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Mao ze-dong / MAOÏSME

Mao ze-dong
(1893-1976.) Dirigeant politique chinois, organisateur de la révolution chinoise dans ses différents moments. Son principal apport à la théorie marxiste tient en une étude sur la notion de contradiction, mais aussi en une tentative de diffusion dans l'ensemble du peuple des rudiments de philosophie par la lecture - quasi obligatoire - d'un choix de ses citations (le « Petit Livre rouge »).
♦ En ce qui concerne la politique, Mao admet qu'elle doit être « au poste de commandement » - ce qui contredit le primat reconnu par l'orthodoxie marxiste à l'économique - et que sa pratique obéit au principe du « Un se divise en deux » : tout parti révolutionnaire se scinde nécessairement en une aile droite et une aile gauche, ce qui justifie l'élimination constante des opposants et une « révolution culturelle » appelée à se répéter.
♦ Ses Interventions aux causeries de Yenan sur l'art et la littérature (1942) affirment que tout art est au service d’une classe : l'art révolutionnaire doit donc être rigoureusement soumis à des principes militants ; il sera « réaliste » (empruntant ses formes et ses techniques à la représentation académique - bourgeoise - de la fin du xixe siècle sous prétexte de « clarté ») et d'un contenu « positif », exaltant les héros de la révolution et ses dirigeants, critiquant jusqu'à la caricature les révisionnistes et autres réactionnaires. Quant aux écrivains, ils doivent se mettre « à l'écoute » du peuple, et spécialement des paysans, pour produire des textes qui les concernent authentiquement. Le « maoïsme » a eu en Europe une certaine influence (fin des années 60, début des années 70) - mais qui n'a pas survécu à la réévaluation d'une « révolution culturelle » (désastres économiques, désorganisation globale de la société) apparaissant finalement comme un phénomène totalitaire.
MAOÏSME
Après la prise du pouvoir par les communistes chinois en 1949, l’idéologie connaît un développement en deux étapes sensiblement différentes. Pendant les premières années du nouveau régime, on laïcise cette idéologie qui déjà dérapait dangereusement vers un culte. On édite les Œuvres choisies de Mao Zedong soigneusement corrigées et débarrassées de formules peu conformes au canon marxiste stalinien. Le dirigeant chinois devient l’auteur de référence pour tout travail, toute réflexion. Ceux qui se permettent de dénoncer cet étouffant conformisme, comme Hu Feng, un intellectuel ami de l’écrivain révolutionnaire Lu Xun (1881-1936), sont impitoyablement brisés. Mais cependant, peu à peu, Mao Zedong voit son statut réduit. On estompe son originalité au point de voir la référence à sa pensée effacée des statuts du Parti communiste chinois (PCC) lors du VIIIe congrès, en septembre 1956, sur proposition du secrétaire général Deng Xiaoping.
À partir du lancement du Grand Bond en avant, en 1958, la prise de distance avec l’URSS qui aboutit à une totale rupture en 1963, et l’affirmation d’une voie chinoise originale vers le socialisme, conduisent à une exaltation de la « pensée de Mao Zedong ». L’idéologie atteint, dans ces années qui précèdent la Révolution culturelle, son intensité maximale. C’est alors que Lin Biao met au point le célèbre Petit Livre rouge qui diffuse les idées du « grand timonier », regroupées en divers centres d’intérêt en une sorte de guide idéologique pour déjouer toutes les embûches du parcours de la vie. On atteint, avec la Révolution culturelle, à un culte. Ainsi, à Shanghai, tous les matins en 1967-1968, les locataires des immeubles, réunis devant le portrait de Mao orné de guirlandes rouges, reconnaissent en public leurs manquements à l’idéologie officielle dans leur comportement quotidien, prennent des engagements pour se réformer et psalmodient divers passages du Petit Livre rouge qu’ils brandissent. On revient, par un détour très surprenant, aux pratiques des « superstitions » populaires que l’on condamne violemment par ailleurs en dénonçant les religions traditionnelles comme terreau sur lequel se développent l’obscurantisme et la contre-révolution.
Toutefois, seul un groupe de gardes rouges particulièrement « gauchistes », au Hunan, le Shengwulian, fera de cette pensée une nouvelle théorie, parlant du « maoïsme », expression inconnue des autres sources chinoises.
Après la mort de Mao Zedong, en 1976, sous l’impulsion des réformateurs et de Deng Xiaoping, le rôle de l’idéologie est d’abord réduit, puis consolidé. Le document adopté en juin 1981 par le 6e plénum du XIe congrès du PCC (Quelques questions concernant l’histoire de notre parti depuis 1949) précise que la pensée de Mao Zedong fait partie, avec le marxisme-léninisme, des fondements théoriques sur lesquels repose le Parti communiste. C’est un des « quatre principes » fondamentaux dont on ne doit pas s’écarter sous peine d’être exclu. Mais cette pensée n’est plus que la « pensée collective du Parti tout entier » et représente l’application concrète des principes généraux du marxisme à la réalité chinoise. S’y référer signifie donc que la modernisation doit se faire dans le cadre d’un socialisme ouvert et non dogmatique. Rien de plus, rien de moins. On est loin des péans de 1945 ou du délire des années folles du maoïsme extrême.
MAO TSE-TOUNG. Révolutionnaire et homme d’Êtat chinois. Né à Chaochan (Hou-nan) le 26 décembre 1893, mort à Pékin le 9 septembre 1976. Issu d’une famille paysanne relativement aisée, il subit, enfant, la tutelle d’un père très dur qui l’incite à la rébellion. Après des études à l’Ecole Normale de Tch’ang cha, en 1918, il obtient, grâce à Li Ta-tchao, un poste d’aide-bibliothécaire à l’Université de Pékin. Il s’y lie avec Tch’en Tou-sieou et découvre le marxisme. Dès lors, sa vie se confond avec l’histoire du Parti communiste chinois, à la fondation duquel il participe en juillet 1921 à Shanghai. Pendant les années du Front uni avec le Kuo-min-tang, il occupe différents postes : il est notamment, en 1926, directeur de l’institut national des cadres du mouvement paysan à Canton. A la même époque, témoin des luttes paysannes dans le Hou-nan, il prend conscience de la capacité révolutionnaire de la paysannerie, s’opposant sur ce point au Parti. Il écrit alors Analyse des classes de la société chinoise (1926) et le Rapport sur l’enquête menée dans le Hou-nan à propos du mouvement paysan (1927), œuvre enthousiaste où il défend la nécessaire violence de la révolution. Après l’éviction des communistes du Kuo-min-tang, Mao établit, en 1927, dans les monts Tsing-kang-chan une « base soviétique ». Il est bientôt rejoint par Chu Teh et ils organisent un pouvoir politique et militaire. Les défaites communistes contraignent Mao à une retraite vers le nord-ouest du pays en octobre 1934. C’est au cours de cette « Longue Marche » (1934-1935) qu’il s’impose comme chef du Parti en janvier 1935. L’agression japonaise conduit les communistes à s’allier à nouveau au Kuo-min-tang en 1937. Mao élabore à cette époque les règles de la guerre révolutionnaire. Il écrit Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine (1936), De la guerre prolongée (1938), ainsi que des ouvrages philosophiques : A propos de la pratique (1937), A propos de la contradiction (1937). Dès 1938, il recommande un marxisme adapté aux conditions concrètes de la Chine et, dans La Nouvelle Démocratie (1940), développe sa conception du front uni. Dans cette perspective, il écrit encore Préface et Postface aux enquêtes à la campagne (1941). En 1942, Mao élabore les règles d’un art prolétarien dans les Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan . Après la capitulation du Japon, la guerre civile reprend et s’achève par la victoire de l’Armée populaire de libération et la fondation de la République populaire de Chine en 1949. Jusqu’au « Grand bond en avant » (1958), Mao parvient à imposer l’essentiel de sa politique, accélérant le processus de collectivisation rurale à partir de 1955. Il prononce en 1956 un important discours. Sur les dix grands rapports, et en 1957 les premières dissensions ouvertes lui inspirent De la juste solution des contradictions au sein du peuple . L’échec du « Grand bond en avant » contraint Mao à un relatif effacement : il abandonne en 1959 la présidence de la République à Liou Chao-chi, demeurant le chef prestigieux du Parti. Il cherche cependant à reprendre le pouvoir et en 1966 lance la Révolution culturelle qui voit le triomphe de « la pensée de Mao Tsé-toung ». Contre la voie économiste, Mao cherche d’abord à transformer l’homme et à forger une nouvelle conscience collective. Une lutte s’instaure cependant au sein des équipes dirigeantes. Depuis la mort de Mao et la chute de la « bande des quatre », l’héritage maoïste semble de plus en plus contesté par ses successeurs et par la population, qui n’hésitent plus à mettre en cause l’infaillibilité du «Grand Timonier». Mao reste cependant celui qui a conduit le mouvement révolutionnaire à la victoire et la Chine à retrouver indépendance et puissance. Ses poèmes, écrits en langue ancienne, scandent les épisodes marquants de cette épopée.


Homme politique chinois. Né dans une famille de paysans aisés du Hou-nan (Chine du Sud), il fit des études assez rudimentaires, devint aide-bibliothécaire à l'université de Pékin, et c'est là qu'il entra en contact avec la pensée marxiste. En 1921, il participa à la fondation du parti communiste chinois au congrès de Shanghai, et entra au Comité central en 1923. Parmi les dirigeants du parti, il défendait l'idée d'une révolution s'appuyant sur la paysannerie. Il devint, en 1931, président de la République soviétique chinoise du Hou-nan et du Kiang-si. Devant l'offensive du Kouo-min-tang, il organisa, entre oct. 1934 et 1935, la « Longue Marche » qui transféra le siège du PC chinois de la Chine du Sud vers la région du Chan-si, aux limites nord de la Chine. Devenu chef du parti, il favorisa la réconciliation tactique avec le Kouo-min-tang après l'agression japonaise mais relança la guerre civile après la défaite nippone. Il fut le théoricien de la guerre révolutionnaire, qu'il concevait comme une vaste manœuvre d'encerclement des villes par les campagnes. En oct. 1949, le triomphe du communisme chinois fut le triomphe de Mao : président du parti depuis 1945, il devint alors président de la République populaire. Le volontarisme maoïste devait connaître, dans le domaine économique, de nombreuses et graves catastrophes, comme le « Grand Bond en avant » et l'expérience des « communes populaires ». L'échec désastreux de cette politique écarta Mao du pouvoir (1965) et la direction du pays revint à des hommes plus pragmatiques et prudents tels que Liou Chao-chi. Mais au plénum du Comité central de 1966, il reprit en main la direction effective du parti et lança la « révolution culturelle » qui bouscula l'appareil, écarta les chefs modérés, et chercha à bouleverser les mentalités pour créer un homme nouveau. Il s'appuya sur l'armée (dont le chef, Lin Piao, devint son héritier politique) et sur les gardes rouges. Le culte du « Grand Timonier », de la « pensée Mao Zedong » atteignit alors son apogée. Mais cette politique dédaigneuse des réalités créa le chaos dans la société chinoise. Elle s'accompagna de violences massives et elle entraîna des résistances de plus en plus vives. Dès 1971, Lin Piao fut éliminé. En août 1973, Teng Hsiao-ping et quelques autres cibles de la révolution culturelle furent réélus au Comité central, de sorte que la « démaoïsation » commença du vivant même de Mao et s'accéléra après sa mort.

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