LYSIAS
Lieutenant pendant la campagne menée en Perse par le roi Épiphane (1 Macchabées 3, 31-36), Lysias devint chancelier et tuteur d'Antiochus V Eupator lorsque Antiochus IV mourut (164 av. J.-C). Lysias mata la révolte des Macchabées mais Judas Macchabée le bâtit en 165 av. J.-C. (1 Macchabées 4, 26-35). Lysias en fut finalement vainqueur à la bataille de Bethzakharia (162) mais il laissa la liberté religieuse aux Juifs et signa un traité avec eux. Nouveau roi, Démétrius Ier Sôter fit assassiner Lysias en 161 av. J.-C. (l Macchabées 7,2-4).
Lysias, orateur attique (Syracuse 458-Athènes 378 av. J.-C.). Fils de Céphalos, citoyen de Syracuse, qui s’installa à Athènes peu après la naissance de son fils, Lysias avait une quinzaine d’années lorsqu’il se joignit à la colonie envoyée par Périclès pour peupler la nouvelle fondation de Thurium, en Grande-Grèce. Il y resta jusqu’à l’époque de l'expédition des Athéniens en Sicile. II avait ainsi quarante-sept ans lorsqu’il retourna à Athènes. Emprisonné lors de l'établissement des Trente tyrans, en 404, il s’enfuit et rejoignit Thrasybule, avec qui il rentra victorieux à Athènes. Il aurait écrit 425 discours si l’on en croit Plutarque, chiffre qui doit être réduit aux environs de 230, sur lesquels il nous en reste 34.
LYSIAS. Orateur grec. Fils de Képhalos, né à Athènes, probablement vers 440 av. J.-C., mort aux alentours de 360 dans cette même ville. Son père, que la République de Platon nous présente comme riche, sympathique et intelligent, avait quitté sa Syracuse natale pour s’établir dans la capitale de l’Attique sur l’invitation de Périclès, et, en qualité de métèque, peut-être d’isotèle, ce qui était une situation privilégiée par rapport aux simples immigrés protègés, il y demeura trente ans. C’est à Athènes que Lysias passa son enfance et qu’il fut élevé avec les Athéniens des familles les plus illustres. Quelque temps après la mort de son père, Lysias partit pour l’Italie avec ses frères Polémarque et Euthydème (peut-être avec Polémarque seulement), prenant part à une émigration de colons athéniens vers Thourioi, où il résida comme citoyen jusqu’en 412 et où l’on peut admettre qu’il a suivi les cours de rhétorique du Syracusain Tisias. Par suite de la défaite des Athéniens en Sicile et du soulèvement de leurs alliés des colonies italiennes, il fut, avec trois cents autres personnes, contraint par le parti anti-attique a quitter la colonie, et rentra à Athènes. Par Aristote (Cicéron, Bru tus, 48), nous savons qu’il enseigna quelque temps l’art de l’éloquence, abandonnant ensuite la théorie, dans les subtilités de laquelle il était dépassé par Théodore de Byzance, pour la pratique. Vraisemblablement, il tint école de rhétorique de 412 à 404, non par nécessité, puisque le patrimoine familial comprenait, entre autres, une fabrique de boucliers occupant cent vingt esclaves, mais par vocation. Les fils de Képhalos furent du nombre de ceux dont l’avènement au pouvoir des Trente marqua la chute : les épisodes de la confiscation des biens, de l’arrestation de Lysias et de Polémarque, de la fuite du premier et de la fin du second revivent dans les pages du discours Contre Eratosthène , prononcé par Lysias en personne, après la restauration démocratique, pour obtenir justice contre l’un des principaux responsables de la mort de son frère. Echappant aux Trente et se réfugiant à Mégare, il prit une part active à la lutte organisée contre eux, fournissant armes et argent aux exilés, enrôlant des mercenaires, poussant un de ses hôtes à contribuer à la revanche en lui octroyant la somme considérable de deux talents. Quand la démocratie fut rétablie, son chef Thrasybule proposa que lui fût conférée la pleine qualité de citoyen en récompense des services qu’il avait rendus au peuple. Le décret fut voté, mais attaqué par Archinos pour irrégularité de procédure, et Lysias, n’ayant pas réussi à faire valoir ses mérites contre son adversaire, passa le reste de son existence à Athènes comme isotèle. Comme il était resté bien peu du patrimoine familial, il se mit à exercer la profession de logographe et à écrire des discours pour les clients se présentant à l’accusation ou à la défense devant les tribunaux ; en effet, dans la procédure attique, les intéressés prononçaient eux-mêmes leurs plaidoyers devant les juges, mais en remettaient la composition à des techniciens en renom. Son activité dans ce domaine fut prodigieuse : sur quatre cent vingt-cinq discours qui lui avaient été attribués, non moins de deux cent trente-trois furent considérés comme authentiques (il nous en est parvenu seulement, avec un certain nombre de fragments, trente-quatre dont l’origine n’est pas toujours indiscutée) et l’on disait qu’il n’avait perdu que deux fois le procès qu’on lui avait confié. Célébrés à juste titre pour la clarté de style, la vivacité et la finesse psychologique avec lesquelles sont présentés les divers personnages, les plaidoyers de Lysias — en particulier Pour l’invalide et Sur le meurtre d’Eratosthène — restent en Grèce un exemple insurpassé de ce « genus dicendi » vif et incisif que, chez les Romains, César devait porter à son sommet. De ceux qui ont été conservés et que l’on peut dater avec certitude, le dernier, Pour Phérénicos, se place entre 382 et 379. Si l’on accepte, sur la question controversée des limites chronologiques, l’indication donnée par Denys d'Halicarnasse (De Lysia, 12) selon laquelle Lysias aurait vécu quatre-vingts ans, sa mort doit être située vers 360.
♦ « Orateur fort habile. » Platon ♦ « Lysias, rendu immortel par son génie. » Philiscos (disciple d’Isocrate). ♦ « Son style est très pur, et c'est le meilleur modèle du dialecte attique..., usité en ce temps-là dans le pays. A cet égard, je veux dire pour la pureté du langage, qualité de première importance dans les discours, aucun orateur né après lui ne l'a surpassé, aucun même n'a pu l'imiter, si ce n’est Isocrate. » Denys d’Halicarnasse. ♦ « Les mérites littéraires de Lysias sont très grands, sinon de premier ordre. Il a porté à leur perfection les qualités qu’exigeait le métier de logographe et qui sont un peu celles d'un auteur dramatique : il excelle à dissimuler sa personnalité derrière ses clients d’occasion et à leur composer une physionomie originale et vivante en rapport avec leur situation et leur âge. Il conte leurs aventures dans des narrations pittoresques qui ont souvent l’allure d'un drame ou d 'une comédie. » M. Bizos.