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MARCEL Étienne

MARCEL Étienne (vers 1316-1358). Ce drapier parisien devient prévôt des marchands et prend la tête de la tendance réformatrice aux états généraux de 1355 et 1356. Proche de Charles le Mauvais, il s’appuie sur la haute bourgeoisie et pose la municipalité parisienne en contrepoids du pouvoir royal incarné par le Dauphin, le futur Charles V. Mais tandis que le désordre règne dans Paris, celui-ci parvient à s’en échapper pour organiser la lutte contre une ville qu’il considère désormais en état d’insurrection. La chute d’Étienne Marcel suivra de près l’écrasement de la Jacquerie (mai 1358), à laquelle il s’est allié. Alors qu’il se prépare à livrer la ville au roi de Navarre, le prévôt, qui a fini par effrayer la bourgeoisie parisienne, tombe assassiné le 31 juillet 1358 sous les coups de l’échevin Jean Maillart, l’un des chefs du parti loyaliste.

Marcel, Étienne (v. 1316-1358) ; prévôt des marchands de Paris [1355-1358].

On connaît encore mal les débuts et la personnalité de M. Riche marchand drapier, fournisseur de la cour, il est lié aux grandes familles du commerce parisien, les Coquatrix, les Poilevilain, les Dammartin. Par son second mariage avec Marguerite des Essarts, il entre dans un milieu dont les rapports avec les riches communes flamandes sont étroits. Il habite dans la Cité, rue de la Vieille-Draperie, et possède dans Paris même de nombreux immeubles. Élu prévôt des marchands en décembre 1355, il joue un rôle déterminant dans l’assemblée des États de langue d’oïl qui se réunit à Paris un mois après la défaite de Poitiers, en octobre 1356. Avec l’évêque de Laon, Robert Lecoq, il anime la commission restreinte des députés qui exige du dauphin Charles, duc de Normandie, la révocation des conseillers du roi et l’établissement d’un nouveau Conseil choisi parmi les députés des États. Le dauphin Charles refuse d’abord ces exigences et part pour Metz. Mais M. empêche l’application d’une ordonnance de dévaluation monétaire, et, lors de la nouvelle session des États (févr. 1357), oblige le dauphin à accepter l’épuration des officiers royaux et la publication d’une grande ordonnance de réformes. Évadé du château d’Arleux où l’a fait enfermer Jean le Bon, le roi de Navarre Charles le Mauvais se rend alors à Paris, où il est accueilli triomphalement par les grandes corporations. Habilement, le dauphin s’adresse en public aux petites gens de Paris, qui se méfient de M. et de l’oligarchie communale. Pour parer le coup, M. organise une émeute sanglante. Le 22 février 1358, à la tête des gens des métiers, il pénètre au Palais de la Cité, entre dans la chambre du dauphin et laisse massacrer deux de ses conseillers, le maréchal de Champagne, Jean de Conflans, et le maréchal de Normandie, Robert de Clermont. Charles de Navarre rentre à Paris le 26 février, et M. enjoint au dauphin de se proclamer régent du royaume pendant la captivité du roi Jean le Bon. Mais le dauphin s’échappe du Louvre le 25 mars et reconstitue une armée à Meaux et à Montereau. Il repousse les offres de conciliation faites par l’université de Paris et par le roi de Navarre. Tandis que la Jacquerie paysanne ravage le Beauvaisis et les pays de la Marne (fin mai-début juin), M. institue à Paris une véritable dictature de guerre. En vain lance-t-il un appel à l’aide aux communes flamandes ; en vain appelle-t-il Charles de Navarre à Paris avec le titre de capitaine général (14 juin). Heurté par les prétentions de l’oligarchie parisienne, Charles de Navarre se retire avec ses troupes à Saint-Denis, laissant l’armée royale investir Paris. D’ultimes négociations échouent. Le petit peuple parisien, menacé de famine, incité par les partisans du dauphin, est bientôt las de la dictature de M. Le 31 juillet, celui-ci est assassiné à la Bastille Saint-Antoine dans des conditions mystérieuses. Allait-il livrer la ville aux Anglais et aux Navarrais ? ou gardait-il les portes pour empêcher ses adversaires, Jean Maillart et Pépin des Essarts, de la livrer au dauphin ? Quoi qu’il en soit, le dauphin fait son entrée à Paris le 2 août et fait exécuter les compagnons de M., passés à la postérité comme les instigateurs de la première commune insurrectionnelle de Paris. Bibliographie : R. Cazelles, Étienne Marcel, champion de l'unité française, 1984.

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