Malebranche: liberté, volonté et dignité
A partir de son étude ordonnée, dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant :
« Une personne se représente une dignité comme un bien qu’elle peut espérer ; aussitôt sa volonté veut ce bien, c’est-à-dire que l’impression que l’esprit reçoit sans cesse vers le bien indéterminé et universel, le porte vers cette dignité. Mais comme cette dignité n’est pas le bien universel, et qu’elle n’est point considérée, par une vue claire et distincte, comme le bien universel (car l’esprit ne voit jamais clairement ce qui n’est pas), l’impression que nous avons vers le bien universel n’est point entièrement arrêtée par ce bien particulier. L’esprit a du mouvement pour aller plus loin ; il n’aime point nécessairement ni invinciblement cette dignité, et il est libre à son égard. Or sa liberté consiste en ce que, n’étant point pleinement convaincu que cette dignité renferme tout le bien qu’il est capable d’aimer, il peut suspendre son jugement et son amour ; et ensuite (...) il peut, par l’union qu’il a avec l’être universel ou celui qui renferme tout bien, penser à d’autres choses et par conséquent aimer d’autres biens. Enfin, il peut comparer tous les biens, les aimer selon l’ordre, à proportion qu’ils sont aimables, et les rapporter tous à celui qui les renferme tous et qui est seul digne de borner notre amour, comme étant seul capable de remplir toute la capacité que nous avons d’aimer. »
MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, Livre I, chap. I.
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• En quoi consiste « la liberté » de l’esprit ici ? • Analyser précisément les différentes expressions suivantes: « un bien » ; « le bien indéterminé et universel » ; « le bien universel » ; « ce bien particulier » ; « tout le bien » ; « celui qui renferme tout bien » ; « d’autres biens » ; « tous les biens ». • Comment comprenez-vous : « l'impression que l’esprit reçoit sans cesse vers le bien indéterminé et universel », « l'impression que nous ayons vers le bien universel n’est point entièrement arrêtée par » ? • Comment comprenez-vous : « car l’esprit ne voit jamais clairement ce qui n’est pas » ? Quel(s) problème(s) cela pose-t-il ?