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MARX: LE TRAVAIL ALIÉNÉ

MARX: LE TRAVAIL ALIÉNÉ

Si le travail humain est, en droit, source de toute richesse et moyen par lequel l'humanité s'accomplit, le mode capitaliste de production a engendré misère et destruction de l'humanité des travailleurs. L'analyse de Marx invite à réfléchir sur cette aliénation du travail et du travailleur.

« L’augmentation des besoins et des moyens de les satisfaire engendre la pénurie de besoins et l’indigence. Comment cela ? L'économiste nous en fournit la preuve : 1° H réduit les besoins de l'ouvrier à la subsistance la plus indispensable et la plus misérable de la vie physique ; il réduit son activité au mouvement mécanique le plus abstrait ; et il dit que l'homme n'a pas d'autres besoins, ni activité, ni jouissance, car cette vie-là, il la proclame humaine, existence humaine. 2° Pour base de son calcul, et comme norme générale — parce que valable pour la masse des hommes — il choisit la vie (l’existence) la plus indigente possible ; il fait de l'ouvrier un être insensible et dépourvu de besoins. Le moindre luxe lui paraît condamnable chez l'ouvrier. [...] L'économie politique, cette science de la richesse, est donc en même temps la science du renoncement, de l'indigence, de l'épargne : il lui arrive réellement de vouloir épargner à l'homme le besoin d'air pur ou de mouvement physique. Cette science de la mirifique industrie est aussi la science de l'ascétisme, et son véritable idéal est l'avare ascétique mais usurier, et l’esclave ascétique mais producteur. Son idéal moral, c'est l’ouvrier qui porte à la caisse d'épargne une partie de son salaire. Elle est donc— malgré ses airs mondains et lascifs—une vraie science morale, la plus morale des sciences. Sa grande maxime, c'est l’abnégation, le renoncement à la vie et à tous les besoins humains. » Marx, Manifeste de 1844, Pléiade, II, p. 93 (Lille, A, 82)

ordre des idées

1) Énoncé d’un paradoxe : une certaine forme du développement économique produit à la fois d'une part des besoins (et les moyens de les satisfaire) plus nombreux et raffinés et, d'autre part, des besoins (et des moyens) plus réduits, plus grossiers.

2) Mécanisme de ce paradoxe : l'économie (capitaliste), en se développant, a contraint les ouvriers à réduire : a) leurs besoins aux seuls besoins vitaux ; b) leurs activités à des comportements répétitifs (dans le cadre de la production industrielle).

3) Justification de ce mécanisme par l'économiste (capitaliste) : la plupart des hommes, selon lui, n'ont pas d'autres besoins. D'où ce paradoxe d'une science qui étudie la production des richesses, l'économie, et justifie qu'une telle production engendre la misère.

4) Les raisons de ces paradoxes : l'économiste a pour véritable idéal moral : —la production comme source de profits, de richesses accumulées pour produire encore davantage; —L'homme producteur comme être qui renonce à développer les richesses de son humanité pour se consacrer exclusivement à une telle production.

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