LUMIÈRES
- LUMIÈRE NATURELLE (lat. lumen naturalis)
Chez saint Thomas, la raison procédant de Dieu et illuminant l'esprit humain. Chez Descartes, synonyme de raison, faculté de connaître innée en chaque homme et donnée par Dieu .
Les Lumières désignent le vaste mouvement intellectuel et philosophique qui s'est développé en Europe au xviiie siècle. Animé par la conviction selon laquelle le progrès dans les sciences et les arts conduira l'humanité vers la paix et le bonheur, ce courant de pensée s'est efforcé de développer et de diffuser la connaissance, en luttant activement contre toute forme d'obscurantisme ou de superstition. Les Lumières incitent l'homme à faire preuve d'autonomie et à penser par lui-même. Kant en formule la devise suivante : « Aie le courage de te servir de ton propre entendement. »
- LUMIÈRES (philosophie des). Les Lumières ("Aufklärung" en allemand) désignent un mouvement intellectuel européen qui a dominé le XVIIIe siècle, se développant sous l'impulsion des «philosophes» aussi bien en France qu'en Allemagne ou en Angleterre. On parle couramment de «siècle des Lumières ». Ses principaux représentants ont été en France Montesquieu, Voltaire, Diderot, les Encyclopédistes et, à sa façon, Rousseau (il ne partageait pas toutes les idées du mouvement).
- Les « Lumières » sont à la fois les facultés de l'esprit humain (raison, intelligence) et les idées, les savoirs qui « éclairent » l'humanité (lui permettant de sortir de l'obscurantisme des siècles précédents). La philosophie des Lumières se caractérise par :
- · La suprématie de la raison. «La raison est à l'égard du philosophe, dit Diderot, ce que la grâce est à l'égard du chrétien ». Cette raison n'est pas la simple raison « raisonnable » des moralistes classiques. Elle est la raison critique , la raison scientifique, rationnelle, qui s'appuie sur les faits pour en tirer des lois objectives.
- · La foi dans le progrès. Les progrès scientifiques (fruits de la raison et de l'expérimentation) convainquent le philosophe que le progrès peut s'étendre à toutes les dimensions de la vie humaine : artistique, culturelle, morale, sociale et politique. Cette foi dans le progrès, qui est une foi dans l'avenir, s'accompagne d'une critique systématique de l'autorité et de la tradition. Chacun est libre d'appliquer sa raison critique aux «vérités» établies par l'autorité des Anciens : le principe de libre examen joue en particulier dans le domaine religieux, où il s'oppose au dogmatisme, au fanatisme, et en particulier, au pouvoir de l'Église. La critique de la tradition, de l'ordre politique légué par la tradition, est consubstantielle de la notion de progrès. L'idée que l'on peut progresser aussi dans le domaine des institutions politiques prépare et légitime les aspirations révolutionnaires.
- · Un nouvel humanisme. L'homme n'est plus seulement une nature individuelle. L'épanouissement humain n'est plus une affaire de salut personnel. Pour le philosophe du XVIIIe siècle, l'homme, ce sont les hommes. C'est-à-dire d'une part la société à laquelle il participe, qu'il cherche à aimer et à servir pour en faire un lieu de justice, de tolérance, et de fraternité : «La société civile est pour ainsi dire une divinité pour lui sur la terre» (Diderot); mais aussi le monde planétaire auquel il appartient : le philosophe se sait membre de l'Humanité en marche. Il adhère le plus souvent au cosmopolitisme. Il connaît la relativité des moeurs et des lois sur la terre, et donc est convaincu que les moeurs et les lois peuvent être partout améliorées. Les valeurs humaines fondamentales (celles des Droits de l'Homme), dégagées de l'héritage chrétien, fondent un humanisme nouveau, laïque, centré sur les réalités terrestres, visant la libération de l'Humanité et la construction de l'Homme.
N.B. Ces remarques générales sur la philosophie des Lumières sont à nuancer dès que l'on s'intéresse à un philosophe en particulier. Les différences sont en effet importantes de l'un à l'autre. Rousseau par exemple, qui ne croyait guère au progrès de la civilisation, a sans doute les positions les plus radicales dans le domaine politique. Les attitudes sont de même très diverses sur le plan religieux : alors que Montesquieu demeure chrétien, Voltaire et Rousseau adhèrent au déisme, tandis que Diderot milite pour l'athéisme.
- Philosophie des Lumières
- Au sens général, les idées qui ont été développées en Europe au XVIIIe siècle. Plus précisément, on peut distinguer une philosophie des Lumières insistant sur l'idée de progrès rationaliste, associée par exemple aux encyclopédistes, et une philosophie des Lumières critique revenant réflexivement sur la thématique du progrès avec Rousseau ou Kant. Au sens kantien, les Lumières sont définies par l'impératif d'autonomie de la raison : devenir un sujet, mais aussi devenir une communauté politique ne peut et ne doit se faire que par rupture avec des normes contraignant celui-ci et celle-là de l'extérieur, de façon hétéronome.
- LUMIÈRES (philosophie des) - Mouvement intellectuel européen qui, fondé sur les valeurs de progrès et de raison, exerça une influence décisive sur l’histoire et la culture du XVIIIe siècle.
- Les « Lumières » en question sont celles de l’esprit humain. Pour les philosophes du XVIIIe siècle, elles doivent, comme l’explique Kant, permettre à l’individu de sortir de toutes les tutelles injustes par l’usage de sa propre raison.
- Le mouvement des Lumières - qui a donné son nom à un XVIIIe siècle qu’on nomme quelquefois le « Siècle des Lumières » — a été un mouvement européen. Il s’est développé aussi bien en France qu’en Allemagne, en Angleterre ou en Ecosse. Ses principaux représentants en France furent Montesquieu, Voltaire, Diderot et, d’une manière générale, les Encyclopédistes. On peut tenir également Rousseau pour un des philosophes des Lumières quand bien même il a toujours occupé une place en marge du mouvement et cela notamment à cause de la méfiance qu’il avait pour le progrès.
- La philosophie des Lumières est d’abord une philosophie critique. Elle se caractérise par le refus d’une autorité toute-puissante aussi bien dans le domaine de la religion que dans celui de la politique. De ce fait, les philosophes des Lumières s’opposent au dogmatisme, au fanatisme, à l’intolérance, au despotisme et s’attachent à agir contre ces fléaux en diffusant leurs idées. Ils affirment la valeur de la raison, de la science, de l’expérience et veulent participer au progrès d’une humanité qui, grâce à la connaissance, à la technique et à la philosophie, devrait se défaire des maux qui l’affligent.
—> Aufklärung - Critique (Esprit) — Libre examen
- LUMIÈRES (SIÈCLE DES): Période historique qui s'est étendue dans toute l'Europe du début du XVIIIe s. à 1789. On entend par « Lumières » une vision du monde marquée par la Raison, la liberté et le progrès de la connaissance. Cette période donna lieu à d'intenses débats, tant philosophiques, politiques que littéraires entre les partisans de la Raison éclairée et ceux de l'autorité des dogmes. Le XVIIe s. avait jeté les bases des Lumières. Descartes, Newton et Locke, à partir de leurs principes scientifiques (n'accepter pour vrais que les faits démontrés par la Raison, observer la Nature et en dégager des lois, soumettre à la critique les arguments d'autorité), avaient dégagé les « droits naturels » de l'homme en société. En se fondant sur les acquis du siècle précédent, les philosophes des Lumières ont affirmé des convictions communes : la croyance au progrès des sociétés humaines, la valorisation de l'individu, l'affirmation du droit au bonheur, l'adhésion à une religion « naturelle », qui aboutit parfois à la mise en cause de l'existence de Dieu (Diderot), mais qui défendait généralement la croyance en un Être suprême et, sur le plan politique, la critique de l'absolutisme de droit divin et l'éloge de la séparation des pouvoirs. Il y eut pourtant loin du libéralisme aristocratique de Montesquieu au contrat démocratique de Rousseau. Les Lumières ne sauraient pourtant être réduites à un âge de débats philosophiques. Le XVIIIe s. fut expérimental, curieux de sciences physiques et naturelles. Et le triomphe de la raison eut ses limites : littérature et peinture « larmoyantes », goût des ruines et des jardins à l'anglaise signalaient déjà les débuts d'une sensibilité romantique qui tempérait le règne de la Raison. Sur le plan politique, le projet des « despotes éclairés » fut une tentative de révolution de l'État par le haut (v. DESPOTISME ÉCLAIRÉ). Mais les réformes furent plus administratives et économiques que politiques et sociales, et les guerres incessantes, notamment celles menées contre la France révolutionnaire, s'accordèrent fort peu avec les projets rousseauistes ou kantiens de confédération européenne et de relations internationales pacifiées. Le véritable legs des Lumières serait alors à trouver dans les révolutions d'Angleterre, d'Amérique et de France. Mais la mise en système des Lumières, souvent mal assimilées, aboutit aux nationalismes et aux fanatismes religieux. Plus qu'une idéologie, les Lumières ont marqué la naissance d'un élan pédagogique fondé sur la confiance dans la politique et la certitude de l'universalité des droits de l'homme.
[…] Deux grandes questions ont préoccupé Rousseau: la liberté, qui est selon lui la véritable destination de l’homme, et l’alliance de la nature et de la société. Rousseau, quoique mal compris à son époque, est l’un des plus grands esprits du siècle des Lumières. […]
[…] précisément le rationalisme des philosophes du XVIIIe siècle (voir le mot Lumières). Le rationalisme est positif chaque fois qu’il pourfend la superstition et […]