Lueger, Karl (Vienne 1844- 1910); homme politique autrichien.

Lueger, Karl (Vienne 1844- 1910); homme politique autrichien. L. incarne un nouveau style politique. Il réussit pour la première fois à mobiliser politiquement les masses de la petite bourgeoisie. Il cherche à cet effet à copier la rigide structure d'une organisation socialiste, mais il parvient mieux à utiliser l'émotivité des masses, n'hésitant pas à recourir à une démagogie sans scrupules. Fils d'un huissier de l'école polytechnique de Vienne, L. ne peut fréquenter le célèbre Theresia-num et suivre ensuite des études de droit que grâce à l'obtention d'une bourse publique. Ses débuts politiques ont lieu au « Club des Citoyens » de tendance radicale ; il en est d'ailleurs le représentant en 1875 au sein du conseil communal de Vienne. Il se distingue aussitôt en affrontant le maire Kajétan Fel-der qu'il pousse à la démission. En 1883, il est l'un des hommes du programme de Linz. Il fait preuve de son ouverture d'esprit en assurant la défense d'accusés anarchistes en 1883. Mais ce n'est qu'en 1885 qu'il devient une figure politique par son élection au Conseil d'Empire, grâce à ses liens avec le prince Alois Liechtenstein et Karl Vogel-sang. À partir de 1890, il développe le mouvement chrétien-social et le transforme en un parti puissant qui s'implante principalement à Vienne et dans les régions agraires des pays alpins. L. attire les classes petites-bourgeoises, avantagées par le régime électoral dit des « cinq florins », en combinant des idées chrétiennes-sociales avec les intérêts des petits entrepreneurs et des couches laborieuses, en exploitant un antisémitisme teinté d'anticapitalisme, et enfin en faisant valoir un anti-socialisme brutal et des objectifs corporatistes. En 1895, il obtient les deux tiers des voix au sein du conseil communal de Vienne, mais son élection n'est pas avalisée par l'empereur, en raison de ses critiques contre la haute bourgeoisie. Ce n'est qu'après une nouvelle consultation - et après avoir fait amende honorable - qu'il reçoit en 1897 des mains mêmes de l'empereur la mairie de Vienne, une fonction qu'il a ardemment souhaitée. Ce démagogue a ainsi l'occasion de prouver ses compétences. Il jette les fondements d'une administration municipale moderne, en réalisant une série de réformes structurelles, comme la commu-nalisation de la distribution du gaz et des transports en commun, l'établissement d'un vaste réseau de distribution d'eau et la construction de nombreux hôpitaux et écoles, sans compter des initiatives multiples dans le domaine urbanistique. Fidèle au catholicisme et à l'esprit autrichien, conciliant envers les nationalités mais violemment hostile aux tendances magyares, ce démocrate radical est un ardent défenseur des intérêts de l'Empire, sans qu'il soit toutefois parvenu à imposer à un parti chrétien-social enclin à un conservatisme stérile la nécessité d'une vaste réforme.