Manifeste du surréalisme d'André BRETON, 1924-1929-1942-1953, Gallimard
Breton a réuni sous ce titre les principales proclamations qu'il a lancées au cours du développement du mouvement surréaliste. Le Manifeste du surréalisme de 1924 a paru au moment de la fondation du groupe à partir du mouvement Dada. Faisant l'éloge de l'imagination, du merveilleux et du rêve (avec référence aux travaux de Freud sur les rêves), Breton définit le nouveau mode d'expression pure qu'il appelle surréalisme en hommage à Apollinaire (créateur de l'adjectif surréaliste) : Surréalisme, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Suivent ces postulats philosophiques : Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. Sont cités dix-neuf fidèles qui ont fait acte de surréalisme absolu, parmi lesquels Aragon, Breton, Desnos, Éluard, puis des écrivains du passé et du présent qui se sont montrés surréalistes à quelque titre : Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé. En outre, au cours de l'article, Nerval et Lautréamont bénéficient de mentions particulières. Dans le Second Manifeste du surréalisme (1929), Breton rappelle que le surréalisme a pour dogmes la révolte absolue et la violence, et, avec une brutalité dont il s'est excusé dans sa préface de 1946, il invective et excommunie, au nom de la pureté du mouvement, ceux de ses amis qui sont retombés dans le péché de littérature commerciale ou sont entrés dans l'obédience communiste. (Breton qui voulait une révolution totale ne se désintéressait pas de la révolution soviétique, mais n'acceptait pas de limiter son entreprise à une révolution socio-économique). Après 1940, dans des textes d'un ton apaisé, Breton continue de défendre la pureté de l'idée surréaliste comme principe d'opposition.
MANIFESTE nom masc. - Texte théorique par lequel un individu ou un groupe présente au public ses positions en matière esthétique ou politique. ÉTYM. : du latin manifestas par l’intermédiaire de l’italien manifesta. En littérature, le manifeste sert la plupart du temps à lancer un mouvement littéraire en exposant les principes de son esthétique. C’était l’ambition par exemple du Manifeste du surréalisme (1924) d’André Breton. La Défense et Illustration de la langue française (1549) de Du Bellay peut être considérée comme un manifeste.
Liens utiles
- Selon André Breton, un poème doit être une débâcle de l'intellect. Paul Valéry affirme au contraire: j'aimerais infiniment mieux écrire en toute conscience, et dans une entière lucidité quelque chose de faible, que d'enfanter à la faveur d'une transe et hors de moi-même un chef d'oeuvre d'entre les plus beaux. Faut-il donc condamner totalement le surréalisme ?
- KASPI André, La guerre de Sécession. Les États désunis. Gallimard, 1992, 180 p
- À propos des collages de Max Ernst, André Breton parlait de « la faculté merveilleuse, sans sortir du champ de notre expérience, d'atteindre deux réalités distantes et de leur rapprochement tirer une étincelle » : en quoi le recueil Les Mains libres de Man Ray et de Paul Eluard peut-il sapparenter à cette esthétique du collage ?
- L'oeuvre d'Aragon POÉSIEFEU DE JOIE (1920)UNE VAGUE DE RÊVES (1924)LE MOUVEMENT PERPÉTUEL (1925)VOYAGEUR (1927)LA GRANDE GAIETÉ (1929)PERSÉCUTÉ PERSÉCUTEUR (1931)ÉCLAIREZ VOTRE RELIGION.
- L'oeuvre d'André Breton