LOUIS XI (1423-1483) - Valois Roi de France [1461-1483]

LOUIS XI (1423-1483) - Valois Roi de France [1461-1483]

Ce fils de Charles VII et de Marie d’Anjou naît à Bourges en 1423. Ambitieux et impatient de régner, il a plus d’une fois comploté, avec la complicité des membres de la haute noblesse (les grands), contre son père. Malgré l’acquisition, auprès de la Bourgogne, des villes de la Somme et l’annexion de la Cerdagne et du Roussillon, la situation intérieure n’est pas bonne. Face à la hâte qu’a le roi de tout changer se lève le mécontentement de la noblesse, du clergé et du peuple. En mars 1465, Louis XI doit à son tour affronter l’opposition des grands (la Ligue du Bien public) que mène son frère Charles, duc de Berry. Le roi préfère négocier après une bataille indécise (Monthléry, 16 juillet 1465) et faire des concessions (traités de Conflans et de Saint-Maur, 5 et 29 octobre 1465). Mais dès 1466, il récupère la Normandie, qu’il avait cédée, et, en 1468, affronte avec succès une nouvelle ligue reformée autour du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. A Péronne (du 9 au 14 octobre 1468), Louis rencontre son rival bourguignon pour négocier, mais ce dernier, apprenant que le roi de France attise la révolte des Liégeois contre lui, le retient prisonnier. Louis XI se soumet aux exigences de son geôlier et signe l’humiliant traité de Péronne, qu’il fait annuler en 1470 par les états généraux qu’il a convoqués. Dès lors, il n’aura plus qu’un seul objectif: abattre Charles le Téméraire. L’échec des armées bourguignonnes (1472, siège manqué de Beauvais, défendu par la légendaire Jeanne Hachette), la mort du frère du roi ( 1472), l’élimination des grands nobles hostiles que sont les ducs d’Alençon, d’Armagnac et de Bourbon, la trêve de Picquigny (29 août 1475, paix signée avec le roi d’Angleterre Edouard IV), joints à la fin tragique de Charles le Téméraire le 5 janvier 1477 devant Nancy, voient la Couronne débarrassée de la triple menace anglaise, bourguignonne et féodale. Pour Louis XI, pourtant, la succession de Charles le Téméraire sera un demi-échec. Car s’il annexe une partie de ses terres (Picardie, Boulonnais, Artois, duché de Bourgogne, Franche-Comté), il ne peut empêcher les Pays-Bas de passer aux Habsbourg, la fille de Charles épousant Maximilien d’Autriche. Dans les dernières années du règne (1481 ), l’héritage du roi René, l’oncle de Louis XI, vient arrondir les possessions de ce dernier : Anjou (cession prévue dès 1476), puis Maine et Provence. Le 30 août 1483, après quatre ans de maladie et une série d’attaques qu’il tente de combattre à grand renfort de superstition, Louis XI meurt d’une congestion cérébrale ; Charles VIII, son fils, lui succède. Haï par beaucoup de chroniqueurs, qui ont fait de lui un tyran maladif et cruel, méprisé pour n’avoir été qu’un homme parmi d’autres, «un roi dur dans un siècle dur», investi par l’imagination des Romantiques, qui ont fait de lui un personnage diabolique, Louis XI a été maltraité par la postérité. S’il faut limiter la portée de l’appellation de «moderne» que l’on est tenté de lui donner pour son pragmatisme, son intérêt soutenu pour l’économie, son soutien au développement des moyens de communication, aux échanges (foires), aux sculptures et artisanats nouveaux (soie, lin, chanvre, pastel, draperie) et ses tentatives de décentralisation, Louis XI symbolise bien cette époque de transition qui voit mourir la féodalité et naître peu à peu l’absolutisme royal. Par son refus de s’appuyer sur les états généraux, il a d’ailleurs nettement pris position. Sous le règne de Louis XI, la France est gagnée par l’imprimerie, qui vient d’être inventée en Allemagne. Et si le gothique flamboyant demeure le style dominant, une renaissance s’installe, sur le modèle italien, avec les peintures et miniatures de Fouquet et les sculptures de Michel Colombe.

Dates de règne : 1461-1483 Épouses : Marguerite d’Écosse (1425-1445), Charlotte de Savoie (1445-1483).

Louis n'attend pas la mort de son père pour prétendre au trône. Il fait partie du camp des ennemis de Charles VII lors de la Praguerie de 1440. Il est pardonné néanmoins et obtient le gouvernement du Dauphiné. En 1455, il se rebelle une nouvelle fois mais doit fuir face à l’armée. En 1461, il est sacré à Reims. Rapidement, il est confronté aux grands féodaux. La ligue du Bien public réunit contre le roi ses plus grands ennemis avec, en première ligne, son frère Charles de Berry. Mais Louis XI les soumet tous progressivement. Louis XI parvient à rattacher à la couronne, parmi ses possessions, la Bourgogne et la Picardie. Le reste de l’héritage bourguignon passe sous contrôle autrichien. Il gouverne la France d’une main de fer, avec l’aide de ses conseillers Olivier Le Daim et Philippe de Commynes, des hommes dévoués et brillants qu’il préfère aux grands féodaux. Il contrôle les institutions politiques et administratives, et va jusqu’à faire peser son influence sur le gouvernement de l’Église. Il se montre implacable face à ses adversaires. Les exécutions des comtes d’Armagnac et du connétable de Saint-Paul en témoignent. La tradition nous a laissé l’image d’un roi sadique enfermant ses ennemis dans des cages de fer. Les historiens modernes ont préféré voir en lui un remarquable organisateur. Il œuvre au centralisme de l’État et renfloue les caisses du Trésor. Il organise des relais de poste et favorise le commerce en créant des foires. Il sécurise le royaume en rendant la circulation des biens beaucoup plus sûre. A sa mort, il a porté la France royale à son apogée.