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MARX : PAS DE LIBERTÉ SANS MAÎTRISE DE LA NATURE

MARX : PAS DE LIBERTÉ SANS MAÎTRISE DE LA NATURE

Outre une maîtrise de soi ou une régulation politique, la liberté met en jeu la maîtrise de la nature, donc le travail par lequel nous pouvons nous libérer de son emprise et l'utiliser pour nos besoins. Marx réfléchit sur l'importance et les limites d'une telle liberté.

« Le règne de la liberté ne commence, en réalité, que là où cesse le travail imposé parle besoin et la nécessité extérieure ; il se trouve donc, par la nature des choses, en dehors de la sphère de la production matérielle proprement dite. Tout comme le sauvage, l’homme civilisé doit lutter avec la nature pour satisfaire ses besoins, conserver et reproduire sa vie ; cette obligation existe dans toutes les formes sociales et les modes de production, quels qu'ils soient. Plus l'homme civilisé évolue, plus s'élargit cet empire de la nécessité naturelle, parallèlement à l'accroissement des besoins ; mais en même temps augmentent les forces productives qui satisfont ces besoins. Sur ce plan, la liberté ne peut consister qu'en ceci : l'homme socialisé, les producteurs associés règlent de façon rationnelle ce proçès d'assimilation qui les relie à la nature et le soumettent à leur contrôle commun, au lieu de se laissser dominer par lui comme par une puissance aveugle, l'accomplissant avec le moins d’efforts possibles et dans les conditions les plus conformes à leur dignité et à la nature humaine. Mais ce domaine est toujours celui de la nécessité. C’est au-delà de ce domaine que commence l'épanouissement de la puissance humaine qui est son propre but, le véritable règne de la liberté. Mais ce règne ne peut s'épanouir que sur la base du règne de la nécessité. La réduction de la journée de travail en est la condition fondamentale. »

MarxLe Capital, III, Pléiade p. 1487

ordre des idées

1) Un fait universel : la nécessité de lutter avec la nature. • Explication de ce fait : quelle que soit la société et la manière de produire des objets utiles, l'homme ne vit qu'à la condition de transformer la nature pour l'adapter à ses besoins vitaux et sociaux. • Conséquence : sur ce plan, en un sens, pas de liberté. L'homme est soumis à la nécessité extérieure qu'imposent ses besoins et la nature.

2) L'évolution de ce fait universel a deux effets : a) le développement des besoins (avec celui des sociétés, plus complexes) ; b) parallèlement, le développement des moyens de satisfaire ces besoins (par l'amélioration des techniques de production etc.).

Conséquence : sur ce plan, une liberté limitée. Cette dernière suppose une maîtrise rationnelle des rapports des hommes avec la nature : a) finalité de cette maîtrise : une efficacité maximale des moyens de produire, liée à un respect maximum des producteurs sur le plan moral ; b) moyens adaptés à cette fin : un accord des producteurs, en vue de maîtriser le processus de travail, accord reposant sur l'intelligence rationnelle de ce processus.

3) Par opposition à la liberté limitée par le travail, les conditions d'une liberté véritable : a) la maîtrise de la nécessité qu'est le travail ; b) le dépassement de ce plan (c-à-d. l'accès à une activité qui n'a plus pour fin les besoins mais le développement et l'épanouissement des hommes. — Application première : la réduction du temps journalier de travail.

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