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LOUIS-PHILIPPE Ier (1773-1850) - Bourbon

LOUIS-PHILIPPE Ier (1773-1850) - Bourbon

• Roi des Français [1830-1848] Ce fils aîné du duc d’Orléans naît à Paris le 6 octobre 1773. Comme son père, il a embrassé le parti de la Révolution et a même été membre du club des Jacobins. Quand Charles X est chassé par l’opposition des députés et l’insurrection de Paris, Louis-Philippe est élu roi des Français par la Chambre des députés et prête serment de fidélité à la Charte «rénovée» le 9 août 1830. Mais sous ses dehors de libéral - qui l’avaient fait tenir à l’écart par ses deux prédécesseurs - se cache l’envie de gouverner autant que de régner. Les premières années du règne sont marquées par l’écrasement de la révolte des canuts lyonnais par la troupe (1831), une tentative de restauration légitimiste ( 1832-1833) qui échoue, des insurrections démocratiques (à Paris en 1832 et 1834) et l’attentat de Fieschi contre le roi (28 juillet 1835). Considérant que les bonnes affaires ne se font qu’en temps de paix, Louis-Philippe est un pacifiste convaincu. Mais les bonnes relations qu’il s’efforce d’établir avec l’Angleterre et les puissances centrales buttent, à l’intérieur du pays, sur un fort sentiment nationaliste ; cette préfiguration de « l’Entente cordiale », déjà menacée en 1 840 par la crise relative à l’Empire ottoman, sera mise en difficulté par des rivalités coloniales, surtout dans le Pacifique. Pendant ce temps, l’occupation de l'Algérie se poursuit et, le 23 décembre 1847, la reddition d’Abd el-Kader ouvre la période de colonisation. Mais, entre-temps, l’agitation populaire n’est pas tarie. Et l’opposition ne désarme pas. Louis-Philippe remplace Thiers par le très conservateur Guizot en 1840 et s’oriente de plus en plus vers un exercice du pouvoir absolutiste et réactionnaire. En 1847 se prépare, au cours d’une campagne de banquets, le renversement du roi, ce dernier ayant interdit toute forme de réunion politique. Le 22 février 1848, des incidents éclatent à Paris ; le 23, la ville est en état d’émeute. Le lendemain, c’est la révolution. Partout des barricades. Bugeaud échoue dans ses attaques contre les insurgés. Le roi abdique. Le 25 février, la République est proclamée. Louis-Philippe reprend le chemin de l’exil, et avec lui le dernier roi de France. Ainsi prend fin une forme de pouvoir politique qui aura prévalu pendant près de quatorze siècles. Louis-Philippe, dont on a dit qu’on l’imaginait mieux portant un parapluie qu'un sceptre, est un roi bourgeois. Ses préoccupations vont surtout au commerce et à l’industrie. C’est sous son règne que se place le démarrage, en France, de la révolution industrielle. Les chemins de fer se développent (de 500 à 2000 kilomètres de voies) et, parallèlement, l’industrie sidérurgique ainsi que l’exploitation du charbon. La mécanisation progresse, notamment dans la filature du coton. L’amélioration des voies de communication profite également à l’agriculture en facilitant la commercialisation des produits. Le machinisme agricole, quoique timidement, fait son apparition en même temps que l’usage plus fréquent des prairies artificielles et la culture intensive de la betterave dans le Nord et l’Est. Sous le règne de Louis-Philippe, un large débat d’idées, qui débouchera sur la révolution de 1 848 puis, plus tard, sur la Commune, a lieu dans une gauche effervescente avec Ledru-Rollin, Proudhon, Louis Blanc et Blanqui. Le Romantisme anime tous les domaines de la vie intellectuelle et artistique, avec les désarrois d’une jeunesse dorée (Lamartine, Hugo, Musset), mais aussi les travaux historiques d’Augustin Thierry et de Michelet. Un voyage au Maroc et en Algérie renouvelle l’inspiration de Delacroix, tandis qu’Ingres poursuit sa carrière. Déjà, Théophile Gautier formule la doctrine de l’art pour l’art. Avec Balzac et Stendhal, le goût du public se porte vers le roman, qui supplante peu à peu tous les autres genres littéraires, et vers le roman feuilleton, où excellent Dumas et Eugène Sue. Le pays va basculer dans l’ère industrielle qui verra naître d’autres sensibilités artistiques.

Le fils aîné du duc d'Orléans - surnommé Philippe Égalité après avoir voté la mort de Louis XVI - partage la mauvaise réputation de son père. Il affiche un temps ses sympathies pour la Révolution. Il passe ensuite du côté des troupes autrichiennes mais refuse de prendre les armes contre la France. Il entreprend alors de nombreux voyages. Il rentre à Paris dès 1814 et entame une cohabitation délicate avec Louis XVIII et Charles X. Suite à la révolution de juillet 1830, il se pose candidat au trône, ce qui représente une rupture dans le principe monarchique. Louis-Philippe Ier (et non Philippe VII, titre qui aurait témoigné d une continuité avec l’ancien régime monarchique) devient « roi des Français » (et non plus « roi de France ») et adhère au drapeau tricolore. Il gouverne conformément à la Charte rénovée qui reconnaît à la Chambre l’initiative des lois. Avec sa femme, il cultive l’image d’une famille vivant de manière plus bourgeoise que par le passé. En 1840, le pouvoir passe entre les mains de François Guizot qui prône une politique immobiliste. La dynastie des Orléans paraît solidement installée. Elle a remporté plusieurs succès diplomatiques. La fille Louise est devenue première reine des Belges et ses rencontres avec Victoria ont scellé l’entente cordiale. Le virage réactionnaire du gouvernement provoque un profond mécontentement à l’origine de barricades dans les rues de Paris. L’émeute tourne rapidement à la révolution et Louis-Philippe prend la fuite en abdiquant en faveur de son petit-fils. Mais à Paris, la deuxième République est déjà en marche. Meurtri, le souverain qui fut pourtant l’un des plus habiles de l’histoire de France a vécu ses dernières années en exil en Angleterre.




LOUIS-PHILIPPE Ier (Paris, 1773-Cla-remont, 1850). Roi des Français (1830-1848) sous la monarchie de Juillet. Ce fut sous son règne que triompha la grande bourgeoisie libérale à laquelle le système électoral censitaire réserva le droit de vote. Cependant, le refus du roi et des classes possédantes de toute réforme démocratique et sociale provoqua la révolution de Février 1848 qui balaya le régime et accula Louis-Philippe à l'émigration. Fils de Louis-Philippe d'Orléans (dit plus tard Philippe Égalité) et de Louise-Marie de Bourbon-Penthièvre, Louis-Philippe fut élevé par la maîtresse de son père, Mme de Genlis, qui lui donna, ainsi qu'à ses frères et soeurs, le sens de la vie pratique et une culture relativement poussée. Comme son père, il adhéra aux idées révolutionnaires, fut membre du Club des jacobins et participa aux batailles de Valmy et de Je-mappes sous les ordres de Kellermann puis de Dumouriez. Lorsque ce dernier passa à l'ennemi, Louis-Philippe s'exila à l'étranger. Tenu en suspicion par les émigrés et proscrit par la France révolutionnaire, il vécut modestement en Suisse et aux États-Unis. En 1800, il revint en Angleterre, se réconcilia avec les Bourbons, épousa en 1809 Marie-Amélie, fille du roi Ferdinand des Deux-Siciles, et vécut en Sicile (1810-1814) jusqu'à la Restauration. Rentré en France avec Louis XVIII, il fut tenu à l'écart de la cour et de la vie politique, et se consacra à l'éducation de ses enfants et à la gestion de ses biens. Il mena aux Tuileries une vie simple, le bourgeois parisien pouvant le rencontrer dans Paris, son « grand parapluie sentimental », comme disait le poète allemand Heine, sous le bras. Mais, en même temps, il courtisait discrètement l'opposition libérale. Lors de la révolution de 1830 qui chassa Charles X du trône, il apparut alors comme la solution idéale aux yeux de la bourgeoisie d'affaires (Casimir Perier, Jacques Laffitte) qui craignait l'instauration d'une République menaçante pour la paix. D'abord nommé lieutenant général du royaume (31 juillet 1830), après la révision de la Charte constitutionnelle, Louis-Philippe devint « roi des Français » sous le régime de la monarchie de Juillet. Après avoir gouverné avec des ministres libéraux (parti dû Mouvement), le roi s'appuya de plus en plus sur les conservateurs du parti de la Résistance. Ses prises de position au moment de la campagne des banquets organisée par les républicains provoquèrent la révolution de Février 1848. Après avoir abdiqué en faveur de son petit-fils, le comte de Paris, Louis-Philippe émigra en Angleterre où il mourut deux ans plus tard. Voir Guizot (François).

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