Maine de Biran: Aperception interne immédiate
Aperception interne immédiate
• L’aperception interne immédiate est « ce sens de l’effort immanent qui est le fond même de la vie de relation » et qui constitue notre « existence personnelle » (DEA, 16). L’aperception interne immédiate se rattache « au sentiment d’une force hyperorganique appliquée à une résistance vivante organique » (A, 153). Il existe donc un fait attesté par la conscience qui est « l’aperception interne immédiate interne du moi, un simple, identique, sujet réel, actuel et non point abstrait ou possible de tous les modes de l’existence, toujours présent à lui-même comme personne individuelle sans se concevoir jamais d’abord comme une chose, sans pouvoir jamais se représenter ou s’imaginer de dedans en dehors » (RSP, 236)
•• L’aperception interne immédiate est le sentiment interne de l’existence du moi individuel. Un tel sentiment est donné dès qu’il y a saisie corrélative et immédiate de l’effort et de la résistance organique. Nous touchons par cette aperception à un plan d’immanence radicalement premier où le moi s’aperçoit existant mais sans que cet état de conscience enveloppe encore aucune sensation, perception, représentation ou réflexion. L’immanence désigne ici cette sphère d’évidence personnelle et subjective où force hyperorganique et corps propre sont liés en un même sentiment existentiel. Elle signale la naissance du sujet à lui-même, l’apparition de la conscience intime du sujet par un acte d’effort inaliénable et intraduisible. Cette aperception où le sujet se reconnaît inclut une temporalité propre constitutive du sentiment de l’identité subjective, de sa permanence et de sa durabilité. «Le moi s’aperçoit donc primitivement: [...] dès que le temps commence pour lui, ou qu’il sent son existence liée à l’ordre des successifs, il se reconnaît et s’entend lui-même comme un être identique permanent et durable » (DEA, 217). ••• On remarquera que dans l’aperception interne immédiate, le sentiment d’existence enveloppe aussi bien la force-active que le corps propre : « Le moi ne peut exister pour lui-même sans avoir le sentiment ou l’aperception immédiate interne de la coexistence du corps » (E, 382). Il est par conséquent inutile de vouloir montrer l’existence du corps. Il est non seulement inutile mais absurde de vouloir prouver par la raison que le corps existe alors que le sentiment d’existence du moi enveloppe le corps propre. Prouver une existence est en effet impossible ; l’existence du corps propre immédiatement sentie ne peut aucunement être représentée objectivement, ou encore être saisie par des images à la manière d’une chose. Dès qu’il y a aperception, l’existence du corps est donnée. La conscience est ainsi toujours conscience corporée. L’aperception interne immédiate n’inclut pour cette raison aucun « mode de connaissance extérieure et objective du corps » (E 382) mais une conscience intérieure, immédiate et subjective du corps. Pour cette raison encore, l’expérience aperceptive prend simultanément la forme du temps (activité) et la forme de l’espace (corporéité) : « L ’espace est comme la forme inséparable de l’aperception immédiate du terme organique sur lequel la volonté se déploie, et le temps est la forme même sous laquelle le moi existe en s’apercevant qu’il agit » (RSP, 203). Par opposition, l’aperception médiate externe désigne toute aperception qui inclut une matière externe (et non l’espace interne du corps) comme c’est le cas dans la perception.
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