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LOUIS XVIII (1755-1824) - Bourbon

LOUIS XVIII (1755-1824) - Bourbon

• Roi de France et de Navarre [1814-1815] et [1815-1824] Au moment où le comte de Provence, frère de Louis XVI et donc petit-fils de Louis XV, est appelé par le Sénat, le 6 avril 1814, sur le trône de France, il a 59 ans et vient de passer vingt-trois ans en exil à l’étranger. Pendant tout ce temps, il a d’abord tenté de soutenir son frère; ensuite, il a attendu patiemment que son heure vienne et, dès la confirmation de la mort du jeune Dauphin, Louis XVII, a pris le nom de Louis XVIII. Peu après son débarquement d’Angleterre (24 avril 1814), il fait promulguer une Charte constitutionnelle, le 4 juin, mais les réactions ultra-royalistes qui accompagnent la Restauration donnent bientôt aux Français la nostalgie de la période révolutionnaire et favorisent le retour de Napoléon pour les Cent Jours (20 mars-22 juin 1815). Visiblement, le roi n’a pas encore compris que la France de 1814 n’est plus celle de l'Ancien Régime ; il reprend le chemin de l’exil, à Gand (Belgique). À son retour à Paris le 8 juiIlet 1815, il a médité la leçon. Il déclare solennellement vouloir appliquer la Charte de 1814 et pardonner aux bonapartistes. En 1816, une Chambre des députés ultra-royaliste («la Chambre introuvable») déclenche, contre les anciens partisans de la Révolution et les bonapartistes, la Terreur blanche, que Louis XVIII ne parvient pas à freiner. Il doit se résoudre à dissoudre la Chambre en septembre. Pendant les trois ans qui suivent, les libéraux exercent le pouvoir, notamment dans le ministère du duc Decazes. Diverses lois sont adoptées pour libéraliser la presse et favoriser l’émergence politique des classes moyennes que constitue la bourgeoisie urbaine. Mais en février 1820, l’assassinat du duc de Berry, le neveu du roi, entraîne le départ des libéraux. Les ultras - dont Charles, comte d’Artois, frère du roi, s’affirme comme le chef de file - arrivent au pouvoir, bien décidés à consolider la réaction. Le comte de Villèle restera chef du gouvernement jusqu’à fin 1827. En 1822 a lieu, pour l’exemple, l’exécution des quatre sergents de La Rochelle accusés de complot libéral contre l’État. En 1823, au Trocadéro, près de Cadix, une armée française menée par le duc d’Angoulême défait les libéraux espagnols en lutte contre Ferdinand VII .Malgré son peu de signification, cette victoire fait beaucoup, à l’intérieur, pour le prestige de la monarchie. Mais Louis XVIII n’en profite pas longtemps ; il meurt le 16 septembre 1824 (voir aussi Charles X pour le bilan de son règne).

Louis XVIII (Versailles 1755-Paris 1824) ; roi de France [1814-1815] et [1815-1824].

Sous le règne de son frère Louis XVI, « Monsieur », comte de Provence, longtemps considéré comme l’héritier du trône, joue au prince éclairé. Défavorable au rappel des Parlements en 1774, il se prononce, à l’Assemblée des notables de 1787, en faveur du principe du doublement de la représentation du tiers état aux Etats généraux. En décembre 1789, il tente d’obtenir le titre de lieutenant général du royaume, mais Marie-Antoinette s’y oppose. Il quitte la France le jour même de la fuite de Varennes, mais par un autre chemin que son frère, et gagne Bruxelles, puis rejoint le comte d’Artois (le futur Charles X) à Coblence. De son exil, il tente de trouver un appui auprès des cours européennes et fait figure de chef des émigrés. Il prend contact avec les Vendéens et envoie des espions en France. Il prend le titre de régent à la mort de Louis XVI, puis celui de roi à la mort du dauphin Louis XVII (juin 1795). Il installe provisoirement sa cour à Vérone pour finalement passer ses années d’exil dans différents pays. Il ne rentre en France qu’en 1814, appelé par le Sénat (6 avr.) et s’engage, par la déclaration de Saint-Ouen (2 mai), à pratiquer un gouvernement constitutionnel et à maintenir les libertés acquises. La Charte « octroyée » aux Français (4 juin) instaure de fait, moins pour des raisons de principe que par pragmatisme, une monarchie constitutionnelle. Ce régime où l’autorité repose certes exclusivement sur la personne du roi, qui détient la totalité du pouvoir exécutif et dispose seul de l’initiative des lois, limite en même temps ses pouvoirs (les Chambres peuvent refuser les projets de loi et le budget) et garantit les droits individuels, héritage de la Révolution. Après l’intermède des Cent-Jours, où il doit fuir à Gand, L. reste fidèle à ses principes de prudence et de réconciliation nationale. Il essaie d’appliquer loyalement la Constitution et refuse de mener une politique systématiquement antirévolutionnaire. Il essaie au contraire de limiter les effets de la « Terreur blanche » déclenchée par les royalistes « ultras » contre les bonapartistes et les libéraux. Dans le même esprit, il fait usage en 1816 de son droit de dissolution, puisque la majorité ultraroyaliste, qui travaille au rétablissement de l’Ancien Régime, se révèle ingouvernable (« Chambre introuvable »). Appuyés sur des majorités composées de royalistes modérés et sur la confiance du roi, les ministères Richelieu (1815-1818) et Decazes (1818-1820) peuvent alors mener une politique relativement libérale. Ils obtiennent ainsi un certain apaisement en politique intérieure et une stabilisation du régime. Le renvoi rapide des troupes d’occupation, grâce aux négociations intelligentes et patientes menées par le désintéressé Richelieu, y contribue aussi très largement. Mais lorsque le duc de Berry est assassiné en 1820, les ultraroyalistes croient leur heure venue pour imposer leur politique au roi. Sous un second ministère Richelieu (1820-1821), une loi électorale réactionnaire (la loi du « double vote ») est adoptée, qui renforce le pouvoir politique des grands propriétaires terriens, et amène à nouveau une majorité ultraroyaliste à la Chambre, ce qui permet la formation du ministère Villèle, entièrement « ultra » (1821-1824). L., qui a régné sans jamais gouverner, laisse se déployer la politique de réaction continuée sous le règne de son frère Charles X, chef du parti ultraroyaliste, qui lui succède à sa mort, en 1824.

Bibliographie : E. Lever, Louis XVIII, 1988 ; P. Mansel, Louis XVIII, 1982 ; J. Bonin et L. Didier, Louis XVIII, roi de deux peuples, 1978.

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