Lyotard (Jean-François, né en 1924)

 Philosophe français qui, dès son premier ouvrage important, Discours, figure (1971), insiste sur la place centrale du désir (défini comme manque à la façon de Freud) au travail dans le langage et la perception ; dès lors, l'œuvre d’art authentique ne peut être que subversion (des codes, des formes, des langages admis). Cette « esthétique libidinale » se prolonge en 1974 par une Économie libidinale où les notions d’intensité, de parcours multiples, de corps comme bande mœbienne sans dehors ni dedans deviennent opératoires pour s’insurger contre la tyrannie des concepts et des systèmes. Insurrection d'autre part favorisée par les avancées contemporaines de la poésie ou de la peinture : Lyotard est de ces philosophes pour lesquels l'art n'a pas à être dominé par le discours philosophique ou esthétique, mais peut au contraire se situer, selon la parole de Rimbaud, « en avant ». Dans ce qu’il nomme volontiers le « postmodernisme », la pensée doit en effet se défier des mythes ou discours totalisateurs (essentiellement Marx et Freud) pour privilégier les impacts ponctuels, éventuellement éphémères, non cumulatifs, qui correspondent politiquement à un souci des minorités et à une lutte contre tout pouvoir centralisateur.

Autres œuvres : Dérive à partir de Marx et Freud ; Des dispositifs pulsionnels (1973) ; Instructions païennes (1977) ; La Condition postmoderne ; Au juste (1979) ; Sur la constitution du temps par la couleur dans les œuvres récentes d’A. Aymé (1981) ; Le Différend (1984) ; Le Postmoderne expliqué aux enfants (1986) ; L’Enthousiasme (1986) ; L’Inhumain, causeries sur le temps (1988) ; Heidegger et les Juifs (1988) ; Pérégrinations (1990).