Maine de Biran: Mémoire
Mémoire
• « Les traces de nos vouloirs [...] ne se réveillent que par l’exercice de la même force à qui elles doivent leur origine : c’est cette répétition d’exercice qui constitue la mémoire ou le rappel proprement dit » (E, 497).
•• La mémoire intellectuelle et libre ne concerne pas toutes les traces (affections, sensations, images, idées etc.) mais les seules traces du vouloir. Elle n’est donc pas un « dépôt des images » ou un réservoir passif. Elle est au contraire une faculté active car tout rappel d’actes est nécessairement la répétition intérieure de ces actes. Lorsque des actes ont été liés à des signes institués et que la « liaison des signes aux idées a été régulièrement faite » (E, 499) la mémoire repose sur ces signes. C’est pourquoi Biran distingue trois sortes de mémoire par le seul critère de la liaison du signe et de l’idée : mémoire mécanique« si les signes sont absolument vides d’idées »; mémoire sensitive si le signe n’exprime qu’un concept vague, une modification affective, « une image fantastique quelconque » ; mémoire intellectuelle si le signe s’accompagne, lors du rappel, « de l’évocation claire de l’idée » (I, 225).
••• Il y a à distinguer ce qui constitue d’un côté la trame personnelle des actes du sujet, son « existence continuée », et de l’autre côté les séries impersonnelles d’images, représentations, modifications qui renaissent spontanément. Biran met sur la première ligne la réminiscence personnelle (actes), la réflexion et la mémoire, sur la seconde ligne la réminiscence modale (résultats d’actes et modification passives), l'attention et l’imagination (D, 159). Le partage entre actif et passif en l’homme se joue sur cette frontière : rappel intellectuel ou sensitif-mécanique, prédominance de l’acte ou de son résultat, mode de reproduction volontaire ou spontané.
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