Mahmoud II (1784-Constantinople 1839) ; sultan de l'Empire ottoman [1808-1839].
Mahmoud II (1784-Constantinople 1839) ; sultan de l'Empire ottoman [1808-1839]. Fils du sultan Abdul Hamid Ier, M. n'est pas de mère française, contrairement à ce qui a été affirmé. Son avènement le 28 juillet 1808 se produit dans des circonstances particulièrement dramatiques : lors de l'assassinat de Sélim III par Mustafa IV, M. n'échappe au même sort qu'en se dissimulant sous des tapis. Il est ensuite porté au trône par le pacha réformateur Mustafa Bay-raktar, qui devient pour sa part grand-vizir. Bien que capable de traits de cruauté, M. ne manque pas de vues personnelles et justes. Les trois grands problèmes auxquels il se trouve confronté sont la nécessité des réformes intérieures, les mouvements indépendantistes qui menacent de toutes parts l'intégrité de l'Empire, et les progrès de l'expansionnisme russe. Sous la pression de la menace napoléonienne, la paix avec la Russie intervient en 1812 (paix de Bucarest), au prix pour l'Empire turc de la perte de la Bessarabie, mais toutes les autres conquêtes russes sont rétrocédées. M. profite du répit ainsi accordé pour tenter de consolider son pouvoir. Il doit faire face à de multiples tentatives de sécession : en Anatolie, en Mésopotamie, en Arabie et en Serbie où, en 1817, Miloch Obrénovitch est officiellement reconnu comme prince vassal de Constantinople. Particulièrement grave s'avère le soulèvement des Grecs, attisé très certainement par le gouvernement arbitraire, puis la rébellion d'Ali Pacha de Janina. M. réprime la révolte grecque avec la plus grande cruauté, tandis que la Russie profite de l'affaiblissement de l'Empire ottoman pour élever sans cesse de nouvelles prétentions. Finalement, les principaux Etats européens prennent fait et cause pour les Grecs, si bien que M., totalement isolé, se voit infliger l'anéantissement de la flotte turque dans le golfe de Navarin (20 oct. 1827) et doit faire face à une nouvelle guerre avec la Russie. Au traité d'Andri-nople (14 sept. 1829), M. est contraint de reconnaître l'indépendance de la Grèce et de reconnaître aux Russes des avantages commerciaux et le libre passage dans les Détroits pour leurs navires marchands. C'est à partir de 1826 que M. tente de procéder à la réalisation d'un plan mûri de longue date : la création d'une armée à l'européenne et la dissolution des régiments de janissaires. Mais cette réforme si nécessaire tombe à un bien mauvais moment et contribue à affaiblir davantage l'Empire turc face à l'extérieur : le soulèvement des janissaires est écrasé dans le sang, et d'autres réformes, notamment en matière financière et fiscale, ne sont pas toujours bien acceptées. La défaite essuyée en Grèce a pour conséquence indirecte de renforcer l'esprit d'indépendance du gouverneur d'Égypte Mehmed Ali, qui n'a rien obtenu en récompense de son soutien dans la lutte contre les Grecs. Sous divers prétextes, Mehmed Ali lance les troupes d'Ibrahim Pacha en Palestine et en Syrie, puis en Anatolie (1831-32). M. n'a plus d'autre ressource que d'aller quémander l'aide du tsar Nicolas Ier. Au traité d'Unkiar Skelessi (Hünkar Iskelesi) en 1833 est conclue avec la Russie une alliance défensive stipulant la fermeture des Détroits à tout navire de guerre étranger, ce qui libère la Russie de toute menace française ou anglaise en mer Noire et place en quelque sorte la Turquie dans la dépendance russe. M. passe ses dernières années à raffermir son pouvoir dans la partie asiatique de l'Empire, non sans se voir infliger en 1839 une nouvelle défaite de la part des Égyptiens, tandis que les Anglais s'emparent d'Aden. Si la situation léguée en 1839 à son fils Abdul Medjid Ier est difficile dans le contexte international, en revanche le règne de M. a donné une impulsion décisive à la volonté de réformes et de modernisation : à partir de 1830, d'importantes transformations affectent le gouvernement central et l'administration provinciale, on procède à des recensements de la population et au cadastre des terres en vue d'une répartition plus juste des impôts, la réforme de l'armée se poursuit avec l'aide de techniciens étrangers, notamment prussiens, des écoles supérieures sont créées, tandis que la presse turque fait ses premiers pas ; le sultan et sa cour adoptent les costumes et le mode de vie européens. Même si l'on ne peut pas encore parler d'une évolution générale des murs, la voie est ouverte aux réformateurs qui, après 1839, vont pouvoir bénéficier d'une période plus calme. Bibliographie : R. Mantran, Histoire de l'Empire ottoman, 1989, p. 436-457.
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