MAUROIS André [Émile Herzog] 1885-1967

Essayiste et conteur, né à Elbeuf. Ce Normand d’origine alsacienne, qui va succéder à son père à la tête de l’entreprise familiale, a pour professeur au lycée de Rouen le philosophe Alain, à qui il sera redevable de son orientation esthétique, ainsi que d’une inaltérable et bien précoce sérénité d’âme. Rendu célèbre en 1919 par les malicieux Silences du colonel Bramble, il va trouver assez vite sa véritable voie dans un genre assez peu cultivé en France, la biographie, où feront merveille sa clarté d’exposition et son esprit singulièrement pénétrant. Parti de la formule charmante mais discutable des « vies romancées » (Ariel ou la Vie de Shelley, 1923) il en arrivera bientôt à l’étude solide, fondamentale - monumentale parfois - : Voltaire (1935), Proust (1949), et, à quatre-vingts ans, Prométhée ou la Vie de Balzac (1965), sa plus belle réussite dans le genre. Le romancier, sauf dans Climats (1929), reste en retrait sur l’essayiste ; et ses contes, injustement méconnus, ne sont en fait que les fables d’un moraliste (ou, mieux, d’un philosophe, au sens où le XVIIIe siècle entendait ce mot) : exempts de la malignité voltairienne, mais non pas sans charme, ni même sans sel. Ses chefs-d’œuvre dans ce domaine sont Voyage au pays des Articoles (1935), Toujours l’inattendu arrive (1943) et Les Mondes impossibles (1947).