Marx: la misère religieuse
[caption id="attachment_2357" align="alignright" width="200"] Marx[/caption]
La misère religieuse est à la fois l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre cette misère. La religion est le soupir de la créature accablée, le cœur d’un homme sans cœur, comme elle est l’esprit des temps privés d’esprit. Elle est l’opium du peuple. La suppression de la religion comme bonheur illusoire du peuple est une exigence de son bonheur réel. L’exigence de renoncer aux illusions sur sa condition est l’exigence de renoncer à une condition qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est ainsi virtuellement la critique de la vallée de larmes, dont la religion est l’auréole. La critique a arraché les fleurs imaginaires qui ornent nos chaînes, non pour que l’homme porte la chaîne prosaïquement, sans consolation, mais afin qu’il rejette la chaîne et cueille la fleur vivante. La critique de la religion désillusionne l’homme, afin qu’il pense, agisse, façonne sa propre réalité comme un homme désillusionné, ayant accédé à la raison, afin qu’il gravite autour de soi-même, son véritable soleil. La religion n’est que le soleil illusoire qui se meut autour de l’homme, tant que celui-ci ne gravite pas autour de lui-même.
MARX
QUESTIONNEMENT INDICATIF
• Comment comprenez-vous « la misère religieuse est... l’expression de la misère réelle » ? — Que signifie « misère religieuse » ? Marx penserait-il à l’absence de religion, à son affaiblissement, à sa dégradation dans les « milieux populaires » ?... ou à tout autre « chose » ? — En quoi peut-on penser que cette « misère »-là est l’expression de la « misère » réelle ? • Comment comprenez-vous « le cœur d’un homme sans cœur », « l’esprit des temps privés d’esprit » ? — Que signifie ici « homme » ? — Marx « veut-il » dire que la religion n’est ni « cœur » ni « esprit » ? Sinon que « veut-il dire » ? • Pour quelle(s) raison(s) Marx soutient-il que « la suppression de la religion comme bonheur illusoire est une exigence de son bonheur réel » ? — Que signifie critique de la « vallée des larmes » ? • Est-ce la métaphore « chaînes » ou la métaphore « fleurs imaginaires » qui correspond à la religion ? — Que signifie porter « la chaîne prosaïquement » ? Quel est le « contraire » de « prosaïque » ? . — A quoi correspond la métaphore « chaîne » ? • Que signifie « qu’il gravite autour de soi-même » ? • Si l’homme « gravite autour de soi-même », selon Marx, la religion disparaîtra-t-elle ? • En dernière analyse, pour Marx, quelle est la source de la religion ? • Que pensez-vous de l’affirmation de Marx « L’exigence de renoncer aux illusions sur sa condition est l’exigence de renoncer à une condition qui a besoin d’illusions » ? • Quel est l’intérêt philosophique de ce texte ? Le fait que Marx se prononcerait sur la valeur de la religion ou l’instauration d’une nouvelle problématique, d’un « champ théorique» pour penser « les phénomènes religieux »? ... En quoi peut-on dire que ce texte présente un intérêt philosophique ?
INDICATIONS DE LECTURE
• L’idéologie allemande de Marx (Editions sociales). • Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande d’Engels (Editions sociales) notamment le chapitre III.
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