Databac

LOUIS XVI

LOUIS XVI

Né à Versailles en 1754, petit-fils et successeur de Louis XV, fils du Dauphin Louis (mort en 1765) et de Marie-Josèphe de Saxe. Il n’était encore que le duc de Berry lorsqu’il épousa, en 1770, l’archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche. Ce mariage, négocié par Choiseul, avait pour fond l’alliance avec ce pays. À son avènement, en 1774, il s’entoura de ministres réformateurs (Turgot, le comte de Saint-Germain, Malesherbes) ; mais le Parlement, qu’il avait rappelé, s’opposa à leurs réformes et ils durent démissionner (1776). Necker, leur successeur, fut à son tour congédié pour avoir rendu public un compte rendu qui, pour la première fois, plaçait sous les yeux des Français la mauvaise situation financière du pays (1781). À l’extérieur, le traité de Versailles (1783), qui consacrait l’heureuse issue de la guerre d’indépendance d’Amérique, rendit à la France le Sénégal. Cependant, l’état des finances étant critique malgré les efforts de Calonne et de Loménie de Brienne, le roi dut convoquer les États généraux (Versailles, 1789). Necker, qui jouissait de la faveur publique, fut rappelé. Il obtint le doublement du tiers état aux États généraux. Son nouveau renvoi provoqua la colère du peuple et l’agitation commença: proclamation de l'Assemblée nationale (17 juin 1789); serment du Jeu de paume (20 juin) ; prise de la Bastille (14 juillet). Le roi, qui devait désormais gouverner avec les représentants de la nation, quitta Paris pour rejoindre son armée et organiser la contre-révolution. Son arrestation à Varennes (22 juin 1791) ne fit que redoubler son impopularité.

Le 14 septembre, il prêta serment de fidélité à la Constitution. La déclaration de guerre des puissances étrangères (avril 1792) et le Manifeste de Brunswick (25 juillet) suscité par les nobles émigrés aggravèrent encore sa position. Le 10 août, les Tuileries furent envahies et le monarque déclaré déchu. Avec sa famille, il fut alors enfermé au Temple et son procès s’ouvrit le 3 décembre. Défendu par Tronchet, Malesherbes, Desèze, et malgré l’attitude modérée des Girondins, il fut déclaré « coupable de conspiration contre la liberté de la nation et d’attentat contre la sûreté générale de l’État ». Condamné à mort par 387 voix contre 334, il marcha avec courage à l’échafaud dressé place de la Révolution (place de la Concorde), le 21 janvier 1793. Comme il proclamait au peuple son innocence, le roulement des tambours le contraignit au silence.

Louis XVI (Versailles 1754-Paris 1793); roi de France [1774-1792].

Le petit-fils de Louis XV, fils du dauphin Louis (1765) et de Marie-Josèphe de Saxe, est un homme pieux, timide, scrupuleux et bon, assez cultivé, passionné de chasse et de travaux manuels (serrurerie). Il a épousé en 1770 l’archiduchesse Marie-Antoinette, une fille de l’impératrice Marie-Thérèse, frivole et insouciante. Conscient de la difficulté de sa tâche, désireux de bien faire, il jouit d’une grande popularité au moment où, à peine âgé de vingt ans, il monte sur le trône (1774). Mais, tenu jusque-là à l’écart des affaires de l’Etat, il manque d’expérience et est très influençable. Souhaitant renouveler le personnel ministériel, il nomme ministre d’Etat le vieux Maurepas, ancien secrétaire d’État à la Marine, qui devient en quelque sorte le chef du gouvernement et le mentor du roi. Le choix des ministres est bon : Vergennes aux Affaires étrangères, le comte de Saint-Germain à la Guerre, Sartine à la Marine, Malesherbes à la Maison du roi, et surtout Turgot comme contrôleur général des Finances. Toutefois, sa première grande décision, suggérée par Maurepas dans un but d’apaisement, à savoir le rappel des Parlements, est des plus contestables, car L. libère ainsi une grande force d’opposition : très vite, le Parlement de Paris remet à l’honneur son droit de remontrance et s’oppose à toute tentative de réforme. L. doit abandonner successivement Turgot (1776) puis Necker (1781). Même les succès en politique extérieure, surtout dans la guerre contre l’Angleterre (paix de Versailles, 1783), sont à double tranchant, puisque la guerre aux côtés des colonies américaines révoltées augmente la dette d’État, déjà écrasante, d’un milliard et demi supplémentaire. Les vraies mesures de salut étant rendues impossibles par l’opposition parlementaire, Calonne (1783-1787) est réduit à une politique d’expédients, et l’acquittement scandaleux du cardinal de Rohan dans l’ « affaire du collier » porte un coup au prestige de la monarchie. Après l’échec de l’Assemblée des notables et du projet de réformes de Loménie de Brienne, le rappel de Necker et la convocation des États généraux sont devenus inévitables. Ainsi la Révolution éclate, parce que la monarchie n’a ni le désir ni la capacité de détruire, en s’appuyant sur le peuple, des privilèges politiques et sociaux ressentis depuis longtemps comme anachroniques, et qui sont la source principale de toutes les difficultés, tant politiques que financières. Pendant la Révolution, L. mène une politique maladroite qui lui fera perdre et le trône et la vie. Oubliant l’exemple des Capétiens soutenant les Communes, au lieu d’approuver franchement le grand élan qui pousse la bourgeoisie contre les privilèges, il tergiverse, soumis à des influences contradictoires, et doit finalement capituler devant le tiers en ordonnant la réunion des trois ordres. Puis des mesures qui laissent présager une démonstration de force (concentration de troupes à Versailles, renvoi de Necker) inquiètent la population, et sont une des causes de la marche sur la Bastille. Après le 14 Juillet, le roi semble donner des gages à la Révolution : il rappelle Necker et vient à Paris le 17 juillet recevoir la cocarde tricolore, symbole de l’alliance de la monarchie et du peuple. Mais à la suite de la nuit du 4 Août, il se refuse à sanctionner les actes dépouillant les privilégiés, d’où une nouvelle vague de colère populaire qui s’exprime par les journées d’octobre 1789 : la foule exige la présence du roi à Paris. Installé désormais aux Tuileries avec sa famille, L. affecte de jouer le jeu : il se rend à l’Assemblée, jure de maintenir la Constitution. Il est l’objet de manifestations d’enthousiasme lors de la fête de la Fédération (14 juill. 1790). Toutefois, il ne se résigne pas sincèrement à devenir un monarque constitutionnel. S’il a sanctionné la Constitution civile du clergé, il ne l’approuve pas. Poussé par son entourage, il cherche à discréditer l’Assemblée nationale et ne fait ainsi que renforcer les forces de l’extrême gauche. Bientôt il ne voit plus son salut que dans une intervention de l’extérieur. La mort de Mirabeau le 2 avril 1791 lui fait perdre un conseiller qui aurait peut-être été capable de le préserver des pires imprudences. La fuite de la famille royale pour rejoindre l’armée du marquis de Bouillé à Metz (nuit du 20 au 21 juin 1791) est, justement parce qu’elle échoue, un coup mortel porté à la monarchie. Arrêtés à Varennes, le roi et sa famille sont ramenés à Paris. Une partie de l’opinion, entraînée par les Jacobins, réclame sa déchéance, tandis que les monarchistes modérés perdent de plus en plus de terrain. D’abord suspendu, L., grâce aux Feuillants, est rétabli dans ses fonctions après avoir juré fidélité à la Constitution de 1791 (14 sept.). Mais il continue à entretenir des intelligences avec l’étranger. À l’Assemblée législative qui lui donne le titre de « roi des Français », la majorité appartient aux Girondins, favorables à la guerre avec l’étranger. L. la souhaite aussi, pensant que les armées révolutionnaires seront battues (« politique du pire »). Il appelle le général Dumouriez aux Affaires étrangères, aux côtés de quelques autres ministres girondins, et propose le 20 avril 1792 à l'Assemblée, qui le suit avec empressement, de déclarer la guerre à l’Autriche. Les premières défaites françaises poussent l’Assemblée à voter des mesures énergiques, dont l’établissement devant Paris d’un camp de 20 000 gardes nationaux pour défendre la capitale. L. y oppose son veto, renvoie les ministres girondins, et refuse de les rappeler malgré la journée du 20 juin. Le « manifeste de Brunswick », connu à Paris le 1er août, exaspère le peuple, qui souffre de la hausse des prix. Les sections réclament la déchéance du roi, tentent de l’imposer à l’Assemblée qui ne fait rien. Le 10 août 1792, le peuple de Paris prend d’assaut les Tuileries à l’appel d’une commune insurrectionnelle. Le roi se réfugie avec sa famille à l’Assemblée, qui proclame sa suspension. La famille royale est enfermée à la prison du Temple. Au lendemain de la victoire de Valmy, la république est proclamée (21 sept. 1792) par la Convention. C’est l’échec de la monarchie constitutionnelle. La Convention, qui a découvert des preuves des intrigues du roi avec Mirabeau et de ses contacts avec les puissances étrangères (20 nov. 1792), fait alors au roi un procès pour haute trahison. La proposition des Girondins demandant que l’arrêt soit soumis à la ratification du peuple est rejetée, et le 14 janvier 1793, la majorité de la Convention déclare « Louis Capet » coupable. La peine de mort est prononcée par appel nominal par 387 voix contre 334 (17 janv.). Le 21 janvier, gardant jusqu’au bout sa dignité et son courage, L., « roi malchanceux », est guillotiné sur la place de la Révolution (aujourd’hui place de la Concorde). Sa mort suscite la naissance de la première coalition.

Bibliographie : E. Lever, Louis XVI, 1988 ; H. Méthivier, La Fin de l'Ancien Régime, 1992.

LOUIS XVI GUILLOTINÉ • 21 janvier 1793 Le 15 janvier 1793, la Convention déclare le citoyen Capet, ci-devant Louis XVI, coupable de conspiration contre la liberté publique et la sûreté générale de l’Etat. La conclusion du procès entamé depuis plusieurs semaines est proche. Deux jours plus tard, en effet, l’ex-roi est condamné : 361 voix pour la mort sans condition et 360 pour d’autres peines (bannissement, détention ; 44 voix pour la peine capitale avec sursis). C’est le 21 janvier au matin, place de la Révolution (actuelle place de la Concorde), à Paris, que la sentence est exécutée, le sursis ayant été rejeté. Cette mort, que l’ancien souverain affronte avec courage et dignité, va vivement émouvoir les cours européennes et susciter la formation de la première coalition contre la jeune République française.



LOUIS XVI

(Versailles, 1754-Paris, 1793). Roi de France (1774-1791) puis roi des Français (1791-1792). Homme d'État médiocre, il fut l'artisan, souvent manipulé, de la chute de la monarchie lors de la Révolution française. Petit-fils de Louis XV, fils du Dauphin et de la princesse Marie-Josèphe de Saxe, marié à Marie-Antoinette d'Autriche (1770), il devint roi à 20 ans, en 1774. Pieux et honnête mais très méfiant à l'égard des idées nouvelles, d'un caractère indécis et timide, il reçut une formation politique médiocre, s'intéressant davantage à la chasse et aux travaux artisanaux, comme la serrurerie. Conseillé par Maurepas qui avait servi son grand-père, il appela au pouvoir Turgot et Malesherbes, mais leurs tentatives de réformes fiscales et financières soulevèrent une telle opposition des privilégiés et des parlements qu'il dut s'en séparer. Necker qui leur succéda fut lui aussi disgracié. L'intervention française dans la guerre d'indépendance américaine, si elle rehaussa le prestige de la France en Europe, aggrava encore, avec les dépenses inconsidérées de la cour, la crise financière, la moitié des rentrées budgétaires étant engloutie par la dette. Ni Calonne, ni Loménie de Brienne ne réussirent à rétablir l'équilibre budgétaire. L'état critique du Trésor royal, auquel s'ajoutaient l'opposition nobiliaire à l'absolutisme, le malaise social et économique décida Louis XVI à rappeler Necker et à convoquer les États Généraux (mai 1789), bientôt transformés en Assemblée nationale constituante. L'attitude hésitante et contradictoire qu'il manifesta dès le début de la Révolution, sous l'influence de sa femme et de ses frères (le comte de Provence et le comte d'Artois), lui aliénèrent bientôt une grande partie de la population. L'appui secret qu'il donna aux émigrés, sa tentative de fuite à Varen-nes (20 juin 1791), ses veto suspensifs sous l'Assemblée législative destinés à freiner la Révolution et ses négociations secrètes avec l'ennemi après la déclaration de guerre contre l'Autriche (avril 1792) achevèrent de le discréditer. Le manifeste de Brunswick menaçant de raser Paris si la famille royale n'était pas respectée provoqua l'indignation populaire et l'insurrection du 10 août 1792. Prisonnier de la Commune insurrectionnelle, suspendu de ses fonctions et enfermé au Temple, « Louis Capet » fut jugé par la Convention et déclaré coupable de « conspiration contre la liberté de la Nation ». Condamné à mort sans appel au peuple, ni sursis, malgré l'attitude modérée des girondins, il fut exécuté le 21 janvier 1793 à 10 heures du matin, sur la place de la Révolution (place de la Concorde). Louis XVI avait eu de Marie-Antoinette quatre enfants dont Madame Royale (1778) et le second Dauphin (1785) dit Louis XVII. Voir Bastille, Champ de Mars (Fusillade du), Charles X, Louis XVIII, Notables (Assemblée des).

Liens utiles