mère ainsi qu’Egisthe, l’usurpateur. Dans Les Euménides, Oreste se réfugie à Athènes, poursuivi par les Erynies vengeresses. Les trois pièces constituent un ensemble, le final de chacune des deux premières annonçant une suite. Les auteurs dramatiques, dès Eschyle, prirent assez vite l’habitude de présenter trois pièces sans lien les unes avec les autres. Un seul texte de drame satyrique nous est parvenu, à l’état de fragment, Les Limiers de Sophocle.