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LOUIS XIII LE JUSTE (1601-1643) - Bourbon

LOUIS XIII LE JUSTE (1601-1643) - Bourbon

• Roi de France et de Navarre [1610-1643] En mourant, Henri IV laisse la couronne à son fils aîné, Louis, qui n’a que 8 ans. Marie de Médicis, sa mère, exerce la régence - après avoir écarté les conseillers désignés par son époux dans son testament. Abandonnée par les anciens conseillers de son mari (Sully démissionne en 1611), elle s’entoure d'individus peu recommandables, au premier rang desquels figurent Léonora Galigaï et son mari, Concino Concini. Le prince de Condé, profitant de la faiblesse et des incohérences de la régente, se fait accorder le titre de chef du Conseil dans l’intention manifeste de s’emparer du pouvoir. Louis XIII, déclaré majeur à l’âge de 13 ans, est alors sacré à Reims le 17 octobre 1610. Il épouse Anne d’Autriche, infante d’Espagne, en 1615. Le 24 avril 1617, le roi qui, pense-t-on aujourd'hui, déteste sa mère, secoue sa tutelle et fait abattre Concini par ses gardes. Henri de Condé avait été, quant à lui, écarté en 1616 par Richelieu, qui siégeait alors au Conseil du roi, et enfermé à la prison de Vincennes pour trois ans. Les ministres et la reine-mère sont envoyés en exil. Aussitôt s’assemble autour de Marie de Médicis une troupe d’opposants que le jeune roi disperse aux Ponts-de-Cé en 1620. En avril 1624, après la mort de son favori, le connétable de Luynes (1621), le roi prend à l’essai un nouveau ministre : le cardinal de Richelieu. Ainsi se forme le tandem qui, dix-huit ans durant, gouvernera le pays. Le ministre, fort de la confiance indéfectible du souverain (la journée des Dupes, le 10 novembre 1630, en administrera la preuve), va exercer de sa main de fer - fût-elle contenue dans un gant de velours ! - la totalité du pouvoir exécutif en se plaçant tout entier au service de la Couronne. Avec une redoutable ténacité et sans reculer devant aucun moyen, il luttera contre tout ce et tous ceux qui pourraient ternir l’autorité royale et nuire à l’intérêt générai du royaume. Ceux-là, quels sont-ils ? A l’intérieur, il faut compter avec les huguenots, dont les places fortes, octroyées par Henri IV, constituent un Etat dans l’Etat. Si Louis XIII a renoncé à faire du Béarn et de la Navarre des provinces catholiques (1621-1623), La Rochelle, leur principale place forte, sera prise - malgré le soutien des Anglais, dont une armée a débarqué sur l’île de Ré - au terme d’un siège impitoyable assorti d’une résistance véritablement héroïque (28 octobre 1628). L’édit d’Alès (28 juin 1629), promulgué à la suite d’une campagne militaire dans le Midi, confisquera aux protestants privilèges et places fortes tout en garantissant leur iberté de culte. Autres adversaires : les nobles. 11 s’agit de les amener à mettre leur énergie et leur talent au service du roi et du royaume. Ceux qui regimbent ou qui complotent, tels le comte de Chalais, Montmorency-Bouteville, des Chapelles, le duc de Montmorency ou Cinq-Mars, sont tour à tour exécutés. Les obscurs ne sont pas négligés pour autant ; entre autres, la révolte des Croquants ( 1636) ou celle des Va-nu-pieds contre la gabelle, qui s’étend à toute la Normandie (1639), sont réprimées avec la plus grande rigueur. Richelieu meurt le 4 décembre 1642 ; Louis XIII désigne pour le remplacer le cardinal de Mazarin, avant de décéder à son tour, le 14 mai 1643. A l’extérieur, la grande affaire du règne aura été de desserrer l’étau dans lequel Philippe IV d’Espagne était en train d’essayer d’emprisonner le royaume. C’est ainsi qu’en 1635 la France entrera à son tour dans la guerre de Trente Ans, qui ne s’achèvera qu’en 1648. Après des débuts incertains (aux Pays-Bas, notamment, et dans le Sud, où Saint-Jean-de-Luz est perdu), la situation militaire s’améliorera avec, en 1640, la prise d’Arras puis la reconquête, en 1642, du Roussillon et de Perpignan. Tous ces soucis de politique intérieure empêchent de pousser très loin une action coloniale outre-mer, à laquelle Richelieu croyait beaucoup, lui qui avait parfaitement compris d’où venaient la puissance et la richesse de l’Espagne, des Provinces-Unies et de l’Angleterre. Elle se résumera à la création de compagnies commerciales pour l’exploitation du Canada et des Antilles (avec la possibilité pour les nobles d’y œuvrer sans déroger) et à des ouvertures sur le Levant et la Russie.

Le règne aura été marqué par une évolution de la pratique monarchique ; coutumière et souple à son début, elle est devenue absolue, le respect des propriétés, des personnes et de l’honneur des sujets étant, avec les commandements de Dieu, les seules limites à l’autorité royale. Les projets de réforme fiscale de Richelieu - qui avait l’intention de supprimer la vénalité des charges, de réduire le train de vie de la Maison royale et de supprimer les pensions versées aux nobles -, s’ils avaient réussi, auraient probablement changé la physionomie d’un système monarchique qui fait montre, dès 1626, de tous les éléments de son éclat et de sa faillite à suivre. Les aléas de l’époque, et surtout les nécessités de la guerre, ont au contraire conduit à un renforcement du pouvoir central et à une soumission plus grande des pouvoirs locaux et populaires. En fait, le règne de Louis XIII est progressivement devenu un long gouvernement d’exception avec une utilisation accrue de lettres de cachet, la mise à l’écart des parlements et autres assemblées (les états généraux, convoqués une fois en 1614, ne seront plus réunis avant mai 1789), et l’institution au plan local des intendants de police, justice et finances. Cette évolution a été assez mal acceptée par le peuple, d’autant que les efforts consentis pour la guerre, joints à une densité de population proche de la surpopulation, ont provoqué des famines accompagnées de révoltes. Et si l’on ajoute à la faim la guerre et les épidémies de typhus et de choléra, on peut conclure que le règne de Louis XIII a été une période plutôt rude. Dans le domaine artistique, la période, qui a vu la création, en 1635, de l’Académie française, destinée à attacher à la Couronne les meilleurs écrivains, a été un grand moment pour la peinture, avec Georges de La Tour, Claude Gellée (dit « le Lorrain »), Le Nain, Nicolas Poussin et Philippe de Champaigne. C’est aussi celle du C/r/de Pierre Corneille, de Théophile de Viau, de Cyrano de Bergerac et de La Gazette, fondée en 1631 par Théophraste Renaudot.

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