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Louis IV le Bavarois (1287-1347); roi allemand [1314-1328], empereur [1328-1347].

Louis IV le Bavarois (1287-1347); roi allemand [1314-1328], empereur [1328-1347]. L. est le fils de Louis II, prince-électeur du Palatinat et duc de Haute-Bavière, de la famille des Wittelsbach. Avec son cousin Frédéric le Beau, un Habsbourg, il reçoit à Vienne l'éducation d'un chevalier. En 1310, il hérite de la moitié nord-ouest de la Haute-Bavière. Les conflits pour la Basse-Bavière qui l'opposent à son frère, le comte palatin Rodolphe, et à d'autres parents, dont Frédéric de Habsbourg, conduisent à la bataille de Gammelsdorf (1313), qui vaut à L. une très grande réputation. Après la mort de l'empereur Henri VII (24 août 1313), et à l'instigation des archevêques de Mayence et de Trèves, il est élu pour lui succéder par cinq voix (20 oct. 1314) ; Frédéric de Habsbourg est élu parallèlement et devient antiroi sous le nom de Frédéric III. La double élection provoque de longues querelles, dont L. tire d'abord avantage avec la victoire remportée à Morgarten par les confédérés, qu'il soutient, sur le frère de Frédéric, Léopold Ier (1315). Il cherche à conserver son avantage en édictant la loi sur la paix de l'Empire (1316), mais les querelles se poursuivent. Le territoire propre de L. n'est pas considérable, car ce n'est qu'après l'extinction de la branche de Basse-Bavière des Wittelsbach (1340) qu'il réunira sous son autorité l'ensemble du duché de Bavière. En revanche, il réalise une acquisition importante au nord de l'Empire, lorsqu'après l'extinction de la dynastie des Ascaniens (1320) la marche de Brandebourg se libère et que son fils, Louis l'Aîné, réussit après de longs combats à obtenir le territoire et la dignité d'électeur : cette possession ne leur est définitivement assurée qu'en 1338. La décision de savoir qui, de L. et de Frédéric, doit être empereur est tranchée à la bataille de Mühldorf (28 sept. 1322) où le Habsbourg est vaincu et capturé. La victoire de Mühldorf, obtenue avec l'aide de Jean de Bohême, ne permet qu'une apparence de paix : Jean et les Luxembourg se sentent en effet trompés quand, à la suite d'un héritage réalisé par L. et les Wettin, ceux-ci réussissent à dégager la terre d'Empire d'Altenbourg qu'ils avaient donnée en gage à la Bohême, et floués quand les Wittelsbach mettent la main sur le Brandebourg. Dès 1323, Jean de Bohême se lance dans des négociations avec le roi de France et dresse un plan selon lequel lui-même ou le roi de France deviendrait empereur. Sur ce, éclate le premier conflit sérieux entre L. et la Curie pontificale d'Avignon : L. n'est toujours pas couronné empereur et le pape Jean XXII lui reproche de n'avoir pas sollicité l'approbation pontificale après son élection. L. en appelle à un futur concile, ce qui lui vaut d'être excommunié, sanction dont il ne pourra jamais se faire relever. Il ne fait rien du reste pour apaiser le conflit : il accuse en effet le pape d'hérésie, pour avoir condamné les Spirituels franciscains. Sa situation intérieure et extérieure devenant intenable, L. se réconcilie avec Frédéric de Habsbourg, qui est libéré et formellement reconnu comme co-roi. En 1327, L. entreprend une campagne en Italie. Le 17 janvier 1328, défi suprême au pape d'Avignon, il se fait couronner empereur par un représentant du gouvernement communal de Rome, Sciarra Colonna. À la Pentecôte, l'antipape Nicolas [V], élu peu auparavant par le peuple romain, renouvelle ce couronnement. L. est soutenu dans son combat contre la Curie et Jean XXII par les écrits de Marsile de Padoue ; mais la pacification de l'Italie centrale et septentrionale n'est pas facile, d'autant qu'après la mort de Frédéric III (1330), le roi doit rentrer en Allemagne. Un arrangement durable a lieu avec les Habsbourg. La position de L. se consolide ainsi ; pour leur plus grande part, les villes allemandes le soutiennent et les évêques, souvent mécontents de la Curie, ne se rallient pas à une opposition résolue à l'Empereur. En Italie, son rival Jean de Bohême suit son propre chemin. Jean XXII mort en 1334, L. ne se réconcilie pas davantage avec ses successeurs Benoît XII et Clément VI. Les princes-électeurs d'Empire, réunis à Rense en 1338, se mettent d'accord pour défendre les droits de l'Empire et leur propre droit électoral : ils déclarent que l'élection du roi par eux-mêmes, obtenue à l'unanimité ou à la majorité, suffit en soi et ne nécessite aucune confirmation du pape. La ferme attitude des princes-électeurs profite à L., mais sa politique extérieure, oscillant sans cesse entre l'Angleterre et la France, le conflit perdurant avec le pape, le mariage de son fils Louis avec Marguerite de Tyrol ternissent sa réputation morale et son autorité princière. Il réveille bientôt les craintes des princes allemands, quand, après l'épisode tyrolien, il défend brutalement ses droits héréditaires sur les pays du Rhin inférieur : à la mort du comte Guillaume de Hollande, son beau-frère (1345), L. saisit la Hollande, la Zélande, le Hainaut et la Frise au profit de la famille des Wittelsbach qui conservera ces comtés jusqu'en 1425. Il s'ensuit une querelle avec son beau-frère Edouard III d'Angleterre, qui avait aussi des droits à la succession. En 1346, le Luxembourg Charles IV est élu antiroi. Avant même que celui-ci prenne effectivement le pouvoir, L. meurt le 11 octobre 1347.

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