Lothaire III (mort en 1137)

Lothaire III (mort en 1137) ; roi de Germanie [1125-1137] et empereur [depuis 1133]. Lorsque l'empereur Henri V meurt sans enfant, son plus proche héritier est le duc Frédéric II de Souabe. Sans doute désavantagé par sa trop grande puissance, il se voit préférer, ainsi que Léopold d'Autriche, le duc de Saxe Lothaire de Supplinbourg. Appuyé à l'origine par des ecclésiastiques et surtout par l'archevêque Adalbert de Mayence, L. est élu le 30 août 1125, après des débats houleux dans une assemblée de quarante électeurs : dix pour chacun des «peuples» (Stämme), Souabes, Bavarois, Saxons et Franconiens ; il est couronné le 13 septembre à Aix. Âgé d'une cinquantaine d'années, il avait appartenu, depuis 1088 au moins, au parti de l'opposition princière et ecclésiastique ; il avait pris la suite des Billung en renforçant considérablement la puissance ducale en Saxe, s'assurant de la clientèle des Schauenburg de Holstein, des Ascaniens de Lusace, des Wettin de Misnie. Son règne commence par des difficultés : il est malheureux dans sa lutte contre Sobeslav de Bohême (1126) et doit très vite affronter l'hostilité des Staufen, combattus aussi par le nouveau duc de Bavière, le Welf Henri le Superbe, à qui il a donné la main de sa fille héritière Gertrude. La puissance des deux frères Staufen, Frédéric de Souabe (1147) et Conrad (futur Conrad III, qui est un moment antiroi, 1127-1134) ne peut jamais être abattue en dépit de leur tardive soumission. L. fait deux expéditions en Italie (1132-1133 et 1136-1137); au cours de la première, le pape Innocent II qu'il soutient contre Anaclet [II] sous l'influence de Norbert de Xanten (archevêque de Magdebourg depuis 1126), le couronne empereur avec son épouse Richenza au Latran, car L. n'a pu prendre Saint-Pierre (4 juin 1133). En Italie toutefois, il s'attache à restaurer les droits impériaux, revendique l'héritage de Mathilde de Canossa (il investit son gendre Henri du marquisat de Toscane) et s'oppose, sans grand effet, à Roger II de Sicile, ce qui l'incite à entretenir de bonnes relations avec la cour byzantine. Il meurt le 3 ou 4 décembre 1137 avant d'être enterré dans sa fondation de Königslutter de Brunswick. Sa gestion avisée du pouvoir royal va servir les Staufen qui lui succèdent.