MARC-AURELE (vie et oeuvre)
MARC Aurèle (121- 180)
Cet empereur romain, venu de bonne heure à la philosophie à travers la lecture d'Epictète, consacra son existence à la guerre contre les Barbares dans la région du Danube. Il écrivit ses fameuses Pensées pendant ses expéditions, réunies après sa mort sous le titre à soi-même. Il meurt en 180, sur le front du Danube, probablement à Vienne.
Marqué par les "Entretiens" et les thèses d'Épicure, mais également par le mobilisme d'Héraclite qu'il critique, Marc Aurèle souligne, comme les stoïciens qui l'ont précédé, l'idée de l'autonomie relative de l'homme dans l'univers, ainsi que l'idée de sa liberté de jugement.
Sur un ton fort pessimiste, il parle du présent comme seule réalité temporelle concrète et véritable, si l'on retire du temps ce qui est à venir (le futur) et ce qui est écoulé (le passé).
Il envisage comme présent en chacun de nous un " dieu intérieur ", un " génie " qu'il décrit comme étant le guide de l'homme qui le rend libre face aux forces extérieures.
Il développe enfin le concept de " moment opportun " ("kaïros") déjà présent dans la pensée pratique grecque, mais il l'entend comme " occasion favorable " et " opportunité permanente " pour notre exercice moral. Cependant, l'idéal stoïcien de sagesse ne se confond pas avec une attitude de résignation passive et fataliste. Il s'agit de tout autre chose. En effet, la pensée stoïcienne nous reste étrangère si on ne retient pas deux conclusions majeures.
Tout d'abord, sur un plan théorique, ce qui apparaît à un moment donné du présent est le signe d'une finalité, ainsi que la trace de quelque chose qui a disparu. Aussi devient-il possible de parler d'une perpétuelle transformation du monde puisque chaque chose porte en elle la marque du devenir qui se déploie sur fond d'éternité.
Cela a ensuite des conséquences sur un plan pratique : le temps est un incorporel qui n'a de réalité que dans ce qui advient. L'éternité, quant à elle, n'est pas transcendante à la vie, mais au contraire immanente au moindre événement dont nous sommes témoins.
Dans ces conditions, l'âme humaine est libre soit de se révolter contre la providence, mais alors elle souffre, soit de l'accepter dans ce qu'elle a de pire et de meilleur. Ce qui pourrait laisser croire à une conception fataliste de l'univers est en réalité une invitation à chercher à le comprendre pour ne pas souffrir des revers de fortune. Cette perspective pratique des Pensées de Marc Aurèle présente la singularité, par rapport à ses prédécesseurs, de tendre vers un cynisme parfois brutal.
MARC AURÈLE : 121-180 Empereur romain. Né à Rome, il revêtit la pourpre en 161. Il lutta contre les Parthes et les Germains. Habile administrateur, protecteur des arts et des lettres, il fut d'abord tolérant envers les chrétiens, puis les persécuta. Il mourut à Vienne. Partisan du stoïcisme, Marc Aurèle développe une philosophie essentiellement morale et pratique qui insiste sur la fraternité universelle.
• Œuvre : Pensées pour moi-même.
Cet empereur romain, venu de bonne heure à la philosophie à travers la lecture d'Épictète, consacra son existence à la guerre contre les Barbares dans la région du Danube. Il écrivit ses fameuses Pensées pendant ses expéditions, réunies après sa mort sous le titre À soi-même. Il meurt en 180, sur le front du Danube, probablement à Vienne. Marqué par les "Entretiens" et les thèses d'Épicure, mais également par le mobilisme d'Héraclite qu'il critique, Marc Aurèle souligne, comme les stoïciens qui l'ont précédé, l'idée de l'autonomie relative de l'homme dans l'univers, ainsi que l'idée de sa liberté de jugement. Sur un ton fort pessimiste, il parle du présent comme seule réalité temporelle concrète et véritable, si l'on retire du temps ce qui est à venir (le futur) et ce qui est écoulé (le passé). Il envisage comme présent en chacun de nous un " dieu intérieur ", un " génie " qu'il décrit comme étant le guide de l'homme qui le rend libre face aux forces extérieures. Il développe enfin le concept de " moment opportun " (kaïros) déjà présent dans la pensée pratique grecque, mais il l'entend comme " occasion favorable " et " opportunité permanente " pour notre exercice moral. Cependant, l'idéal stoïcien de sagesse ne se confond pas avec une attitude de résignation passive et fataliste. Il s'agit de tout autre chose. En effet, la pensée stoïcienne nous reste étrangère si on ne retient pas deux conclusions majeures. Tout d'abord, sur un plan théorique, ce qui apparaît à un moment donné du présent est le signe d'une finalité, ainsi que la trace de quelque chose qui a disparu. Aussi devient-il possible de parler d'une perpétuelle transformation du monde puisque chaque chose porte en elle la marque du devenir qui se déploie sur fond d'éternité. Cela a ensuite des conséquences sur un plan pratique : le temps est un incorporel qui n'a de réalité que dans ce qui advient. L'éternité, quant à elle, n'est pas transcendante à la vie, mais au contraire immanente au moindre événement dont nous sommes témoins. Dans ces conditions, l'âme humaine est libre soit de se révolter contre la providence, mais alors elle souffre, soit de l'accepter dans ce qu'elle a de pire et de meilleur. Ce qui pourrait laisser croire à une conception fataliste de l'univers est en réalité une invitation à chercher à le comprendre pour ne pas souffrir des revers de fortune. Cette perspective pratique des Pensées de Marc Aurèle présente la singularité, par rapport à ses prédécesseurs, de tendre vers un cynisme parfois brutal.
MARC AURÈLE Antonin. Empereur et philosophe romain de la « gens » espagnole Annia, écrivant en grec. Ne à Rome le 26 avril 121, mort à Vienne le 17 mars 180. Enfant charmant par sa franchise ingénue, il plut à Adrien qui, jouant sur le nom de son père, Annius Verus, l’appela « Verissimus », et l’adopta en ordonnant à son héritier Antonin d’en faire autant : c’est ainsi que Marc Aurèle vécut et fut élevé au palais impérial et que, pendant les vingt-trois ans du règne d’Antonin, les plus heureuses de Rome, il apprit l’art de gouverner, en respirant la « suavitas morum » d’Antonin. Mourant, ce dernier avait donné l’ordre de transporter la statue de la Victoire dans les appartements de Marc Aurèle pour symboliser la transmission des pouvoirs de l’Empire (161). Malheureusement, après une telle « felicitas », les dix-neuf années où Marc Aurèle exerça le pouvoir comptent parmi les périodes les plus catastrophiques de l’Empire à cause des menaces des barbares, des révoltes, des maladies épidémiques, des crises de toute nature; à cet esprit a ami de la paix et de la méditation, l’histoire confia des tâches matérielles lourdes s’il en fut, qui lui firent une vie mouvementée. A la suite ininterrompue de guerres et de calamités qui accablèrent l’Empire, Marc Aurèle opposa la sérénité de la force morale et l’énergie du sentiment du devoir. On vit des jours où ce maître du monde se trouva dans l’obligation de vendre aux enchères les trésors impériaux afin d’équiper une nouvelle armée composée d’esclaves, de fuyards, de gladiateurs, pour la campagne qui aboutit à la soumission des Marcomans (172) et des Quades (174).
C’est un fait curieux qu’un empereur romain ait appris le secret d’une telle force grâce à l’enseignement écrit d’un affranchi phrygien, Epictète (auquel il avait été initié par le stoïcien Junius Rusticus), et qu’il ait aimé la liberté comme l’avait aimée ce malheureux esclave, au point d’être un César qui eut en horreur de « césariser » (le verbe fut inventé, avec haine, par Marc Aurèle lui-même). Car cet homme qui gouvernait une si grande partie du monde, et ne connaissait pas une heure de calme dans son prétoire ambulant, conserva, malgré tout, son habitude de jeunesse d’écrire la nuit. Il s’était servi de la langue romaine dans sa correspondance (échangée avant son accession à l’Empire) avec son ami et son maître Marcus Cornélius Fronton, où il traitait de sujets d’étude, de questions de style, donnait des nouvelles de sa santé fragile, compromise d’ailleurs par son rigide ascétisme; mais, empereur, il écrit en grec quand il se parle à lui-même et se place devant sa conscience. Marc Aurèle, à Carnunte, écrit ses Pensées , sans doute pour oublier le tumulte de la journée précédente, passée à se battre. Stoïcisme ? Certes, bien que son œuvre ne soit pas un traité de philosophie stoïcienne — elle ne comprend ni le dogme impitoyable d’Epictète, ni le ton professoral et théorique de Sénèque — elle a quelque chose de tout à fait propre à Marc Aurèle, c’est-à-dire la manière humaine, intime et émouvante dont il a transformé la doctrine en un constant examen de conscience. Dans ses rapports avec les chrétiens, Marc Aurèle adopta l’attitude juridique de Trajan : ne pas les rechercher mais les châtier s’ils étaient dénoncés et se refusaient à célébrer le culte de la religion ancestrale. Bien plus que la persécution, c’est son jugement très dur à leur égard qui compte, et leurs défenseurs, bien qu’il refusât de les entendre, ne firent point figurer le sage empereur au nombre des persécuteurs.
[…] surtout l’extrême exigence morale, illustrée par les oeuvres de Sénèque, Épictète et Marc-Aurèle. Bien qu’il existe de nombreuses variantes dans la pensée des philosophes stoïciens, on […]
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