MAIRET Jean de
MAIRET Jean de. Auteur dramatique français. Né à Besançon (Doubs) le 4 janvier 1604, mort dans la même ville le 31 janvier 1686. Issu d’une famille de gentilshommes allemands qui, en haine de la Réforme, étaient venus s’établir dans la Franche-Comté (alors dépendante de l’Espagne), il fut orphelin de bonne heure (1614). Ayant été mis peu après (1616) au Collège des Grassins, à Paris, il s’y fit bientôt remarquer par son génie poétique. A telle enseigne qu’au sortir de ce collège, il réussit à faire jouer la tragédie intitulée Chriséide et Arimant, œuvre qu’il venait de composer tout d’une haleine en s’inspirant de L’Astrée d’Urfé, et qui obtint un vif succès (1620). Changeant un peu sa manière, Mairet donna, l’année suivante (1621), Silvie , pièce de concetti qui fut aussi fort applaudie. Quatre ans plus tard, il s’acquit pleinement l’admiration du public avec une tragédie pastorale : La Silvanire, ou la morte vive (1625). Ayant gagné les bonnes grâces du duc de Montmorency, grand-amiral de France, Mairet le suivit alors dans son expédition contre les protestants retranchés dans l’île d’Oléron. Pendant cette campagne (1626), il fit preuve d’une grande bravoure. Sitôt quitte avec l’armée, il revient de plus belle au théâtre : Les Galanteries du duc d’Ossonne, comédie (1627), Virginie, tragi-comédie (1628), Marc-Antoine ou la Cléoâtre, tragédie (1630). Mairet allait maintenant produire son chef-d’œuvre, à savoir la toute première tragédie où se trouve observée strictement la règle des trois unités : Sophonisbe (1634), jouée devant Louis XIII; la pièce obtint un tel succès que Mairet se vit accorder une pension de Richelieu, et l’honneur de figurer parmi les auteurs que le cardinal faisait travailler sous sa férule. Pourtant, le dramaturge devait bientôt voir pâlir son étoile : ce fut le jour où parut Le Cid de Pierre Corneille (1636). Déconcerté par ce triomphe auquel il était loin de s’attendre, Mairet en conçut une si noire jalousie qu’il se jeta sans hésiter (avec Chapelain, Scudéry et Richelieu lui-même) dans la fameuse « Querelle » qui devait, en fin de compte, tourner à sa confusion. Contraint de s’incliner devant le génie de Corneille, il eut le bon esprit de lui laisser le champ libre et semble avoir renoncé au théâtre après 1637. Après avoir fait, dans le Maine, un long séjour, il se maria (1647), puis s’occupa de politique — plaidant surtout la cause de la Franche-Comté (qu’il tenait pour sa vraie patrie) (1649). Nommé ensuite résident à Paris par le Parlement de Dôle (1650), il revint dans la capitale. Ayant malheureusement déplu à Mazarin pour avoir fait, à l’excès, l’éloge du roi d’Espagne, il se vit bientôt exiler à Besançon (1653). Bien que cette ville fût sa ville natale, Mairet s’y ennuya tellement qu’il se mit à solliciter l’autorisation de revenir à Paris. Il ne devait l’obtenir qu’à la paix des Pyrénées (1659). Fort bien accueilli à la cour, il offrit à la jeune reine un sonnet de circonstance, lequel, à sa grande surprise, lui valut mille louis d’or. Ayant perdu néanmoins l’envie d’écrire et peu enclin à se consoler de la gloire de Corneille, le poète alla finir ses jours à Besançon. On peut considérer Mairet comme l’un des initiateurs de notre tragédie classique.