MÉLANIPPE, MÉLANIPPOS, MÉLÉAGRE, MÉLICERTE, MÉLICERTE, MEMNON
- MÉLANIPPE. Hippê, fille du centaure Chiron, fut séduite par Éole, le fils d’Hellen sur le mont Pélion. Elle lui donna une fille, Mélanippe, et obtint de Poséidon d’être placée parmi les étoiles, où elle devint la constellation du Cheval. Ainsi, le centaure Chiron ne connut jamais la faute de sa fille. Mélanippe fut séduite elle-même par Poséidon et mit au monde deux fils, Bœtos et Éole. — On connaît une autre légende dans laquelle elle était la reine des Amazones. Capturée par Héraclès, elle fut rachetée par sa sœur Hippolyte, mais tuée peu après, dans un combat, par Télamon pour avoir rompu une trêve.
- MÉLANIPPOS. 1° Quand Thésée eut tué le bandit Sinis, il s'unit avec Périgouné, la fille de celui-ci, et eut un fils, Mélanippos. 2° Le plus célèbre Mélanippos reste dans [a légende celui qui combattit avec Étéocle contre les Sept Chefs et tua Mécistée et Tydée. Ce dernier, sur le point d’expirer, vit arriver Amphiaraos, qui lui apportait la tête de Mélanippos. Dans sa sauvagerie et dans un dernier instinct de vengeance, Tydée fendit le crâne de l’ennemi et avala d’un seul coup la cervelle; puis il expira. Athéna, horrifiée par cet acte de cruauté, refusa alors d’accorder à Tydée l’immortalité.
- MELANTHIOS. Ce chevrier trahit son maître Ulysse et se rangea du côté des Prétendants. Quand le héros revint à Ithaque, déguisé en mendiant, Melanthios l’insulta, puis il donna des armes aux Prétendants attaqués par Ulysse. Il fut fait prisonnier après le victoire de ce dernier; on lui coupa le nez, les oreilles, les mains et les pieds, que l’on donna à manger aux chiens.
- MELANTHO. 1° Fille de Deucalion, Melantho, selon la version de la légende la plus commune, s’unit à Poséidon et donna le jour à un fils, Delphos, qui fut le héros éponyme de Delphes. 2° On connaît une autre Melantho, sœur de Melanthios, le chevrier d’Ulysse, qu’elle suivit dans la trahison en se rangeant du côté des Prétendants. Comme toutes les servantes infidèles du héros, elle fut pendue.
- MÉLÉAGRE. On connaît deux versions de la légende de Méléagre; l’une dans l'Iliade, que conte Phœnix à Achille, l’autre plus tardive. Dans la première version, Méléagre est le fils d’Œnée, roi de Calydon, et d’Althée. Son père avait omis de sacrifier à Artémis. La déesse en fut si outrée qu’elle envoya sur-le-champ un sanglier monstrueux qui dévastait le pays de Calydon et risquait d’introduire peu à peu la famine dans le royaume étolien. Méléagre s’offrit à le chasser et réclama le concours des cités d’alentour ainsi que celui des Curètes. L’animal abattu, Artémis, au cours du partage des dépouilles, suscita une querelle entre les Étoliens et les Curètes, qui en vinrent rapidement aux mains. Dans la mêlée générale, Méléagre tua les frères de sa mère. Cette dernière appela alors sur son fils la malédiction des dieux et la colère des Érinyes. Méléagre se retira du combat, par crainte du courroux des puissances divines. Cependant, comme les Curètes victorieux assiégeaient la ville et l’incendiaient, tous les amis de Méléagre, sa mère, son épouse Cléopâtra se jetèrent à ses pieds et le supplièrent de reprendre la lutte. Le héros se laissa émouvoir, revêtit sa plus belle armure et parvint à repousser l’assaut des Curètes. Selon l’autre tradition, Althée reçut la visite des Parques, lorsque naquit Méléagre. Elles lui révélèrent que son enfant vivrait aussi longtemps que durerait le tison qui brûlait alors dans l’âtre. Althée s’empressa d'éteindre le tison et de le cacher soigneusement. Méléagre grandit en force et en courage, et avec une foule de héros participa à la chasse du sanglier de Calydon. Une fois la bête vaincue, il désira offrir les dépouilles à la chasseresse Atalante. Vexés qu'on leur préférât une femme, les frères d'Althée proférèrent des menaces. Irrité, Méléagre les frappa et les tua. Mais Althée, dans un accès de fureur désespérée, reprit dans sa cachette le tison, l’enflamma et lorsque s’éteignit la dernière braise, la vie s’échappa du corps de Méléagre. Quand elle prit conscience de son geste, Althée se pendit de désespoir, et les sœurs de Méléagre ne cessèrent de pleurer jusqu’à ce qu’Artémis les métamorphosât en pintades.
- MÉLIA. Nymphe Océanide, Mélia épousa le dieu-fleuve lnachos et donna le jour à Phoronée, un des rois fabuleux d’Argos, Ægialée et Phégée, un des rois d’Arcadie.
- MÉLIADES. Ces Nymphes naquirent du sang qu’Ouranos répandit lorsqu’il fut mutilé par Cronos. Pour commémorer ce mythe, les Grecs leur assignent pour habitat les frênes, avec lesquels on fabriquait, alors, des armes meurtrières qui provoquaient de larges effusions de sang. Elles protègent les enfants abandonnés sous la ramure des frênes dont la voûte leur sert d’abri naturel contre les intempéries. D’autres traditions reconnaissent aux Méliades, sans doute pour la même raison, le pouvoir de sauvegarder les troupeaux.
- MÉLICERTE. Fils d'lno et d'Athamas, il fut la victime de la folie meurtrière de ses parents et fut, selon les uns, jeté dans l'eau bouillante d'un chaudron ou, selon les autres, tué par son père d'un coup d'épieu, ou encore précipité avec sa mère dans la mer. Cependant, ce tragique destin devait obtenir une récompense suprême : Mélicerte fut admis parmi les divinités de la Mer et prit le nom de Palémon; les jeux Isthmiques furent même institués en son honneur par Sisyphe. Mélicerte fut assimilé par les Romains au dieu Portunus, protecteur des ports de Rome.
- MELPOMÈNE. La tragédie est placée sous la protection de cette Muse. Mais, à l'origine, Melpomène avait en partage le chant et l'harmonie musicale. Comme elle fut bientôt associée à Dionysos, on songea alors à mettre sous son patronage la tragédie, née du culte dionysiaque, et on lui plaça dans la main droite la massue d'Héraclès, héros dont' le théâtre aimait célébrer les exploits, et; dans la main gauche, le masque tragique.
- MEMNON. Fils d'Éos (l'Aurore) et de Tithonos, chef d'un contingent d'Éthiopiens à la guerre de Troie, Memnon fut un héros d'une grande valeur et combattit avec courage aux côtés des Troyens contre les Grecs. Grâce à son armure, qui, comme celle d'Achille, avait été forgée par Héphaïstos, il put tuer de .nombreux héros grecs et, en particulier, Antiloque, le fils de Nestor. Achille décida de venger la mort de ce compatriote et ami, et engagea contre Memnon un combat singulier. Dans les cieux, Zeus pesa le destin des deux héros devant Thétis et Éos, leurs mères éplorées. La balance pencha en faveur d'Achille, et le dieu accorda comme consolation l'immortaIité à Memnon. Le corps du héros fut enterré en grande pompe, tandis qu'apparaissaient dans le ciel des oiseaux, les Memnonides, qui, chaque année, disait-on, visitaient les cendres du héros au bord de l'Hellespont. On raconte aussi que Memnon fut enterré en Égypte, à Thèbes, et que sa statue qui se dressait derrière le temple rendait un son semblable à celui de la lyre quand elle était touchée par les premiers rayons du soleil auroral. Seul Éos ne se consola pas de la mort de son fils, et elle verse chaque matin des larmes qui se transforment en gouttes de rosée.