LUCRÈCE (vie et oeuvre)
LUCRÈCE (98-55 av. J.-C.)
Lucrèce est un poète latin dont la vie reste presque inconnue. Selon saint Jéréme, il se serait suicidé après avoir été rendu fou par un philtre amoureux. La période historique qu'il traverse demeure aussi troublée que celle de son maître Épicure : guerres civiles, et discordes en tous genres, préludent à l'effondrement de la République romaine.
En cette époque profondément agitée, Lucrèce veut bâtir une citadelle abritée par la pensée. Il hérite des idées de son maître Épicure qu'il place au rang de Dieu. Il s'inspire également, dans son magnifique poème en six chants "De natura rerum" ("De la nature"), des présocratiques.
Lucrèce s'oppose violemment à la Providence et aux causes finales. Pour lui, seule la connaissance purement matérialiste et atomistique de l'Univers représente un moyen de concevoir le monde dont l'ataraxie, ou absence de trouble, constitue la fin. En outre, la notion de "clinamen" lui permet de poser les fondements physiques de la liberté humaine. Le "clinamen" se définit comme un mouvement spontané par lequel les atomes dévient de leur trajectoire et se regroupent en une diversité de combinaisons. Il y a là une liberté en quelque sorte mécanique permettant de saisir la liberté humaine. Ce matérialisme ne cesse de faire l'objet de nombreuses critiques de la part des penseurs antiques, chrétiens et classiques. Deux reproches majeurs lui sont adressés : tout d'abord, le fait de placer le hasard à l'origine de toutes choses en concevant la formation de la nature comme l'effet de la chute des atomes dans le vide, et de leur rencontre qui forme des tourbillons, puis des amas, et finalement de la matière et de la vie. Le second reproche adressé concerne les conséquences de ce matérialisme : toute transcendance, toute valeur, et donc toute morale, sont ruinées du fait du privilège accordé au corps.
La physique de Lucrèce nous place en face d'une fluidité universelle de la matière. La déclinaison des atomes ne décrit rien d'autre. Aussi est-il le véritable pionnier de la physique moderne, puisque Newton utilisera, lui aussi, le modèle des fluxions pour comprendre l'Univers.
Toutefois, la modernité de Lucrèce réside aussi dans le fait que sa perspective forme une morale. La misère morale et la servitude de l'homme proviennent de ses préjugés et de son ignorance. Connaître le monde est un acte moral. La pensée de Lucrèce ne réduit pas les choses à une contingence. Bien au contraire, elle construit un modèle de la nature tel que, en considérant celui-ci, nous puissions dégager les principes fondamentaux qui rendent compte de notre situation dans l'Univers.
BIBLIOGRAPHIE:
- DE LA NATURE, Henri Clouard, Flammarion (GF), ISBN 2080700308
- DE LA NATURE, José Kany-Turpin, Flammarion (GF) Bilingue, ISBN 2080709933.
- DE LA NATURE, Alfred Ernout, Collection Tel (No 167), Gallimard, ISBN 2070720802.
- LA NATURE DES CHOSES, Chantal Labre, Arléa, ISBN 2869592299.
- DE LA NATURE DES CHOSES : DE RERUM NATURA. Paris : LGF. (Le Livre de poche ; 4677 ; Classiques de la philosophie). ISBN 2-253-06758-X. Editions bilingue français-latin. Trad. de Bernard Pautrat.
- DéMOCRITE, Epicure, LUCRéCE, choix de textes par Paul Nizan, Arléa (Poche-Retour aux grands textes), ISBN 2869594372.
[…] y songer le moins possible. Telle est précisément la position d’Épicure et de son disciple Lucrèce.Épicure est matérialiste : nos corps sont de simples agrégats d’atomes qui se dissolvent […]
[…] Lucrèce (Ier siècle avant J.-C.) a décrit la passion amoureuse comme l’effet d’une illusion pure et […]
[…] possible. Telle est précisément la position d’Épicure et de son disciple Lucrèce.Épicure est matérialiste : nos corps sont de simples agrégats d’atomes […]
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