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Marx: La religion est l'opium du peuple

Pour Marx, la religion est une illusion qui permet aux classes opprimées de supporter leur existence difficile. A la différence des autres critiques de la religion tels Feuerbach, qui ne font qu'une analyse abstraite de l'aliénation quelle représente, Marx en rend compte par la situation concrète des individus.

Problématique

Selon Marx, la conscience d'un individu est déterminée par ses conditions matérielles d'existence. La situation concrète difficile des classes opprimées permet d'expliquer l'aliénation que constitue la religion, car le croyant ignore ou oublie, dans l'espoir en une vie future et éternelle heureuse, la réalité de l'oppression qu'il subit. Critiquer la religion revient à lutter contre la situation sociale qui l'a fait naître.

Enjeux

La religion est critiquable lorsqu'elle détourne les hommes de la prise de conscience de leur situation réelle sur terre. Elle apparaît alors comme l'alibi idéologique des puissants qui, en entretenant cette illusion, maintiennent les peuples dans une sorte d'anesthésie de l'esprit.

La religion est l'opium du peuple

Le fondement de la critique irréligieuse est : c'est l'homme qui fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu’a l'homme qui ne s'est pas encore trouvé lui-même, ou bien s'est déjà reperdu. Mais l'homme, ce n'est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde. L'homme, c'est le monde de l'homme, l'État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu'ils sont eux-mêmes un monde à l'envers. La religion est la théorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d'honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles. Elle est la réalisation fantastique de l'être humain, parce que l'être humain ne possède pas de vraie réalité. Lutter contre la religion c'est donc indirectement lutter contre ce monde-là, dont la religion est l'arôme spirituel. La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple. L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion s'auréole. La critique a dépouillé les chaînes des fleurs imaginaires qui les recouvraient, non pour que l'homme porte des chaînes sans fantaisie, désespérantes, mais pour qu'il rejette les chaînes et cueille les fleurs vivantes.

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