Databac

Maine de Biran: Troisième vie

Troisième vie

• La troisième vie est la vie spirituelle qui, au travers de l’expérience de la grâce, tend à « l’absorption en Dieu par la perte du sentiment de moi et l’identification de ce moi avec son objet réel, absolu, unique » (DEA, 322).

•• La science de l’homme a trois cercles : la vie animale simple, la vie humaine double, la vie spirituelle ou troisième vie dont le principe est la grâce (DEA, 26). La psychologie, seule base réelle de la connaissance commence et finit avec le moi, dans la seconde vie. La vie machinale du corps et la vie spirituelle, où l’esprit purement réceptif se dégage du registre personnel pour s’absorber par amour et passion en Dieu, sont en réalité symétriques. Car la physiologie et la théologie dépossèdent le sujet de son activité : « Les deux extrêmes se touchent ; la nullité d’efforts ou l’absence de toute activité emporte la nullité de conscience ou du moi, et le plus haut degré d’activité intellectuelle emporte l’absorption de la personne en Dieu ou l’abnégation totale du moi, qui se perd de vue lui-même » (Journal, II, 188).

••• Alors que la première philosophie de Biran aura cherché à donner une physiologie de la pensée, sa dernière philosophie sera tentée par une théologie de la pensée, ce qui au fond revient au même : objectiver la pensée, absolutiser la pensée, déposer le moi dans le matériel ou l’immatériel, dans le corps ou en Dieu. « C’est ici que les systèmes physiologiques et théologiques, tout éloignés qu’ils paraissent, peuvent se rejoindre dans une même idée, à savoir celle d’une force indépendante de la volonté » (Journal, II, 318). Sans aucun doute à partir de 1818, le sentiment d’un exercice de la liberté de plus en plus difficile (une vraie crise morale) pousse Biran vers la théologie et la religion, vers la recherche d’un point d’appui fixe et absolu. Mais c’est aussi sa force philosophique que d’avoir senti et dit tout ce que cette recherche a d’inconciliable avec les principes de sa psychologie : l’inclination théologique ne supprime pas les lois élémentaires de la psychologie. « Changez cet ordre essentiel de la nature humaine, substituez l’influence immédiate d’une autorité extérieure quelconque à l’autorité ou à l’évidence de la conscience ; qu’une force étrangère prenne la place de la spontanéité du vouloir et de la liberté d’action, et vous détruirez l’homme moral, vous anéantirez du même coup et la science et la vertu » (DMR, 86).

Liens utiles