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Maine de Biran: Métaphysique

Métaphysique

• Pour Biran, la métaphysique doit être « la science des principes ou des commencements de nos idées et opérations de tout ordre » (D, 60), ou la « science des facultés propres au sujet pensant » (A, 8), ou encore la « science des premières notions de l’esprit humain et des premières raisons des choses » (RSP, 49).

•• Principes, idées, notions, facultés propres, l’objet de la métaphysique peut varier mais cette variation revient au même : la métaphysique est d’abord une science qui traite du fait primitif et de la dérivation des idées et des facultés actives à partir de ce fait primitif. De ce point de vue on peut l’identifier à la psychologie pure. Elle est en effet cette science qui dégage par réflexion ce qui revient au moi et qui dérive toutes les notions fondamentales le concernant. Elle a pour domaine ce « sujet qui s’abstrait lui-même [...] de toute représentation externe et qui s’aperçoit sous ces attributs d’unité, de simplicité, de permanence qui conviennent aussi à l’objet dans le point de vue mathématique » (E, 78). Elle est donc « science de l’esprit ou du moi » (E, 81). Par cela elle est une science de l’existence (car elle part de la conscience et la conscience est conscience d’exister) et ne saurait en aucun cas partir du possible ou de l'absolu, commencements abstraits considérés « avant et hors du sujet constitué » (A, 51). Replacée dans le cadre de la dualité primitive qu’est la conscience, et considérée dans sa capacité réflexive, la métaphysique est le pendant de la mathématique. L’une traite de l'unité d'action (sujet métaphysique) d’où dérive la connaissance subjective, l’autre de l'unité de résistance (objet mathématique) d’où dérive la connaissance objective. « La science métaphysique a sa source dans le fait primitif de conscience, où le sujet de l’effort est constitué par rapport au terme qui résiste. Ce terme séparé de tout ce qui n’est pas lui sert de fondement à toutes les conceptions mathématiques, tandis que ce sujet abstrait par la réflexion est le point central d’où partent et où se rallient toutes les notions du métaphysicien » (E, 564). C’est ainsi que la métaphysique remonte par réflexion jusqu’au sujet séparé de toute représentation externe et l’aperçoit sous des attributs propres mais isomorphes à l'objet mathématique (unité, simplicité, permanence) (E, 78).

••• La métaphysique est toute entière psychologique. Son domaine est le fait primitif de conscience et elle ne saurait avoir un autre commencement ni ne doit avoir un autre territoire que ce fait premier. On ne pourra plus contester « à une métaphysique ainsi circonscrite dans un champ tout psychologique la réalité et la certitude ou l’évidence même de son objet ». Pourvu qu’on s’en tienne à cette circonscription, la métaphysique ainsi bornée serait alors une « science positive, celle des faits de sens intime liés les uns aux autres, et à un premier fait évident par lui-même qui lui servirait de base, de principe, comme elle en servirait elle-même à toutes les autres sciences » (E, 619).

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